Le célèbre et vénérable concours international dont l’édition 2008 se déroule du 7 au 17 novembre ne veut pas devenir « une vieille dame se reposant sur les lauriers du passé » , selon son président.

Le vénérable Concours Long-Thibaud, qui tient du 7 au 17 novembre une édition 2008 consacrée au violon, tente de redorer son blason à l'international et auprès du grand public, à l'heure où les compétitions de musique organisées à Paris craignent pour leur avenir.

Selon l'AFP, vingt-six violonistes âgés de 18 à 30 ans participeront cette année au concours fondé en 1943 par la pianiste Marguerite Long et le violoniste Jacques Thibaud, une édition qui devrait confirmer la domination des jeunes talents asiatiques, la moitié des participants venant de Corée du Sud (dix !) et du Japon (trois).

Le Long-Thibaud est très connu dans ces deux pays, à la faveur notamment de son partenariat de longue date avec le groupe de télévision japonais Fuji TV, l'un de ses principaux mécènes privés. Mais son écho aux Etats-Unis, de même que dans l'immense marché chinois (aucun participant !), est faible.

En outre, son attractivité en Europe demeure perfectible: ainsi, hors France (six candidats), seuls sept musiciens du Vieux-Continent, dont un Germano-américain, concourent cette année. A la tête de la Fondation Long-Thibaud depuis 2007, Jean-Philippe Schweitzer, haut fonctionnaire à la généalogie solide (sa mère était la pianiste Nicole Henriot-Schweitzer, nièce du chef d'orchestre Charles Münch, lui-même neveu du Dr Schweitzer ) a décidé de faire bouger le concours afin qu'il ne devienne pas « une vieille dame se reposant sur les lauriers du passé ».

Inspiré par certains grands concours étrangers, comme le Van Cliburn aux Etats-Unis, le nouveau président a fait adopter, non sans remous, une « charte de déontologie et de bonne gouvernance ». Elle prévoit la séparation complète des fonctions administratives et artistiques du concours, la garantie de l'anonymat dans la présélection des concurrents et la non-participation d'un juré à l'élection d'un candidat qui serait son élève.

Toujours selon l'AFP, le Long-Thibaud cherche aussi à élargir ses frontières. La fondation aimerait notamment travailler avec des institutions en Allemagne, un pays « qui n'a pas de grand concours » selon Schweitzer, qui n'exclut pas à terme d'organiser sa compétition une fois tous les trois ans outre-Rhin.

La compétition entend en outre élargir son audience grâce à un partenariat avec le groupe de communication Orange, qui prendra forme dès le concours de piano 2009 avec la diffusion en téléphonie mobile et sur internet de formats courts.

Cette sorte de Long-Thibaud Academy devrait mettre en lumière la « dramaturgie » de la compétition, des éliminatoires à la finale. De fait, le Long-Thibaud ne peut compter sur ses seuls soutiens publics pour assurer son avenir. « L'argent public se raréfie, l'Etat devient presque minoritaire » dans le budget, explique Jean-Philippe Schweitzer. Avec une subvention de 85.000 euros, la Ville de Paris reste fidèle au Long-Thibaud, selon la fondation.

Mais la mairie ne cache pas qu'elle pourrait à l'avenir rationaliser ses aides aux compétitions musicales organisées dans la capitale. Interrogé par La Lettre du musicien, le maire-adjoint à la Culture, Christophe Girard, a ainsi suggéré à l'association organisant les sept Concours Internationaux de la Ville de Paris (CIVP) de « trouver des ressources de mécénat et de concentrer (les) moyens » sur une seule compétition : le concours de lutherie Etienne Vatelot.

Le site officiel du Concours Long-Thibaud