Guy Béart est mort

« Il ne ressemble à personne et personne ne lui ressemble… Il est sans conteste un des quelques géants dans l’univers de notre chanson et tient une grande place dans le petit cercle de mes préférences. » Celui qui évoque Guy Béart de la sorte n'est autre qu'un certain Charles Aznavour... Le chanteur qui vient de disparaitre, le 16 septembre 2015 avait fait ses adieux à la scène en janvier lors d’un ultime concert à l'Olympia. Guy Béart aurait chuté sur le trottoir alors qu’il se rendait chez le coiffeur. Il n'a pu être réanimé...

Avec lui, c’est plus de 50 ans de carrière qui s’envolent, pendant lesquelles cet artiste à part a donné naissance à quelques-unes des chansons les plus emblématiques du patrimoine français : L’Eau vive, Bal chez Temporel, Qu’on est bien, Les Couleurs du temps, Vive la rose… et encore bien d’autres compositions qui resteront gravées dans les mémoires.

Né Guy Béhart-Hasson le 16 juillet 1930 au Caire, en Égypte, Guy Béart passe son enfance à voguer de pays en pays, allant de l’Europe à l’Amérique jusqu'au Moyen-Orient, emmené par son père, un très sollicité conseiller en créations d’entreprise. C’est donc toujours entre deux avions que le jeune garçon passe la plupart de sa jeunesse, avant de faire sa scolarité au Liban puis à Paris où il s’installe à l’âge de 17 ans.

Dans la capitale française, il obtient un diplôme d’ingénieur des Ponts et Chaussées et devient spécialiste des cristaux et de la fissuration du béton, une carrière qui ne l’enchante pas vraiment, préférant l’univers artistique des cabarets de la rive gauche à Paris. C’est ainsi que, le soir venu, le jeune Guy préfère s’équiper de sa guitare et aller chanter dans différents établissements musicaux de l’époque tels que la Colombe, Bobino et les Trois Baudets. Il attendra 1954 avant de se décider à se plonger pleinement dans une carrière dans la musique et à écrire des chansons pour différentes personnalités qu’il rencontre pendant ses soirées parisiennes : Patachou, Zizi Jeanmaire ou Juliette Gréco notamment interprètent quelques-uns de ses titres et l’aident à se faire un nom.

La rencontre avec Jacques Canetti en 1957 est décisive et lui permet de sortir son premier disque regroupant Chandernagor, Le Bal chez Temporel et Qu’on est bien. Guy Béart devient un chanteur à texte reconnu et acclamé et se retrouve à faire régulièrement salle comble à l’Olympia. Le succès se confirme au fil des albums : L’Eau vive et Printemps sans amour le consacrant définitivement comme figure incontournable de la scène française.

Les années 60 et l’arrivée du rock ‘n’ roll en France sont plus compliquées pour Guy Béart, dont les douces mélodies et les textes littéraires ne sont plus au goût du jour. Perdant son contrat avec sa maison de disque, il ne se décourage pas pour autant et monte sa propre structure d’édition en 1963 : l’Auto-Production des Artistes du Micro (APAM) chez laquelle il continue d’enrichir la culture française grâce à ses compositions et notamment à son album Vive la rose, sorti en 1966, qui lui permet de renouer avec le succès.

Guy Béart se lance à la même période dans une carrière audiovisuelle en devenant animateur de l’émission Bienvenue sur la première chaine de l’ORTF, qui devient rapidement le rendez-vous incontournables des artistes du moment. Il continue inlassablement d’écrire des chansons et de publier de nouveaux albums, dont l’étonnant Guy Béart chante l’espace et Les Couleurs du temps en 1973.

En 1982, une période difficile démarre pour l’artiste qui se voit frappé par un cancer et se retire de la scène. Il faudra attendre 1986 pour le voir revenir dans les médias à travers le touchant livre Espérance folle qui lui vaudra le prix Balzac et l’album Demain, je recommence. Après quelques nouveaux Olympia et alors qu’un véritable retour semble assuré, Guy Béart est victime d’une importante escroquerie concernant la vente de ses droits d’auteur. Écœuré par le milieu de la chanson, il tente de prendre sa retraite définitive avant de vite se rendre compte que l’attrait de la scène est trop fort pour lui...

L’album Il est temps dans les années 90 puis Le Meilleur des choses en 2010 viennent ensuite conclure sa discographie. Guy Béart décide finalement de faire ses adieux définitifs à la scène en foulant une dernière fois les planches de l’Olympia en janvier 2015, mettant fin, à travers ce grand spectacle, à plus de 50 ans de carrière et à une collection vertigineuse de compositions intemporelles.

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