Pour son nouvel album, Marianne Faithfull qui a échappé de peu à la mort récite quelques grands poèmes romantiques anglais du XVIIIe siècle sur une magnifique musique hantée signée du Bad Seeds Warren Ellis...

Les mots de Lord Byron, John Keats, Thomas Hood, Percy Bysshe Shelley, William Wordsworth et Alfred Tennyson ne sont pas l’apanage des jeunes gens tourmentés qui errent seuls en pleine tempête, dans la campagne, cheveux au vent et redingote en velours sur les épaules. Non. Une femme de 74 ans, cabossée par les excès, la maladie et une vie bien remplie, peut aussi faire sienne cette poésie fiévreuse du XVIIIe siècle. Marianne Faithfull, lestée du Covid qui n’a heureusement pas eu sa peau, fait résonner, avec intensité, ces textes qu’elle récite avec beaucoup d’émotion pour se les approprier totalement.

Pour vêtir ces notes de mots sur son nouvel album intitulé She Walks in Beauty, elle a fait appel au toujours parfait Warren Ellis, échappés des Bad Seeds, qui lui a taillé un costume aussi bien fait de retenue que d’élans plus grandiloquents. Nappes de synthés fantomatiques et cordes soupesées s’enroulent autour de l’organe buriné de Dame Marianne. Dans un halo onirique et crépusculaire, sans pour autant que la grande faucheuse donne l’impression d’être aux aguets à chaque fin de chanson, les paysages défilent et la poésie de ces grands anciens prend racine dans notre époque troublée.

Marianne Faithfull & Warren Ellis discuss their new album "She Walks In Beauty"

Marianne Faithfull

Nick Cave a apporté son piano et quelques percussions sur la plupart des titres. Vincent Segal son violoncelle. Et même Brian Eno sa clarinette sur The Bridge of Sighs. Que du très beau linge pour ce magnifique She Walks in Beauty, pas véritablement destiné à animer une chenille géante, mais qui confirme la personnalité à part et géniale de Marianne Faithfull sur la scène rock depuis le début des sixties...

En novembre 2018, elle recevait Qobuz à son domicile parisien pour évoquer son album Negative Capability, son écriture, les sixties et cette planète de plus en plus réactionnaire. Séance de rattrapage :

Marianne Faithfull - Qobuz interview

Qobuz