A la place de trois Danses hongroises de Brahms, Andris Nelsons a choisi de donner la Passacaille de Peter Grimes de Britten. Le reste du programme ne bouge pas : Concerto pour violon de Widman, puis cocorico-La-Mer de Debussy et cocorico-La-Valse de Ravel

Vendredi 26 octobre à 20h, retour de l'invité le plus souvent invité ces dernières saisons par le Philharmonique de Berlin : Andris Nelsons, actuel directeur musical de l'Orchestre de Birmingham, donc l'un des successeurs de Rattle, lui-même big boss à Berlin. Le monde est petit, ma bonne dame !

Le programme initial prévoyait que le concert commençât avec trois Danses hongroises de Brahms, mais on nous propose à la place la Passacaille de Peter Grimes de Britten, ce qui n'est pas dommage (si vous voulez mon avis personnel ; mais personne n'ignore que je suis un Brittenolâtre). Pour mémoire, cette Passacaille introduit la seconde partie du deuxième acte, au cours duquel le jeune apprenti de Grimes - apprenti dont le rôle est d'autant plus tragique qu'il est muet - trouve accidentellement la mort, dans des circonstances légèrement troubles. Avec un peu de mauvaise foi pataphysicopsychologique, on peut imaginer que la Passacaille représente l'inflexibilité de Grimes qui chante d'ailleurs son grand solo dans la foulée, son inflexibilité butée et bornée (quoi de plus inflexible que la basse d'une passacaille !), mais aussi sa nostalgie des autres apprentis, tous morts dans des accidents pas vraiment clairs. Fin de la parenthèse-à-deux-sous.

Suit le concerto pour violon de Jörg Widman (* 1972), créé en 2007 par le même soliste que pour le présent concert, Christian Tetzlaff. Curiosité architecturale, le concerto commence et s'achève par un ample solo de violon, sans aucun accompagnement orchestral. Les séquences avec orchestre restent cantonnées dans des couleurs sombres, pour une musique d'une profonde émotion lyrique - bien que puissamment moderne, la nouvelle avant-garde semble largement avoir rompu avec l'ancienne avant-garde qui, elle, avait radicalement rompu avec toute l'Histoire de la musique hormis les dogmes sérialistes...

Une Valse à La Mer, avec grand pardon à Maurice Denis

Enfin, deux grands tubes de la musique française : La Mer de Debussy et, pour finir, La Valse de Ravel. Ce répertoire n'est pas toujours le fort du Philharmonique de Berlin, mais cela dépend surtout du chef qui officie. Sans aucun doute la vigueur juvénile de Nelsons saura-t-elle insuffler aux musiciens une conception dégraissée, un peu comme l'a fait si magistralement Yannick Nézet-Seguin à la tête de ce même orchestre dans Berlioz et Ravel (Nézet-Seguin que vous pouvez retrouver dans les archives de la Salle de concerts numérique).

Savourez ce concert en direct et en streaming HD le vendredi 26 octobre 2012 à 20h dans la Salle de concerts numérique du Philharmonique de Berlin, et tant que vous y êtes, profitez-en pour revoir l'un ou l'autre des 169 concerts archivés de ce stupéfiant site d'Internet qui n'a pas fini de vous réserver des surprises.

La saison complète 2012-2013 du Philharmonique de Berlin, sujette à d'éventuelles petites modifications dont nous vous tiendrons informés au jour le jour.

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Britten, Passacaglia, op. 33b