Jeudi 3, vendredi 4 et samedi 5 novembre, Pierrick Pedron s’installe sur la scène du Sunset à Paris. Pour l’occasion, le saxophoniste breton sera entouré de ses fidèles complices Laurent Coq (Fender Rhodes), Vincent Artaud (basse), Chris de Paw (guitare) et Fabrice Moreau (batterie). Trois soirées pour célébrer le nouvel album de Pedron, l’étonnant Cheerleaders.
Avec Omry paru en 2009, Pierrick Pedron était déjà ailleurs… Avec Cheerleaders, étonnante œuvre intense et protéiforme sortie chez Act, il s’envole bien plus loin. Un ailleurs où l’ADN du jazz est infiltré par des textures autres, des sonorités aussi bien héritées de Pink Floyd que de Radiohead ou des fanfares populaires…
Du bal au bop, la trajectoire de Pedron trace des lignes d’horizon divergentes d’un jazz droit dans ses notes, où il s’agit avant tout et après tout de grimper les grilles à l’horizontal. Ce genre de prodige, le Breton en bon adepte de Charlie Parker sait bel et bien faire. Il suffit d’écouter son iconoclaste Classical Faces, pour mesurer le genre de hautes voltiges harmoniques dont ce drôle de volubile volatile est capable.
Mais il serait vain de limiter la portée de Pierrick Pedron à ces seules improvisations, aussi superbes soient-elles. Tout comme on ne peut cantonner au jazz académique ce sideman recherché qui a assis son autorité et sa notoriété de leader, en traversant l’Atlantique pour graver en 2006 Deep In A Dream, un sommet qui sonne a posteriori comme un rite initiatique, un nécessaire viatique. Tout jazzman se doit d’en passer par New York, et qui plus est avec une rythmique d’experts, pour aboutir son American dream.
Et après ? Tout devient justement possible si tant est qu’on ne veuille pas en demeurer aux affaires de catégories qui cernent la créativité. Pierrick Pedron a choisi de tomber le costume désormais étriqué de soliste pour enfiler la tenue plus colorée d’artiste. Un type capable de voir au-delà des formats pour s’inventer un futur qui ne fasse jamais table rase du passé.