Inspiré du cabaret, du Marquis de Sade et du Berlin des années trente, Marilyn Manson change de look et entre de plein fouet dans « l’age d’or du Grotesque ». Produit par Manson, dont le surnom est désormais Arch Dandy, Tim Skold (un artiste qualifié de technopunk, nouveau venu dans le groupe depuis 2002 et remplaçant Twiggy Ramirez), et Ben Ross, The golden age of grotesque fait avant tout dans la théâtralité, de « Theater », à « Obsequey (the death of art) » . Faisant référence à Hitler, Jules César ou Oscar Wilde, Manson pratique ici les jeux de mots et les doubles sens en inventant de nouveaux mots (« mOBSCENE », « Gloominati », « Para-noir ») à travers cet album plus électrique et gothique, dont les thèmes choisis sont invariablement les mêmes : paranoïa, porno, problème de la star-system, drogue, sans oublier le diable etc etc… Marilyn décrit lui-même The Golden Age of Grotesque comme « le plus ingénieux déluge de guitares et de batteries, croisé avec un vaudeville électropunk et la décadence des cabarets des années 1930 ». Il offre d’ailleurs une place de premier choix à John 5, dont il dit qu’il a écrit « quelques-uns des riffs les plus mémorables, pas seulement dans l’histoire de Marilyn Manson mais aussi dans celle du rock en général ». C’est avec « This is the new shit » que s’ouvre le bal où l’on sent bien la nouvelle influence musicale de Tim Skold avec ses bruits industriels (composition électro-métal surpuissante, au son énorme et au phrasé quasi-rappé sur les couplets), alors que « mOBSCENE » sonne très « Beautiful People » (Antéchrist Superstar) et se fait remarquer avec son gimmick « pom-pom girls » sur le refrain (d'ailleurs emprunté au « Be Agressive » de Faith No More). Le « Doll-Dagga Buzz-Buzz Ziggety-Zag » apporte un peu de jouissance avec ses chœurs et son refrain cynique, mais c’est vraiment avec « Use your first ans not your mouth » que l’on rentre dans le vif du sujet. « The Golden Age of Grotesque » sonne l’age de la décadence : festival baroque au clown grimaçant, il ouvre les portes musicales d'un Circus Mansonus, suivi de près par un « Ka-boom Ka-boom » au son écrasant. Jusqu'à « Para-noir » où l'on touche les dix meilleures minutes de l’album, sommet de minutie et de précision, alchimie du son, du tempo et de la mélodie. Avec sa voix de femme monocorde, ce morceau est doté d'une orchestration lancinante tailladée par John 5, qui y place un solo tordu à souhait. « Better of 2 evils » est aussi bon, avec son rythme bondissant, notamment sur les couplets, une touche électro venu d'un Tim Skold omniprésent, et un refrain d'une lucidité qui fait contre-poids à la débauche de sarcasmes. Il contre-balance « Slutgarden », une chanson plutôt sexy, et « Spade », tout en accroche de guitare, articulé autour d'un riff excellent. The Golden Age of Grotesque est une grande foire dont l'esprit entier repose sur le simulacre, le sarcastique, le tout bourré d'humour cynique : « Nos vies sont du théâtre, nous sommes l’art et le monde va à présent devenir la scène magnifiquement grotesque qu’elle aurait toujours due être. Ne suis-je qu’un innocent divertisseur ou suis-je la force destructrice et la terrible réalité que vous avez toujours suspectée ? La réponse est simple : je suis Marilyn Manson. Fuck l’art. Je suis l’art ».
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