Le Festival d'Ambronay (10 septembre au 3 octobre 2010) est l'un des réels temples de la musique baroque en Europe, comme l'atteste d'abord sa programmation, de qualité mais aussi incroyablement créative et le fruit de grandes prises de risques ; en effet, les événements des premier et troisième week-end sont des redécouvertes de compositeurs complètement inconnus (Falvetti et Durón, respectivement) et dont le succès est encore complètement à faire.

Fondé en 1979 par Alain Brunet qui en demeure le directeur général, le festival est, d'un événement confidentiel, devenu un pôle majeur de recréations et d'innovations. Il n'y a qu'à voir comment, autour de l'Abbatiale, s'est constitué un campus de pratique de musique baroque. Au fil des rachats de propriétés privées par le Conseil Général pour élargir le complexe, de la création d'un Centre Commun de Recherche, ou de la fondation, il y a cinq ans, du label Ambronay Editions (label dont les disques font régulièrement l'apanage de la critique), le festival lui-même n'est désormais que la pointe de l'iceberg.

L'objectif actuel est de favoriser l'émergence de nouvelles générations d'instrumentistes en augmentant la capacité d'hébergement des stagiaires et musiciens en formation. Dans cette démarche s'inscrit la poursuite du développement de l'Académie Baroque Européenne d'Ambronay — au travers, par exemple, de la transformation en chambres des anciens bâtiments jusqu'ici inutilisés (portant ainsi à plus de 8000 m2 l'étendue du plancher) —, pour accentuer encore l'unité de lieu et faire de ce centre un réel incubateur où puissent vivre et travailler un temps de jeunes artistes. Cette année ont été amorcées les Résidences de Jeunes Ensembles, donnant la possibilité à des ensembles naissants de recevoir l'aide expérimentée du centre d'Ambronay (voir le disque de l'ensemble Les Ombres pour un aperçu du résultat).

Mais à l'affiche, bien entendu, sont au rendez-vous des grands noms : Les Arts Florissants (sous Paul Agnew), Gabriel Garrido, Manfredo Kraemer, Paul O'Dette, Hopkinson Smith, Skip Sempé, Ton Koopman, pour n'en citer que quelques uns.

Pour sa 31e édition, qui se tient du 10 septembre au 3 octobre 2010, la thématique choisie est celle de différentes facettes de la Méditérannée : échanges et musique entre Italie du Sud, Sardaigne, Sicile, Corse, Espagne, Afrique du Nord, Turquie, ... Les clefs de voute de cette programmation sont notamment Il Diluvio Universale de Falvetti (Alarcón) et La Guerra de los Gigantes de Durón (Garrido), tout deux révélant la musique de régions, la Sicile et l'Espagne, dont le patrimoine en musique baroque est fort mal connu de nos jours.

Cette 31e édition continue aussi à tenter de désenclaver le baroque, en proposant un certain nombre d'événements plus immédiatement accessibles, tels ceux portant sur la musique du monde (Officina Zoé, ce premier week-end, notamment) ou des concerts gratuits en plein-air par des artistes locaux ; auxquels s'ajoutent les spectacles sous le Chapiteau, vifs en couleurs, qui s'adressent à toute la famille (la Zingara des Paladins, avec son costume d'ours en fourrure...).

Enfin, Ambronay est aussi en partie le fruit de son public, dévoué et passionné. Ce dernier, qui aura eu le courage d'accéder à Ambronay (un lieu isolé s'il en est puisqu'à proprement parler inaccessible sans voiture), est de ceux qui réservent aux Vêpres recréées de Monteverdi (concert du 10 septembre) une ovation de plus d'un quart d'heure ! Cet incroyable enthousiasme, électrisant, nourrit les interprètes et participe à donner au festival son aura durablement mémorable.

Il ne reste plus guère qu'à savourer les week-ends restants !

Site du Festival d'Ambronay

Écoutez notre rencontre-podcast avec Alain Brunet, directeur du Centre Culturel de Rencontre d'Ambronay.