Plombé par un scénario maladroit, le biopic sur Bob Marley tombe souvent à plat, malgré la musique.

Pas facile de raconter en « live action » la vie d’une figure aussi révérée que le prophète du reggae. Après avoir subtilement brossé le portrait du controversé Richard Williams, le père des championnes de tennis Serena et Venus, dans King Richard trois ans plus tôt, le réalisateur Reinaldo Marcus Green semblait en mesure de livrer un récit nuancé de l’ascension de Bob Marley, star mondiale originaire d’un des ghettos les plus pauvres et violents du monde.

Mais le projet, chapeauté par la famille Marley avec Rita et Ziggy à la production exécutive, semble avoir été lissé à chaque étape, pour au final donner le sentiment de regarder une sorte d’anthologie de la carrière de Bob, avec différents épisodes de sa carrière empilés sans vraiment de lien.

Bob Marley: One Love - Official Trailer (2024 Movie)

Paramount Pictures

Le film démarre en décembre 1976, dans une Jamaïque plongée dans une campagne électorale sanglante entre deux partis et leurs meutes de gangsters. Bob Marley, alors en pleine gloire, manque de se faire assassiner chez lui, conséquence de sa neutralité politique. On le suit ensuite un bon moment dans son exil à Londres, où il enregistrera Exodus, son album le plus populaire. Mais les scènes en studio, malgré un Kingsley Ben-Adir plutôt crédible, manquent de punch, avec des dialogues peu inspirés. Heureusement, il y a la musique…

Surtout, le film, qui tourne essentiellement autour de la relation entre Bob et Rita, manque d’enjeux, le seul un peu identifié sur le long cours étant la « dérive mondaine » de Bob Marley, que Rita (interprétée très intensément par Lashana Lynch) ne manque pas de lui rappeler lors d’une scène d’engueulade à Paris, à la sortie d’une cocktail party. Le réalisateur nous laisse aussi sur notre faim après avoir longtemps teasé la tournée en Afrique souhaitée par Bob, dont on ne verra que des images d’archives dans une fin en queue de poisson.

Il y avait sans doute trop de contraintes et de passages obligés pour construire quelque chose de plus ambitieux avec ce film. Pourtant, la carrière de Marley, un homme qui a vécu dans le dénuement le plus extrême mais qui a toujours cru à son destin, un artiste qui a testé des tonnes de projets dans les années 60 avec Peter Tosh et Bunny Wailer, quasiment oubliés dans le film, est pleine d’incroyables histoires (et de côtés sombres) à raconter. Et quand on pense à des œuvres comme Le Monde de demain (sur NTM) ou Bohemian Rhapsody (sur Queen), il y avait quand même mieux à faire…