Lorsqu'un fabricant spécialisé dans le matériel pour les studios professionnels se lance dans la conception de matériel Hi-Fi, il le fait avec la même rigueur et n'accepte pas la moindre concession. C'est la cas pour Antelope, dont le convertisseur numérique analogique Zodiac, sous un aspect somme toute assez "carré", embarque une technologie de pointe entièrement mise au service de la musique.

A l’occasion du Salon de la Hi-Fi et du Home Cinéma édition 2011, nous avons découvert la marque Antelope, sans doute autant attiré par le nom de ce gracieux animal que la marque a choisi comme logo que par l'aspect de l'appareil !

Il est en effet plus courant dans le monde la Hi-Fi de choisir des noms à consonance très technique ou évoquant la qualité sonore. Cette antilope bondissant se voudrait-elle le symbole d'un bond technologique ?

Toujours est-il que cette société, située en Bulgarie et qui a été fondée en 2003 par Igor Levin, créateur de nombreuses innovations dans le domaine de l’audio numérique et en particulier de «l’horloge maître» Aardsync 2 (une horloge maître sert à synchroniser plusieurs appareils numériques entre eux), s’est fait un nom légendaire dans les studios professionnels.

Pour situer le niveau technologique de cette société, Antelope propose cinq horloges maître de précision dont le modèle Isochrone 10M, dont l’oscillateur atomique ultra précis dévie tout juste d'une seconde par millénaire, ce qui est 100.000 fois mieux que les oscillateurs à quartz utilisés dans la plupart des équipements …

Parallèlement à ces appareils de course destinés aux studios, Antelope propose une gamme de trois convertisseurs numérique analogique, dont l’alimentation d’origine peut être remplacée par l’alimentation optionnelle Voltikus destinée aux audiophiles les plus exigeants. Cette gamme d’appareils, qui a été baptisée Integrity Line, bénéficie donc de du savoir faire expert de la marque.

Ces convertisseurs numérique analogique sont au nombre de trois, le Zodiac, objet de ce test, le Zodiac+, ces deux modèles traitant les signaux numériques audio jusqu’à 24 bit à 192 kHz, et le Zodiac Gold, un modèle de luxe capable de prendre en charge les signaux jusqu'à 24 bit à 384 kHz et doté d’une télécommande.

Une présentation sobre et fonctionnelle

Le convertisseur Zodiac a opté pour une forme quasiment cubique, sobre et fonctionnelle. Sa réalisation fait appel à un coffret monobloc en aluminium sur lequel prend place une façade en aluminium massif usiné et sans fixations apparentes. La façade est en fait maintenue par des entretoises internes sur lesquelles se visse le fond, les cartes internes étant également fixées sur la façade et le fond et insérées dans des rainures internes du boîtier, l’ensemble devenant alors solidaire et rigide.

N’étant pas doté de télécommande, le Zodiac peut être entièrement contrôlé depuis sa façade. Celle-ci comporte, dans sa partie inférieure, le bouton de mise en marche, le sélecteur de source et deux prises casque au standard Jack 6,35mm.

Un large témoin rouge reste légèrement illuminé en mode «stand by» et passe à pleine luminosité en fonctionnement en même temps que l’afficheur situé dans la partie supérieure est mis en service.

Cet afficheur indique le niveau de sortie lorsque l’on tourne le gros bouton de volume qui agit sur les sorties audio stéréo. Il indique également la source lorsque l’on agit sur le sélecteur (les sources ne sont détectées qu’en présence d’un signal) et repasse automatiquement en mode d’indication de la fréquence d’échantillonnage ensuite. Une petite LED bleue située à gauche du bouton de volume clignote dès la mise sous tension et reste fixe en présence d’un signal. Le petit bouton de volume agit uniquement sur les sorties casque.

Une connectique riche

L’alimentation du Zodiac se fait par un petit bloc secteur style chargeur de PC portable. Le propriétaire pourra éventuellement acquérir l’alimentation optionnelle Voltikus offrant des performances plus élevées.

