Le serveur musical audiophile est devenu un élément incontournable de toutes les chaînes Hi-Fi, même les plus exclusives. Tous les éléments auparavant issus du monde informatique sont maintenant développés spécifiquement pour le marché de l’audio. A ce titre, l’Antipodes K50 est un appareil central, un maillon incontournable pour les amateurs exigeants.

Située en Nouvelle-Zélande, la société Antipodes porte bien son nom. Elle commercialise depuis 2011 des serveurs audio haut de gamme qui n’ont évidemment rien à voir avec les NAS et autres serveurs de fichiers habituels. Les serveurs Antipodes se bornent à stocker et à rendre disponibles les médias. Justement, bien que leur objectif principal soit la mise à disposition de la musique sur le réseau domestique, il est possible de stocker également ses photos et ses vidéos dans ces appareils. On pourrait presque les appeler des serveurs multimédias.

Le serveur audio est un produit assez récent dans le monde de la Hi-Fi. Plus récent que le lecteur audio en réseau qui se contentait auparavant d’aller piocher la musique dans un simple ordinateur plus ou moins optimisé. Le serveur audio est une sorte d’ordinateur dont les fonctions sont ultra-limitées. Ainsi, il n’y a pas d’autres processus en parallèle qui pourraient venir ralentir la machine et, par ricochet, l’accès aux fichiers. Le serveur audio prend la forme d’un appareil Hi-Fi pour s’insérer dans la chaîne. A ce titre, il est toujours dépourvu de ventilateur, contrairement aux serveurs informatiques classiques.

Caractéristiques

● Serveur & lecteur audio

● Prix : 16 500 €

● Audio haute résolution : 768 kHz/32 bits, DSD512

● Applications serveur : Squeeze, Roon Core, MinimServer, Sonos, HQPlayer, DLNA, Plex

● Protocoles de lecture : Squeeze, Roon, MPD, HQPlayer, Shairport

● Stockage : 3x emplacements externes pour disques 2,5" (jusqu’à 24 To)

● Connectivité : 1x USB audio, 1x XLR AES, 3x SPDIF (coax, BNC, optique), 2x I2S (RJ45, HDMI), 1x sortie WordClock, 2x Ethernet, 4x USB

● Dimensions (l x h x p) : 445 x 370 x 120 mm

● Poids : 19 kg

Présentation générale de l’Antipodes K50

La qualité des matériaux et de l’assemblage correspond au positionnement tarifaire mais également aux produits conçus et fabriqués localement. Ce qui est bien le cas du K50 comme l’indiquent les inscriptions en face arrière. Le châssis est constitué de panneaux d’aluminium de forte épaisseur usinés dans la masse. De nombreuses ouvertures striées facilitent l’évacuation des calories produites par les cartes électroniques. Tout cela contribue à atteindre les 19 kg sur la balance, un poids inhabituel pour un serveur audio.

A l’intérieur, la carte informatique positionnée à l’arrière gauche dispose d’un système de refroidissement via des dissipateurs en cuivre reliés directement au radiateur occupant tout le flanc gauche du K50. Deux gros transformateurs d’alimentation de type R-Core sont positionnés derrière la façade. Une seconde carte de gestion est située au centre tandis que la carte de sortie audio intègre les différents connecteurs de la face arrière. Ces trois cartes correspondent aux différentes fonctions : serveur, lecture avec sortie USB, lecture avec multiples sorties numériques. Il existe d’autres références chez Antipodes comprenant seulement la carte de lecture ou la carte serveur par exemple.

Le K50 étant le modèle le plus haut dans la gamme, il intègre toutes les fonctions. La face arrière est donc séparée en deux parties avec le côté serveur sur la droite comprenant quatre ports USB et deux ports Ethernet. L’un des deux sert à la liaison avec le réseau, la seconde à connecter un lecteur réseau externe directement au serveur. Les ports USB peuvent accueillir des disques durs externes ainsi qu’un lecteur CD pour effectuer la copie de votre collection vers le serveur.

