Bellérophon de Jean-Baptiste Lully a été monté par Christophe Rousset et son ensemble les Talens Lyriques en juillet 2010 pour le Festival de Beaune puis fin décembre à la Cité de la Musique et à l’Opéra Royal de Versailles. Suite à ces concerts, un album a été enregistré, et bien que sa sortie ne soit prévue que pour février 2011, il est en exclusivité dès le 25 janvier sur Qobuz !
Bellérophon restait la dernière tragédie lyrique de Lully à n'avoir pas été jouée lors de la redécouverte contemporaine du baroque. Christophe Rousset ouvre donc la voie avec cette production. Sur scène comme pour cet album, il s’est entouré des chanteurs les plus en vogue aujourd'hui dont Ingrid Perruche pour interpréter Sténobée et Amazone, Celiné Scheen pour le rôle de Philonoé et Napée, Robert Getchelle qui est Bacchus, La Pythie et le Dieu des bois, Evgueniy Alexiev est Jobate et Pan, Jennifer Borghi joue Argie et Jean Teitgen, Amisodar.
Pour connaître le mythe de Bellérophon, il faut se reporter au sixième chant de l’Iliade d’Homère. Déçue d’avoir été éconduite, Sténobée, l’épouse du roi Proétos, l’accuse d’avoir voulu la séduire. Et le roi l’envoie dès lors exécuter des tâches impossibles qui, pense-t-il, le conduiront à la mort. Chaque fois, Bellérophon revient vivant ; il réussira même à tuer la Chimère, en chevauchant son cheval ailé, Pégase. Tous ces exploits lui vaudront la main de Philonoé et l’héritage du royaume de Jobate.
Quand l’opéra est commandé à Lully, son librettiste, Quinault, est en exile à cause du livret de l’opéra Isis, relatant l'amour de Jupiter pour la nymphe Io, torturée par une Junon jalouse et vindicatrice. L'allusion probable et inélégante à la vie de la cour - Louis XIV tenait alors une maitresse, Mlle de Lubre - fait enrager Mme de Montespan, et le musicien et ses associés sont compromis. Pour pallier l’absence de Quinault, le compositeur va demander à Thomas Corneille de rédiger le livret de Bellérophon. L’œuvre créée non sans mal en 1679, est reçue triomphalement. Le succès avait été au rendez-vous pour Christophe Rousset sur scène, l’enregistrement prévoit également d’être une réussite.
Rousset a déjà enregistré deux opéras de Lully, Persée et Rolland, mais aussi des opéras de Haendel, Riccardo Primo et Scipione, et de Gluck, Philémon et Baucis. Travailleur méticuleux, amoureux de la voix et de l’opéra, Rousset est aussi un chercheur, inlassable découvreur de partitions inédites : Antigona de Traetta, La Capricciosa Corretta de Martin y Soler, Armida Abbandonata de Jommelli, La Grotta di Trofonio de Salieri, Temistocle, de Jean-Chrétien Bach. Avec l’œuvre de Lully, il redécouvre un chef d’œuvre oublié.