D’après l’AFP, une partition trouvée sur une tablette cunéiforme datant du deuxième millénaire avant notre ère a inspiré un pianiste syrien qui veut prouver que le système de notation musicale existait bien avant son apparition en Occident autour du XIe siècle.

« La notation inscrite sur cette tablette, quoique différente des notations actuelles, prouve l'existence à l'époque d'une théorie de la musique », affirme à l'AFP Malek Jandali, 38 ans, qui vient de terminer une tournée au Moyen-Orient.

« Quand je me suis inspiré de cette notation pour composer le morceau de musique Echoes From Ugarit qui porte le nom de mon album, je voulais mettre en lumière cette vérité historique », ajoute le compositeur, assurant que sa théorie est validée par les travaux d'archéologues et de musicologues, comme l'Américaine Anne Kilmer.

La tablette a été découverte en 1948 à Ugarit, sur la côte nord-ouest de la Syrie, par une mission archéologique française. Les transcriptions représentent le texte d'un hymne religieux en langue hurri adressé à une déesse par une femme pour avoir des enfants. Le texte, qui remonte à l'âge de Bronze moderne, est suivi de deux lignes parallèles qui le séparent des symboles musicaux. « Ainsi la tablette résume la musicologie: paroles, musique, notations et consignes afin d'accorder l'instrument de musique (lyre) pour lequel la musique a été composée », poursuit Jandali.

Plusieurs autres tablettes expliquant la manière de décrypter ces symboles, ont été également découvertes à Ugarit, ajoute le pianiste, qui s'est basé sur les précédents travaux de musicologues. « Des tentatives ont été menées pour décrypter cette tablette donnant lieu à plusieurs hypothèses. Certains musicologues ont interprété ces symboles comme une mélodie et une note musicale, d'autres comme des pauses ou des rythmes », souligne le compositeur.

Malek Jandali a réuni toutes ces analyses, les a étudiées pendant quatre ans et a conclu que chaque tentative de décryptage engendrait une mélodie différente. Il a rassemblé les points communs de toutes ces hypothèses et a appliqué la notation originale au piano. A la fin du morceau, il a utilisé une harpe pour mettre en valeur la lyre et raconter une histoire « ugaritique ». A l'époque d'Ugarit, « les musiciens ne se contentaient pas de jouer des instruments de musique mais ils avaient mis en place la théorie musicale, applicables à tous les genres », raconte le compositeur syrien appelant à « se servir de ces sciences pour noter le rythme dans les Maqams (systèmes musicaux traditionnels) orientaux ».

Né en Allemagne en 1972, Malek Jandali a étudié la musique en Syrie et aux Etats-Unis. Il a enregistré son album avec l'Orchestre Philharmonique Russe.

Le site de Malek Jandali