Entre grime UK et rap US, Tre Mission pose sa voix et ses sons. Avec Stigmata qui parait chez Big Dada, le producteur de Toronto signe un premier album coup de poing. Pour certains, il serait même le chaînon manquant entre Wiley et Outkast… Dès les atmosphères vaporeuses du titre éponyme, on saisit vite que le périple sera unique et singulier. Le bonhomme bat le rythme avec son flow précis, réussissant à exprimer cette fragilité qui définit les meilleurs MC grime. Wiley (premier soutien de Tre en Angleterre) pose sur Real Grind, tandis que le rappeur canadien Saukrates le rejoint sur Get Doe, le duo démontrant toute l’étendue de son talent. Mission enchaîne les couplets avec JME sur Rally, sorte de suite à If You Don’t Know. On Road associe un two step old school à un vague sentiment de tension, pour l’un des moments les plus réussis de l’album. Il y a également l’épique In The Hallway, morceau agité avec en bonus un couplet de Skepta. Jackpot, du grime rugueux aux basses lourdes où le flow de Tre Mission s’assemble parfaitement avec celui de Merky Ace. Une autre compo qui sort du lot : Boy In The Corner, une histoire qui fait aussi office d’hommage à Dizzee Rascal et à son classique du même nom. Après avoir constaté que Tre Mission a produit en grande partie Stigmata, on se doit d’admettre que l’on a affaire à un vrai phénomène… Les stigmates sont, évidemment, les marques sur le corps du Christ. Tre Mission fait ses marques sur son propre corps. Sur le corps du grime. Le corps du rap. Le corps de la pop. Et elles ne sont pas prêtes de partir.
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