L'Opéra-Comique proteste contre la clause d'exclusivité que le futur directeur de l'Opéra de Paris, Nicolas Joel, impose aux chanteurs qu'il engage. Selon l’AFP, la Salle Favart juge cette mesure d'autant plus infondée qu'elle concerne deux établissements publics.
Cette exclusivité interdit aux chanteurs engagés à l'Opéra Bastille ou au Palais Garnier d'accepter des productions scéniques dans d'autres théâtres lyriques parisiens, par exemple à l'Opéra-Comique.
« Une trentaine de chanteurs que l'on avait prévu d'engager pour les prochaines saisons sont bloqués au motif d'une exclusivité qui n'est pas fondée », a déclaré à l'AFP le directeur de l'Opéra-Comique, Jérôme Deschamps, citant notamment les noms du baryton Vincent Le Texier et des sopranos Natalie Dessay et Mireille Delunsch.
La pratique de l'exclusivité permet d'éviter qu'un artiste se produise dans plusieurs salles d'une ville, au cours d'une même saison et dans des répertoires proches, au risque de mettre en péril la fréquentation de ces lieux.
« Dans le cas qui nous préoccupe, un artiste qui chante trois phrases à l'Opéra de Paris ne peut pas chanter ailleurs (dans la capitale). Comme si ça pouvait influer sur le remplissage de l'Opéra... », a déploré le directeur adjoint de l'Opéra-Comique, Olivier Mantei.
« Ce qu'on peut regretter, c'est que ça fait monter le prix des chanteurs au détriment de deux établissements publics, et donc du contribuable », a-t-il ajouté en évoquant le combat de « David contre Goliath », la subvention annuelle de l'Opéra de Paris (environ 100 millions d'euros) étant dix fois supérieure à celle de l'Opéra-Comique (10 millions d’euros). Interrogé par l'AFP, Nicolas Joel, qui succédera à Gerard Mortier le 1er août à la direction de l'Opéra de Paris, a estimé qu'il n'y avait « aucun début de polémique à faire à ce sujet », parlant de la « normale administration d'un théâtre lyrique. Cette clause d'exclusivité a toujours existé dans les contrats de l'Opéra de Paris. Ensuite, on l'applique ou on ne l'applique pas », a-t-il affirmé.
« Moi je pense que le public doit pouvoir associer des artistes à une maison », a fait valoir Nicolas Joel. « A New York, si vous chantez au Met, vous ne pouvez pas le faire au City Opera ».