Le Zodiac peut être reliée à cinq sources numériques, deux par liaison numérique coaxiale, deux par liaison numérique optique, et une par liaison USB (connecteur de type Mini B comme celui des cordons pour mini disque dur externe).

Cette entrée USB possède deux options de fonctionnement, UF1 (USB Full Speed Mode, 12 Mbits, 96 kHz max en fréquence d’échantillonnage) pour une compatibilité avec la plupart des drivers audio, et UH1 (USB High Speed Mode, 480 Mbits) acceptant un échantillonnage de 192 kHz avec les drivers natifs de la plupart des systèmes d’exploitation. Cette entrée est également compatible avec Mac OS X et Linux.

Les sorties audio sont à niveau variable, le Zodiac peut donc être utilisé seul et fait alors office de préamplificateur. Le signal est disponible sur des sorties Cinch en mode «asymétrique» (mode de liaison standard) ou en mode «symétrique» sur sorties XLR (standard professionnel permettant une plus grande immunité aux parasites qui est également utilisé en Hi-Fi Haut de Gamme).

Un intérieur à deux étages

L’électronique du Zodiac prend place sur deux cartes superposées et reliées entre elles par un connecteur multipoint rigide et trois entretoises en plastique. Les cartes offrent une belle densité de composants, ce qui montre bien la rigueur et le grand professionnalisme d'Antelope pour la conception d'un appareil et que le traitement du signal se fera avec beaucoup de "High Tech". La qualité de fabrication est excellente.

La carte inférieure comprend la partie gestion assurée par un microcontrôleur Atmel dont la température du quartz est maintenue constante pour assurer sa stabilité. Il est assisté d’un circuit programmé Lattice comprenant le programme et les algorithmes développés par Antelope pour obtenir une horloge de précision «Acoustically Focused Clocking» (AFC) et l’élimination de la «gigue» (jitter). Cette horloge est la même que celle qui équipe la gamme professionnelle Trinity. Les calculs internes sont effectués sur 64 bit.

On y trouve également les entrées numériques coaxiales et optiques et l’entrée USB avec leurs circuits associés. Le réputé convertisseur numérique analogique PCM1792 Burr-Brown (24 bit à 192 kHz) a également élu domicile sur cette carte, non loin des deux prises casque à côté desquelles on remarque également le connecteur multipoint assurant les liaisons électriques entre les deux cartes.

On trouve sur la carte supérieure l’alimentation, qui fait usage de nombreux régulateurs assistés par des condensateurs chimiques faisant office de réservoirs d’énergie. Notons que les alimentations numérique et analogique sont totalement indépendantes.

Le filtrage des signaux issus du convertisseur PCM1792 est confiés à des amplificateurs opérationnels à très faibles bruit et distorsion LME49725 de National Semiconductor (repérés flèches vertes), plus performants que les classiques NE5532. Les signaux sont commutés sur les sorties via des relais de grande qualité.

Antelope utilise pour alimenter les sorties casque, non pas des amplificateurs, mais des «buffer» (tampon) LME49600 de National Semiconductor.

D’un point de vue technique, ce choix s’explique par le fait que l’amplitude des signaux en sortie des filtres étant suffisante, il suffit d’ajouter un étage capable de fournir du courant pour fabriquer un «petit» amplificateur de puissance. D’autre part, ces tampons ne comportant qu’un nombre réduit de composants (dont des transistors de puissance), la qualité sonore s’en ressent d’autant plus positivement !

Utilisation et écoute du convertisseur Zodiac

Lors du premier branchement du Zodiac sur un PC, celui-ci va être détecté et installé automatiquement et, normalement, se substituer à la carte son d’origine. Si ce n’est pas le cas, il faut aller dans la partie son et périphériques du panneau de configuration de Windows et déclarer le Zodiac comme carte son par défaut.

