Avec "Ghost Tapes #10", les Irlandais signent un album qui prouvent qu'ils peuvent se renouveler sans se renier. Hypnotique !

Bientôt deux décennies d’existence pour le groupe formé par les jumeaux Torsten et Niels Kinsella, et toujours la même envie de défendre ce post-rock atmosphérique teinté de guitares solides. Malgré une excellente discographie alimentée avec une régularité quasi-métronomique, God is an Astronaut semble cantonné au rôle de second couteau alors qu’il mérite une reconnaissance beaucoup plus affirmée au sein d’un mouvement dont les fers de lance comme Mogwai, Godspeed You! Black Emperor, Mono, Explosions in the Sky ou les plus récemment arrivés Russian Circles déchaînent les passions à chaque sortie d’album.

À ce titre, leur nouvel album Ghost Tapes #10 ressemble presque à une réaction, comme si le groupe irlandais avait décidé de durcir le ton pour s’extraire d’un costard taillé à l’époque sur mesure et dans lequel il commençait à se sentir étriqué. Le voyage commence de la plus magique des manières grâce à un Adrift qui présente une formation en état de grâce. Oui, les guitares sont bien présentes, mais c’est du God is an Astronaut au pur sens mélodique du terme.

GOD IS AN ASTRONAUT - Adrift (Official Video) | Napalm Records

Napalm Records

La suite semble explorer de nouvelles voies (sans pour autant faire abstraction du registre qui a fait le succès du combo), plus brutes, plus rock et directes. Un choix qui, logiquement, tend à placer au second plan certains ingrédients qui donnaient à sa musique une couleur par instant krautrock, teintée d’electro. Cette prise de parti rend le milieu de l’album plus compact et plus ramassé. En musclant son propos, GIAA (pour les intimes) se rapproche de certaines formations plus rock, mais laisse parfois en chemin ce qui faisait le sel de son précédent album, Epitaph.

GOD IS AN ASTRONAUT - Fade (Official Video) | Napalm Records

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Une sensation finalement de courte durée, car le groupe semble trouver un équilibre magique au moment de conclure l’album. D’abord avec Barren Trees, qui remet en avant certains sons de claviers pour mieux les mixer aux guitares venues renforcer la ligne mélodique. Enfin avec le sublime et aérien Luminous Waves de fermeture, plus posé, qui amène une véritable respiration tout en bouclant l’affaire dans le calme et la sérénité. Si God is an Astronaut a pris des risques calculés en livrant une musique légèrement différente même si déjà entendue ailleurs, il a surtout réussi à mettre un pied hors de sa zone de confort et à dessiner les contours de ce que pourraient être ces prochains disques, à l’image d’une ouverture et d’une conclusion d’album qui prouvent qu’on peut se renouveler sans rien perdre de la beauté qui caractérisait sa musique jusqu’alors. Un risque qui valait la peine d’être pris.

GOD IS AN ASTRONAUT - Burial (Official Video) | Napalm Records

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