Personne ne sonne comme Daniel Johnston. Artiste dépressif et méconnu devenu culte grâce à la reconnaissance de ses pairs, l’Américain, mort le 11 septembre 2019 à l’âge de 58 ans, est le symbole d’une musique naïve, lo-fi mais débordant d’émotions. Il n’est pas trop tard pour (re)découvrir cet authentique génie underground qui ne rate jamais le cœur de l’auditeur.

Quand un musicien meurt, on commence par pleurer sur les réseaux sociaux ; puis, quand on est vraiment touché, on ressort ses disques et on les écoute en boucle. Dans le cas de Daniel Johnston, qui a succombé le 11 septembre 2019 à une crise cardiaque, ses fans les plus fondus ont ressorti des cassettes. Les précieuses cassettes qu'il distribuait dans les rues d’Austin (Texas) au milieu des années 80. Il en dessinait les jaquettes lui-même, chaque cassette était unique. Et il enregistrait ses chansons dans le sous-sol de ses parents ou de son frère, à l’aide d’un petit clavier, d’un magnétophone et parfois d’un piano ou d’une guitare mal accordée. Toute sa musique était unique. Daniel Johnston est considéré comme le génie de la « lo-fi » (pour « basse fidélité »), cet équivalent musical des arts plastiques brut et naïf, où le fond dépasse la forme, où le jaillissement de l’expression et la sincérité de l’émotion sont plus importants que la technique musicale et la production. La musique en circuit court, et parfois en court-circuit.

Daniel Johnston est né en 1961 dans une famille américaine « normale », quoique très religieuse, cadet d’une fratrie de cinq enfants. Sa première passion est le dessin. Graphomane, il est inspiré par les comic books, les superhéros Marvel et King Kong. Mais au lycée, son excentricité apparente et ses dépressions à répétition laissent présager un avenir sombre. Dans le cerveau du jeune Daniel Johnston, des mondes s’agitent. Des voix, des angoisses, la peur du diable et du sexe (qu’il représente dans ses dessins par un torse de femme sans membres ni tête), des grenouilles aux yeux suspendus au-dessus de la tête, Laurie qu’il aime jusqu’à l’obsession, et Captain America ou Casper le gentil fantôme pour le salut. Entre beaucoup d’autres choses. Son monde intérieur est un cauchemar de Jérôme Bosch en version cartoon. À 18 ans, il continue à dessiner et commence à écrire des chansons, comme des bouées pour survivre à ses tempêtes intérieures.

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