Chaque lundi, QIBUZ soulève les cartes et interroge l’actualité musicale. Indiscrétions et confidences, décryptages et relectures, révélations et révolution : voici la rubrique coquine de Qobuz.com. la vérité est toujours bonne à lire !

50 millions d’oreilles pour le Concert du Nouvel An

Le Concert du Nouvel An de l'Orchestre Philharmonique de Vienne, l'événement musical le plus médiatisé au monde, retransmis à la télévision dans plus de 70 pays, a été l'occasion d'un triomphe samedi 1er janvier, pour le chef d'orchestre autrichien Franz Welser-Möst. Dans la magnifique salle du Musikverein à Vienne, décorée pour la 30e année d'affilée par des milliers de fleurs venues de la ville italienne de San Remo, cet événement, traditionnellement consacré à la valse viennoise et aux compositeurs de la famille Strauss, a été suivi, selon l’AFP par près de 50 millions de téléspectateurs, de l'Albanie à l'Uruguay en passant par l'Australie, la Chine, l'Inde, le Japon, les Etats-Unis, la Russie, entre autres. Diffusé en haute définition et sur internet via l'un des sites de la télévision publique autrichienne, il s'agissait de la 71e édition d'un concert dont l'origine remonte en 1939, aux heures noires de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie. Pour Franz Welser-Möst, c'était le couronnement d'une année fertile en succès avec sa nomination comme Directeur général de la musique à l'Opéra de Vienne, sa direction des Wiener Philharmoniker au Festival de Salzbourg en 2009 et lors de la deuxième plus importante manifestation de cette prestigieuse phalange, le concert nocturne d'été au Palais impérial de Schönbrunn, à Vienne. Welser-Möst était ainsi le quinzième chef et le sixième Autrichien à tenir la baguette dans le club très fermé du Neujahrskonzert : il a rejoint les Autrichiens Josef Krips, Willy Boskovsky, «roi» de la valse viennoise, Herbert von Karajan, Carlos Kleiber et Nikolaus Harnoncourt, l'Allemand Clemens Krauss, l'Américain Lorin Maazel, les Italiens Claudio Abbado et Riccardo Muti, l'Indien Zubin Mehta, le Japonais Seiji Ozawa, le Finlandais Mariss Jansons, le Français Georges Prêtre et l'Israélo-Argentin Daniel Barenboim. Le 1er janvier 2012, le Letton Mariss Jansons lui succédera, pour la seconde fois après 2006. Côté musique, une des nouveautés de l'édition 2011 a été l'hommage rendu à Franz Liszt, dont on fêtera en 2011 le 200e anniversaire de la naissance, avec sa Valse de Méphisto n°1. Mais, le clou du spectacle a été, comme toujours, avec le public battant la mesure en cadence, le bis final martelé avec La Marche de Radetzky de Johann Strauss père. Côté ballet, c'est l'ancien danseur-étoile de l'Opéra de Paris Jean-Guillaume Bart, qui a signé pour la première fois la chorégraphie, les costumes étant l'œuvre du Sud-Africain Johan Engels, présent, lui, pour la cinquième fois. Un événement à déguster sur Qobuz dès maintenant.

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Les grandes tournées en baisse

Les grandes tournées musicales de 2010 ont rapporté moins d'argent qu'en 2009, rapporte le magazine spécialisé Pollstar. Les cinquante tournées les plus populaires, par des artistes comme U2 ou Lady Gaga, ont engrangé 2,93 milliards de dollars au niveau mondial (2,2 milliards d'euros), en baisse de 12% par rapport à 2009. Le nombre de billets achetés pour ces tournées (38,3 millions dans le monde) a diminué de 15% par rapport à l'année précédente. Les artistes et les organisateurs de concerts comme Live Nation Entertainment ont en partie rattrapé le manque à gagner par une hausse de 4% du prix des billets. La tournée ayant engrangé cette année les plus grosses recettes est celle de Bon Jovi, dont les 80 concerts ont généré 200 millions de dollars ! Parmi les autres grands succès figurent les tournées de l'ex-Pink Floyd Roger Waters, d'AC/DC, de Metallica, de Paul McCartney et des Eagles.