Antelope propose également un petit utilitaire (Zodiac DAC Control Panel for Windows) qui reproduit la face avant du Zodiac sur l'écran de l'ordinateur et permet de contrôler certaines fonctions (marche/arrêt, sélection de source), utilitaire qui existe aussi pour Mac (Zodiac DAC Control Panel for Mac) et pour Linux (Zodiac DAC Control Panel for Linux).

Ces utilitaires, ainsi que les supports d’utilisation avec les différents systèmes d’exploitation existants sont disponibles sur cette page Internet du site Antelope.

Cependant, au fur et à mesure que nous testons des convertisseurs autonomes, se pose pour nous la question de savoir avec quel «media player» (lecteur logiciel) nous allons réaliser nos tests puisqu’il nous est paru évident lors du précédent (et premier) test consacré à ce type d’appareil, que le lecteur logiciel influait sur le résultat sonore (sujet dont débattent d'ailleurs de nombreux internautes sur les forums consacrés à la Haute Fidélité).

Et puisque certains lecteurs logiciels ont également leur «sonorité», nous avons donc cherché sur Internet s’il en existait qui restaient «neutres» permettant ainsi d’évaluer la «personnalité sonore» du convertisseur raccordé à l’ordinateur. Nous avons porté notre choix sur

Nous avons donc procédé à nos écoutes avec ce lecteur logiciel et aussi en entrée numérique optique en liaison avec un lecteur de DVD-Audio, pour apprécier la qualité du Zodiac en liaison S/PDIF. Grâce à son volume réglable, le Zodiac a été directement relié aux enceintes actives (comportant leurs amplificateurs) de l’auteur de ces lignes, on ne pouvait donc pas faire plus simple comme liaison !

Pour tout dire, l’Antelope Zodiac ne renie pas ses origines, à savoir que ses concepteurs ont toujours œuvré pour les professionnels du son, car le rendu sonore de ce convertisseur nous a paru particulièrement fidèle aux messages sonores que nous lui avons demandé de reproduire, ce qui est la qualité première pour les professionnels et aussi pour certains amateurs.

En liaison USB et avec le lecteur foobar2000, la restitution de fichiers audio en qualité CD ne souffre aucune critique, que ce soit sur de la musique moderne ou de la musique classique, le Zodiac se met au service de celle-ci avec la plus grande des convictions. Les mélodies suaves de l’album Size des Bee Gees transportent par leur intense chaleur, tandis que toutes les subtilités et la richesse de la Fantasia on British Sea Songs de Sir Henry Wood sont restituées avec bonheur.

L'écoute de fichiers en Haute Définition nous a permis de voir l’afficheur indiquer 96 (kHz) et d’apprécier le gain en dynamique, en espace sonore et en naturel au niveau de la restitution sonore, mais le Zodiac est allé encore plus loin sur ces paramètres lorsque nous lui avons fait reproduire un fichier audio en 24 bit à 192 kHz. Nous avions vraiment l’impression d’y être tant l’aération, l’aisance à suivre la dynamique et le sentiment de naturel prédominaient, comme si la restitution s’était libérée du cadre des enceintes acoustiques.

Les impressions sonores furent aussi excellentes à l’écoute d’extraits de La Symphonie Alpestre de Richard Strauss à partir d’un lecteur de DVD-Audio avec là encore une excellente sensation d’aisance, de naturel et d’aération.

L’écoute sur la sortie casque nous adonné également de grandes satisfactions auditives et nous a semblé elle aussi bénéficier d’une excellente fidélité.

Le convertisseur Zodiac d’Antelope ravira les amateurs qui aiment les restitutions fidèles et ne veulent pas perdre le moindre frémissement de leurs musiques préférées grâce à son grand respect pour les enregistrements. Son excellente qualité de fabrication et ses origines dans le monde professionnel expliquent un tarif qui peut paraître élevé, la qualité (et aussi la fiabilité) a un prix, comme on dit !

Spécifications, Manuel d'utilisation