Avec son nouvel album publié sur le label de Peter Gabriel, le maître suédois de la pop chambriste élague encore un peu plus son art. Sublime.

En 2005, avec ses albums Sologne et Loney, Noir, Emil Svanängen alias Loney Dear a bénéficié d’un succès et d’une hype totalement justifiés. Notamment grâce au second, très arrangé, sorte d’opus chambriste aux encoignures pop (on pense aux Beach Boys, à Sufjan Stevens), qui sait décoller sans prévenir vers des cieux plus rock voire un brin électroniques. Une musique d’orfèvre portée par un falsetto dont le Suédois n’abuse jamais, et qui garde toujours la mélodie en ligne de mire.

Ce magicien qui débuta comme pianiste dans un trio de jazz a su créer un monde bien à lui, qu’il fasse dans l’épure la plus totale comme dans la richesse harmonique la plus osée. Après quelques années de silence discographique, Svanängen refaisait surface en 2017 sur Real World, le label de Peter Gabriel, avec l’éponyme Loney Dear.

Quatre ans plus tard, avec A Lantern and a Bell qui vient juste de paraître, toujours sur Real World, il avance avec beaucoup de retenue, sa voix très en avant. Tout est toujours léché mais aucun instrument ne vient brouiller ce chant ou ses paroles. Juste un piano, une contrebasse en filigrane, des cordes discrètes et quelques sons marins diffus. C’est tout. Un minimalisme qui rend encore plus sacrée l’ambiance du disque.

Loney dear - Trifles (Official Video)

Real World Records

Pour réaliser ce court et magnifique A Lantern and a Bell (27 minutes et 45 secondes), Loney Dear a confié la production à son ami Emanuel Lundgren, dans leur studio de l’île de Södermalm à Stockholm. « Pour Emil , explique Lundgren, l’objectif était de ne pas se cacher, d’oser se mettre à nu. Nous sommes lentement devenus amis au cours des neuf dernières années, mais c’est seulement maintenant que nous étions prêts à travailler ensemble aussi étroitement. On peut entendre cette proximité sur le disque. » Svanängen avoue pour sa part qu’il lui a fallu du temps pour lâcher prise. « Mes albums précédents étaient en quelque sorte des collages, conçus avec la conviction que le perfectionnisme existait, ou était louable, comme une manie. Cette fois, j’ai voulu prendre la direction totalement opposée et simplifier. C’est la raison pour laquelle nous avons tout enregistré nous-mêmes, sans faire appel à d’autres musiciens. »

Il faut être plus qu’attentif pour goûter la délicatesse et la profondeur visées ici par Loney Dear. A Lantern and a Bell se mérite, en quelque sorte. Ne serait-ce que par respect pour ce fascinant Suédois qui a attendu autant d’années pour atteindre ce qu’il estime être un aboutissement personnel.

Peter Gabriel in conversation with Loney dear (full version)

Real World Records

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