Membre de l’équipe Dewee de Soulwax, Bolis Pupul part en solo explorer ses racines hongkongaises sur son premier album.

Après son aventure en duo avec Charlotte Adigéry, avec le rafraîchissant album Topical Dancer en 2022 qui les a conduits dans une longue tournée à travers le monde, Bolis Pupul se lance en solo avec son premier album Letter to Yu. Un projet né de sa volonté de se reconnecter avec la partie chinoise de son héritage, celui de sa mère née à Hong Kong. Né d’un père belge, Bolis Pupul a grandi à Gand, et c’est seulement après le décès soudain de sa mère en 2008 qu’il s’est rapproché de ses racines. Il prend des cours pour apprendre le chinois et dix ans plus tard, en 2018, il visite Hong Kong pour la première fois.

Il se rend à Ma Tau Wai Road, le lieu mentionné sur le certificat de naissance de sa mère, et, en écoutant la ville, décide de lui écrire une lettre d’amour. Avec son téléphone, il enregistre ce qu’il veut lui dire, et la lettre deviendra la base de cet album. « J’avais besoin de trouver ce sentiment de proximité avec ma mère », expliquait-il à The Fader. « Quand je suis entré dans Hong Kong, j’ai eu ce sentiment bizarre de reconnaître l’endroit, au niveau cellulaire. Il y a une sorte de mémoire dans nos corps qui se transmet de génération en génération. »

A son retour à Gand, dans le studio Dewee, les frères Dewaele (Soulwax/2ManyDJs) l’encouragent à conceptualiser ce disque autour de cette lettre et à enregistrer et écrire des choses lors de son deuxième voyage l’année suivante. C’est ainsi que ce Letter to Yu devient un véritable album hongkongais, avec la ville qui respire dans tous les coins.

Musicalement aussi, les sonorités asiatiques ont infusé dans la synthpop musclée proposée par Bolis Pupul. Là aussi, c’est venu naturellement, « avec l’intention de capter le moment. Apparemment, ces mélodies étaient déjà en moi ». Des inspirations que les frères Dewaele enroulent dans leurs productions discoïdes cliniques, avec ces batteries très sèches.

Et ça donne des titres imparables comme le très réussi single Completely Half, composé à partir d’enregistrements dans le métro de Hong Kong, ou le château hanté électronique Spicy Crab. Ce n’était peut-être pas le concept d’origine, mais ce Letter to Yu est aussi un disque qui donne envie de danser, que ce soit sur la techno détraquée de Doctor Says, ou sur Frogs, qui ne déparerait pas dans un mix des 2ManyDJs.

L’album s’achève sur le solaire Cosmic Rendez-Vous, ultime témoignage de ce processus de reconnexion spirituelle entamé par Bolis Pupul : « Même si ce voyage a été très émouvant et parfois triste, j’ai aussi vécu des moments formidables qui m’ont rendu très heureux. »

Artistes