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Naissance de l’Orchestre National de Palestine

L'Orchestre National de Palestine (ONP), le premier ensemble de musiciens professionnels classiques d'origine palestinienne depuis la "Nakba" (catastrophe) de 1948, a fait ses débuts ce week-end, à Ramallah, Jérusalem et même en Israël, dimanche soir à Haïfa, rapporte l’AFP. Composé de 44 musiciens palestiniens et internationaux, l’ONP a joué sa toute première série de concerts vendredi à Ramallah, en Cisjordanie, puis samedi au palais de l'Alhambra à Jérusalem, et enfin dimanche à Haïfa en Israël, où vit une importante communauté arabe israélienne. « Nous sommes enthousiasmés par le lancement de cet orchestre. C'est le rêve de toute une vie et nous avons travaillé de nombreuses années pour le réaliser », a déclaré à l'AFP Suhail Khoury, promoteur du projet et directeur du Conservatoire national de musique Edward Saïd (du nom d'un intellectuel, essayiste et musicologue palestino-américain décédé en 2003), pépinière de la musique classique occidentale et orientale. « Aujourd'hui, nous sommes témoins de la naissance de l'Orchestre National Palestinien, à un moment où la lutte palestinienne pour l'indépendance traverse une de ses phases les plus critiques et difficiles », écrit Khoury dans les notes du programme sous le titre Aujourd'hui un Orchestre, demain un Etat. « Nous, musiciens, sommes persuadés qu'un Etat ne concerne pas seulement des bâtiments et des routes mais, et c'est le plus important, des gens, leurs valeurs, leurs arts et leur identité culturelle », plaide Khoury. Le Conservatoire national de musique Edward Saïd a été créé en 1994, précise l’AFP, avec seulement une poignée d'étudiants passionnés et de professeurs à temps partiel. Aujourd'hui, il compte plus de 40 enseignants et dépasse les 500 élèves. Au premier programme de l'ONP : Mozart, avec la soprano palestino-nippone Mariam Tamari, la Symphonie n°4 de Beethoven et le concerto roumain de Ligeti, sous la baguette du jeune chef suisse Baldur Brönnimann. La majorité des musiciens de l'ONP sont des Palestiniens locaux mais aussi de la diaspora, notamment de Syrie et de Jordanie, où leurs familles se sont réfugiées après la création d'Israël et la première guerre israélo-arabe en 1948. Certains découvraient les Territoires palestiniens pour la première fois. Pour les années à venir, l'ONP ne se produira qu'une fois par an, avant de devenir un orchestre complet et à plein temps « basé dans une Palestine libre », espère Suhail Khoury. L'année prochaine, son maestro devrait être le compositeur et producteur palestino-américain John Bisharat.

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Anna Anni, costumière des plus grandes voix

Anna Anni, qui fut la costumière de stars comme Luciano Pavarotti, Plácido Domingo, Maria Callas, Anna Magnani et Rudolf Noureyev, est décédée le 1er janvier à Florence à l'âge de 84 ans. Celle qui travailla avec les plus grands noms de la scène, de Franco Zeffirelli à Mauro Bolognini avait commencé sa carrière en 1953, collaborant avec Orson Welles (Volpone) puis Zeffirelli (Turandot en 1956, Carmen en 1995, Aïda en 1997). « Je me faisais envoyer les photos des artistes interprétant les différents personnages, comme cela je pouvais dessiner les costumes en fonction de l'œuvre et de la volonté du metteur en scène, mais aussi du visage et du corps de l'artiste », avait-elle raconté. Au cinéma, le nom d’Anna Anni était surtout lié à celui de Zeffirelli. En 1986, elle obtint une nomination aux Oscars pour son travail dans Othello. Parmi ses dernières collaborations figurent Un thé avec Mussolini avec Cher et Callas Forever avec Fanny Ardant), tous deux signés du maestro italien. Ce dernier, apprenant la disparition de la costumière, a déclaré : « Ma petite Anna était un talent rare, tout lui semblait très difficile, mais elle était la meilleure dessinatrice que j'ai jamais vue. »

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Didier Lestrade et la V.F.

Lors du Masse Critique du 26 décembre, l’émission de Frédéric Martel sur France Culture, le journaliste Didier Lestrade, invité pour évoquer notamment son livre Chronique du dancefloor : Libération 1988-1999 paru chez L’Editeur Singulier, a répondu à la question « Sans disquaire et sans CD, comment voyez-vous la musique à l’âge numérique ? » de la façon suivante : « Je ne la vois pas du tout. Je n’arrête pas de râler sur le fait qu’on nous oblige à aller au concert tout le temps. Je déteste le live. Je déteste la chanson française. Je déteste les gens qui sont derrière les guitares. C’est juste la variété française qu’on essaie de mouliner à une autre manière. A part le Japon, on est le seul pays au monde à avoir une musique autochtone aussi nulle ! Donc on la vend comme on peut ! Ces gens, seuls derrière leur guitare, c’est de la musique de métro pour moi ! Vous savez, je n’écoute plus de musique ! J’écoute juste mes vieux disques. »

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