Après des 80’s bien synthétiques, les guitares font un violent come-back durant la décennie suivante et infiltrent tous les courants du rock indépendant. Indépendant d’un système et de la masse. Comme un courant alternatif hérité de l’esprit subversif et bricolo du punk qu’on retrouve chez le Velvet Underground de Lou Reed ou les Stooges d’Iggy Pop. Retour sur 10 albums marquants de ces denses années 90.

Slint – Spiderland (1991)

Ce disque est une souffrance. Une souffrance géniale mais une souffrance quand même. Sans lui, Mogwai, Sigur Rós, Godspeed You! Black Emperor, Explosions In The Sky, Pavement et quelques centaines d’autres groupes joueraient encore aux Lego dans leur bac à sable. Car Spiderland offre cette faille nécessaire à tout bon album de rock indé des années 90. Un disque post-rock/math rock à la mine sinistre d’autant plus culte qu’il paraît, en mars 1991, après la dissolution de Slint, alors obscur combo de Louisville, dans le Kentucky. Derrière ce nom sont réunis la guitare torturée de David Pajo, la rythmique anguleuse et imprévisible du bassiste Todd Brashear et du batteur Britt Walford, et le chant imprécateur et parlé du guitariste Brian McMahan. La phrase unanime que chaque auditeur de Spiderland prononcera : « Jamais entendu un truc pareil ! » Dans les oreilles, les guitares lancinantes se cognent contre une rythmique chaotique, presque décalée. Le grunge crépite alors aux quatre coins des Etats-Unis et Slint propose une alternative rock’n’roll bien plus vénéneuse, insidieuse et cérébrale. Seul le temps et ce statut de disque culte lui permettront de devenir aussi influent. Pourtant, sa pochette mythique – une photo en noir et blanc du groupe en train de se baigner signée Will ‘Bonnie Prince Billy’ Oldham – ne laisse pas entrevoir la tension contenue à l’intérieur. Une fois ouvert, le colis pète pourtant bien à la gueule.

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