Star de toutes les stars, sacré Roi de la Pop, véritable ovni de la musique populaire, Michael Joseph Jackson succombait à une crise cardiaque à l’âge de 50 ans le 25 juin 2009, il y a tout juste un an…

Comme sa vie, presqu’improbable, la mort de Michael Jackson le 25 juin 2009, à quelques jours d’un comeback sur scène entouré d’incertitudes, s’avéra aussi inattendue qu’inévitable… Au fond, Bambi n’était pas l’artiste d’un genre mais plutôt un genre à lui seul. Un peu pop, un peu soul, un peu rock, un peu funk, il était le véritable cliché d’un Jekyll & Hyde, talentueux showman côté pile et homme incarcéré dans les démons d’une solitude et d’un mal être implacable côté face…

L’année qui s’est écoulée fut aussi étrange que sa mort inattendue… En plein marasme économique, l’industrie du disque (Sony en tête) retrouvait un embryon de sourire avec des ventes d’opus de Bambi astronomique. Astronomique comme la gestion de l’après. Parc d’attraction, événements hommage et tout récemment jeu vidéo, le nom de Michael Jackson, déjà beau concerto en ut dollars de son vivant s’est transformé en une maousse symphonie de tiroirs-caisses. Jusqu’à l’écœurement ? La formule 100% cliché s’impose alors : heureusement, il reste la musique…

Michael fut d’abord Little Michael, septième enfant de la famille Jackson qui en comptera neuf, né à Gary, dans la banlieue industrielle de Chicago, le 29 août 1958. Entre une mère, témoin de Jehova convaincue, et un père musicien de seconde zone, véritable tyran domestique faisant régner à la maison une dictature faite d’insultes, de coups, de réprimandes et d’autorité démesurée. Avec ses frères, Michael qui n’a pas dix ans se produit dans la région, le buzz grondant arrivant rapidement aux oreilles de Berry Gordy, fondateur et cerveau du mythique label Motown.

Les Jackson 5 entrent dans la prestigieuse écurie soul de Detroit en 1968 et s’envolent rapidement aux sommets de charts. Michael Jackson devient LA coqueluche du public : voix totalement maîtrisée, sens du rythme époustouflant, danseurs hors paire, l’entertainment est déjà dans l’ADN d’un Michael qui trouve sans doute dans cet impressionnant succès précoce l’échappatoire aux mauvais traitements paternels.

I Want You Back, ABC, The Love You Save, I'll Be There, les tubes s’enchainent et la Motown lance même parallèlement la carrière solo du future Roi de la Pop en publiant son premier disque personnel en 1972, Got To Be There. Merchandising, dessin-animé, show télévisé, le nom Jackson se conjugue déjà avec celui de dollars…

Une bataille juridique entre le père des enfants Jackson et le boss de Motown amène le jeune groupe à quitter l’écurie de Detroit pour signer chez Epic. C’est sur ce label que Michael sort Off The Wall, son premier chef d’œuvre, en août 1979. Avec ce disque, à seulement 20 ans, le chanteur lance ici sa seconde vie ! Michael Jackson n’est plus l’enfant prodige de la Motown encadré par ses frères.

Cet opus, visionnaire au possible, démontre tous les potentiels du futur Roi de la Pop. Ecriture exemplaire, souplesse vocale, maîtrise des sons, Off The Wall est aussi un traité d’éclectisme précurseur dans la diversité des styles abordés (funk, disco, pop, rock…). Sa production possède même une chaleur supérieure à Thriller qui suivra trois ans plus tard. Entre les mains de Bambi et de Quincy Jones, ce funk torride, cette soul de dancefloor, ce disco champagne et cette pop vaporeuse fusionnent d’un bout à l’autre de cet album précurseur.

Evidemment, s’il ne fallait en garder qu’un, beaucoup hurleraient en chœur : Thriller ! Michael Jackson fait à nouveau équipe avec Quincy Jones pour ce qui deviendra l’album le plus vendu de tous les temps ! L’ère est à l’apogée de MTV et Bambi rêve aussi bien de toucher les fans de funk que de rock et de pop. Véritable superproduction, le feu d’artifice de groove est total et les compositions tubesques à souhait : Billie Jean, The Girl Is Mine (où il s’offre un duo avec Paul McCartney), Thriller ou Beat It, Michael excelle à dompter ce funk rock emblématique des 80’s. A l’assouplir quand il le faut. Ou l’enflammer si nécessaire. Dans tous ses excès, Thriller, qui sort le 30 novembre 1982, touche au génie.

Cinq ans plus tard, la problématique est simple : comment faire mieux que Thriller ? Et si le pari était sans doute impossible, le tandem Michael/Quincy réussit à poursuivre et même développer ses expériences de fusion entre soul, funk, pop et rock. Le Bad d’ouverture, survitaminé, rappelle au public qui est le patron avant que des ballades sensuelles, des pop songs emballées dans de l’electro-funk classieux ou des orgies de synthés 100% eighties viennent faire de ce disque la suite quasi sans faute de Thriller. Au point que certains fans hardcore de Bambi préfèreront, avec le temps, cet album à son mythique prédécesseur…

Certes il y aura Dangerous en 1991 et Invincible en 2001… Certes il y aura les quinze dernières de sa vie ponctuées par des accusations de pédophilie, un mariage ubuesque avec la fille d’un autre King, Lisa Marie Presley, cette vie solitaire dans Neverland, ce Disneyland miniature de 1400 hectares, un ranch acheté en 1988 et transformé en immense parc d'attractions pour y recevoir ses invités et des enfants malades ou nécessiteux. Le ranch tire d'ailleurs son nom de Neverland, le pays imaginaire de Peter Pan où les enfants ne grandissent jamais… Michael Jackson ne grandira plus lui non plus, emportant au ciel avec lui, à seulement cinquante ans, son mystère, ses contradictions, son mal de vivre et aussi son génie…

Michael Jackson dans Thriller :