Légende du bluesgrass des Appalaches, le chanteur et joueur de banjo country s'est éteint à l'âge de 89 ans.

Ralph Stanley est décédé le 23 juin 2016 à son domicile de Sandy Ridge en Virginie. Légende du bluegrass et de la country traditionnelle, il restera comme un maître du banjo, gardien du temple de la musique des montagnes. « Je n’ai jamais tellement aimé qu’on dise que ma musique soit du bluegrass. Pour moi, le bluegrass, c’est Bill Monroe ! Moi ce que je joue, j’appelle ça du old-time mountain style. » Celui qui disparait à 89 ans formait avec son frère Carter un groupe mythique, les Stanley Brothers & The Clinch Mountain Boys. Cette formation traditionaliste constituera avec le duo Flatt & Scruggs et le pionnier Bill Monroe et ses Blue Grass Boys, la sainte trinité de ce bluegrass éternel, de cette country fondatrice. Des harmonies vocales à tomber, une virtuosité instrumentale impressionnante mais aussi beaucoup d’introspection pour ne pas dire une certaine forme de soul teintée de spiritualité, la musique de Ralph Stanley est entrée au patrimoine de sa terre natale. « J’ai commencé de la même manière que j’ai été élevé, dans la tradition du style ancestral des montagnes et je n’ai jamais dévié de ce chemin. Je suis toujours resté collé à mes racines. Et je crois que cela a une vraie valeur pour le public. Les gens savent exactement à quoi s’attendre. »

Stanley Brothers - Worried Man Blues

drwierd

Né à Dickenson County en Virginie le 25 février 1927, Ralph Stanley grandit au son de la mythique Carter Family et apprend le banjo grâce à sa mère. Ouvrier dans une scierie, le père est un chanteur confirmé qui transmet son art à ses fils. Les frères Stanley lancent les Clinch Mountain Boys en 1946. Le succès éclair les amène même à animer un show radiophonique. A la même époque, Ralph perfectionne son jeu et commence à développer un style à trois doigts. En 1947, les Stanley Brothers enregistrent leurs premiers morceaux pour le label Rich-R-Tone, signant dès l’année suivante chez Columbia. En 1953, la formation passe chez Mercury. Leur carrière se déroule tranquillement sans jamais atteindre de vrais sommets. Ils ne placeront qu’un seul titre au top des charts (How Far To Little Rock qui parait sur King Records en 1960) mais joueront très régulièrement aux quatre coins des États-Unis, sur les campus, dans les festivals, les concerts en plein air…

Stanley Brothers, The Rank Stranger

Willard Morton

Au sein du tandem, Carter (alcoolique notoire emporté par une cirrhose du foie à 41 ans en 1966) est le chanteur principal et le guitariste, Ralph s’occupant pour sa part du banjo et de la voix de ténor. Certains de leurs titres deviendront des standards du genre : Mountain Dew, Little Maggie, Angel Band… En 2000, leur chanson (I’m A) Man Of Constant Sorrow refera même surface dans les charts grâce à la version que les Soggy Bottom Boys en donneront dans le film des frères Coen O Brother. Sur cette même B.O., Ralph Stanley chantera également O Death.

Oh Death

Faust

A la mort de son frère, Ralph Stanley continue à diriger les Clinch Mountain Boys, s’enfonçant davantage dans la tradition. Dans son autobiographie Man of Constant Sorrow: My Life and Times qu’il publiera en 2009, il écrira à ce sujet : « Je voulais avoir mon propre son, qui était plus proche d’un style vintage des montagnes. Quelque chose avec lequel Carter n’était pas vraiment à l'aise. Je voulais apposer ma patte sur des chansons que les fans de bluegrass et de country n’avaient pas entendues auparavant. J'en ai trouvé qui collaient à ma voix comme Hemlocks And Primroses qui était une composition finalement assez récente mais qui sonnait comme datant de 100 ans, comme une vielle rengaine anglaise interprétées par un type de Virginie Occidentale… »

Les Clinch Mountain Boys signeront de nombreux albums et entreprendront de nombreuses tournées, deux d’entre eux, Keith Whitley et Ricky Skaggs, devenant par la suite des stars de la country plus commerciale… En 1970, Ralph Stanley lance son festival annuel à Smith Ridge près de Coeburn dans sa Virginie natale. Six ans plus trad, il devient docteur de la Lincoln Memorial University d’Harrogate dans le Tennessee. Ses fans décident alors de l’appeler Dr. Ralph. En 2000, il entre au Grand Ole Opry puis reçoit le Living Legend Award de la Bibliothèque Congrès et la National Medal of Arts. Il sera le premier artiste à recevoir le Traditional American Music Award par le National Endowment for the Humanities.

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