Les sorties audio de la partie streameur prennent place du côté gauche. Il y a tout d’abord un port USB audio dédié, compatible Hi-Res 768/32 et DSD512. Ensuite, vous avez le choix entre six sorties numériques aux formats AES, SPDIF et I2S. Antipodes a multiplié les prises pour offrir toutes les solutions, même les moins courantes avec le SPDIF sur BNC et le I2S en RJ45. Le K50 intègre un reclocker dont le but est d’améliorer la partie horloge de toutes ces sorties. Il offre en outre une sortie WordClock à connecter à votre DAC.

Terminons par la face avant totalement dépouillée. Elle est constituée d’un unique bouton et de deux LED indicatrices permettant de connaître l’état du K50. Le gros bouton de mise en route et de veille ne nous a pas semblé être d’une qualité en rapport avec le reste de l’appareil. Un bouton en aluminium, sans jeu au niveau du toucher, aurait été plus adapté. Cela reste du domaine du détail. A choisir, nous aurions préféré un afficheur, même simplifié, afin de connaître le mode de fonctionnement du serveur et l’état de la partie lectrice.

Utilisation de l’Antipodes K50

L’utilisation idéale du K50 veut que vous le connectiez d’une part au réseau via la prise Ethernet, d’autre part à un DAC ou à un ampli/DAC à travers l’une de ses sorties numériques. Deux câbles suffisent. Évidemment, à ce niveau de gamme, le wi-fi est proscrit pour ses instabilités potentielles. Bien qu’il n’y ait qu’une seule liaison réseau, le K50 a deux adresses IP distinctes : une pour le serveur, l’autre pour le lecteur. Pour les découvrir, il faut se rendre sur le site Internet d’Antipodes et aller dans la section « My Antipodes ». Cette page explore votre réseau local à la recherche des appareils de la marque.

Les deux fonctions sont donc accessibles séparément, serveur d’un côté, streameur de l’autre. Nous commençons par le premier. Le serveur K50 utilise des solutions existantes déjà intégrées. Il vous suffit de sélectionner celle qui sera la plus adaptée à votre utilisation : Squeeze, Roon, MinimServer, HQPlayer ou Plex. Plus simple, vous pouvez activer le mode DLNA ou la compatibilité Sonos, c’est-à-dire un partage de fichier reconnu par les enceintes Sonos. Toutes ces plateformes peuvent être activées simultanément. Elles accèdent toutes au même contenu stocké dans le K50. Si vous n’utilisez qu’un seul mode, vous pouvez évidemment désactiver tous les autres.

En plus des ports USB acceptant des clés ou des disques durs externes, le K50 disposent de trois emplacements en face arrière pour disques de 2.5". La capacité totale gérée est de 24 To. Contrairement à ses concurrents, il est donc possible d’insérer et de retirer les disques sans avoir à ouvrir la machine. Revenons à la page de gestion du serveur proposant trois outils pour la gestion des disques, les fichiers et la copie de CD. Toutes les fonctions de copie, suppression, transfert, sauvegarde sont incluses pour que vous n’ayez jamais besoin de votre ordinateur. Toutefois, le K50 est accessible via le réseau comme n’importe quel serveur.

Passons maintenant à la page de gestion du lecteur. Une nouvelle fois, Antipodes vous laisse le choix du mode de fonctionnement. Vous sélectionnerez logiquement le service correspondant au mode de fonctionnement du serveur afin que les deux communiquent ensemble. Ici, le mode est forcément exclusif. Ensuite, vous pouvez choisir la sortie audio entre l’USB et les sorties numériques. La sortie USB est disponible uniquement si un DAC est relié et reconnu. Enfin, le DSD peut être lu en natif ou en DSD-over-PCM. Quelques informations techniques vous informent sur le format des sorties et les différents formats acceptés, des données qui pourront servir au support en cas de problème.

Les fonctions spécifiques au K50 se limitent à ce que nous venons de voir. Il sera difficile de s’y perdre. Cependant, lorsque vous sélectionnez l’une des plateformes pour le serveur et le lecteur, des fenêtres de configuration supplémentaires sont disponibles. Elles servent à régler quelques paramètres et à vous amener aux pages de configuration habituelles de chaque plateforme où se trouvent tous les réglages qui les concernent. C’est à partir d’ici par exemple que vous allez configurer le serveur Roon et activer le lecteur correspondant.

A l’écoute

Nous n’avions pas sous la main d’appareils Hi-Fi du même niveau que le K50. Cependant, nous étions prêts à découvrir ses qualités par rapport à des produits plus accessibles en l’installant avec notre amplificateur Parasound et nos enceintes Dynaudio. Entre les deux, nous avons fait appel à un DAC Merason et à son alimentation séparée que vous retrouverez bientôt en test ici. Nous avons activé le serveur Roon Core et configuré le lecteur Roon au sein duquel nous avons utilisé bien évidemment Qobuz.

L’Antipodes K50 se différencie d’autres solutions par sa fluidité naturelle. L’impression que tout coule de source, que jamais rien n’accroche l’oreille, même dans les registres les plus sensibles. L’articulation est ainsi magistrale avec un suivi exemplaire. Les détails sont présents sur toute la bande passante, sans jamais passer au second plan lorsque le message devient plus complexe, des tréfonds du grave jusqu’à l’aigu. Le bas médium souvent simplifié avec les produits d’entrée de gamme apparaît avec beaucoup de matière et de présence.

A l’écoute du dernier album de FKJ, V I N C E N T, la basse résonne avec maîtrise tandis que l’impact du grave est clairement impressionnant. La scène sonore est profonde, le mur derrière les enceintes n’existe plus. Rien n’est jamais forcé, les notes de ces compositions souvent oniriques s’évanouissent dans l’espace avec énormément de naturel. L’ensemble est si cohérent qu’il est impossible de situer l’emplacement des enceintes lorsque l’on ferme les yeux.

Nous passons sur du jazz avec l’album Let Sound Tell All de Julius Rodriguez. Le K50 contribue à la définition d’une verticalité, avec les cuivres en avant et au-dessus de la batterie. La contrebasse résonne dans notre pièce d’écoute avec force et naturel. Les placements sont toujours précis sur toute la largeur de la scène : nous sommes en prise directe avec la guitare jazz qui se matérialise sur le centre droit.

L’Oiseau de feu de Stravinsky joué par l’Orchestre philharmonique de Munich nous offre un effet de présence une nouvelle fois saisissant. Tous les microdétails délivrés avec facilité par le K50 permettent de profiter de la reproduction réaliste de la formation avec une profondeur importante et un placement impeccable des pupitres. La qualité des timbres vient parachever l’étendue des qualités de ce serveur utilisé également en lecteur.

Les + :

Addictif

Qualités musicales

Serveur et lecteur

Stockage SSD externe

Les - :

Pas d’afficheur en façade

Tarif très haut de gamme

Conclusion

L’Antipodes K50 est un appareil d’exception méritant d’être associé à des éléments du même calibre pour profiter de ses indéniables qualités. Même au sein de notre modeste système de test, il a su améliorer la totalité des critères, le principal étant la sensation d’une restitution encore plus naturelle que d’habitude. Relié à un ensemble Hi-Fi de haute qualité, il fera entrer celui-ci dans une autre dimension. Pourtant, qu’est-ce qui ressemble plus à un serveur de fichiers audio qu’un autre serveur de fichiers audio ? Antipodes a su traiter ce qu’il fallait sur le chemin du signal pour délivrer un flux audio impeccable à votre amplificateur et à vos enceintes. Bien qu’il soit possible d’utiliser le K50 uniquement en tant que serveur et de confier la lecture à un autre streameur, profitez de ces deux fonctions liées dans un seul appareil et, si vous en avez les moyens, faites du K50 le centre de lecture numérique de votre installation. Vous ne le regretterez pas.