The Isley Brothers
Proche du scénario de la série Dallas, la saga des frères Isley commence à Cincinnati au milieu des années 50. Dès 1955, O’Kelly, Rudolph, Ronald et Vernon se lancent dans l’aventure gospel avant d’opter pour le doo-wop à l’époque plus porteur. En 1959, ils décrochent enfin un tube avec Shout, leur musique passant du rhythm’n’blues au twist et à la soul avec une aisance déconcertante. Les hits se suivent jusqu’en 1962, année d’un certain Twist & Shout. La reprise qu’en font les Beatles inspirent les frères Isley qui décident d’incorporer à leur rhythm’n’blues de plus en plus de rock. Deux ans plus tard, avec Testify, la tendance s’accentue : à la guitare, un certain Jimi Hendrix, intérimaire de juin 1963 à octobre 64. La période est d’autant plus transitionnelle que les Isley Brothers ont utilisé les royalties de Twist And Shout pour monter leur propre label, T-Neck Records, du nom de leur ville natale dans le New Jersey.Testify inaugure brillamment leur nouvelle écurie ainsi que la carrière du Gaucher. En août 1965, le single Move Over And Let Me Dance marque la fin de la collaboration entre Hendrix et les Isley. L’un s’envolera pour l’Angleterre pour embrasser la carrière éclair mais essentielle que l’on sait, les autres traceront à Detroit persuadés que la Motown peut enfin les transformer en stars intergalactiques. Le succès sera là mais d’une taille plus modeste. En 1968, le label de Berry Gordy n’est plus le maître du monde et les Isley Brothers dépassent tous la trentaine. L’année suivante, ils plaquent tout et rentrent dans le New Jersey pour relancer T-Neck. Surtout, ils accueillent du sang neuf avec leurs frères cadets Ernie (batterie puis guitare) et Marvin (basse), et le beau-frère de Rudolph, Chris Jasper (claviers).
Le mélange des générations sera plus que symbolique : avec It’s Your Thing, non seulement les Isley signent la plus grosse vente de leur histoire mais ils fusionnent leur propre héritage à l’ère du temps. Les anciens préservent le temple du rhythm’n’blues, de la soul et du gospel ; les jeunes apportent à l’édifice un groove d’essence funky et une énergie assez rock’n’roll. Pour nombre de trentenaires et de quadragénaires encore en phase avec le mouvement des droits civiques et la soul des 60’s, cette musique est la transition rêvée, le passeport pour un funk naissant. Mais les Isley veulent faire voler en éclat toutes les barrières. Et jusqu’en 1973, ils slaloment entre soul, funk, folk et rock, n’hésitant pas à reprendre sur l’album Givin’ It Back (1971) des compositions signées Bob Dylan (Lay Lady Lay), Neil Young (Ohio), James Taylor (Fire And Rain) ou Jimi Hendrix (Machine Gun).
Il faudra cependant attendre 1973 pour les voir atteindre un nouveau sommet. Ils signent chez CBS/Columbia et bénéficient du savoir-faire inégalable du label dans la distribution et le marketing de la musique noire en général et du funk en particulier. Grâce à Ernie, guitariste intenable jusqu’ici bridé par ses aînés, les Isley sautent pieds joints dans le funk explosif avec le fabuleux album 3 + 3 et son single That Lady. N°2 des charts R&B et n°6 des charts pop, c’est un feu d’artifices où les solos fou furieux d’Ernie enveloppent un groove digne des premiers Kool & The Gang. Aides de camp de Stevie Wonder, Robert Margouleff et Malcolm Cecil sont derrière la console pour donner à 3 + 3 un son en phase avec l’avènement du tout électronique.
Deux ans plus tard, Fight The Power extrait de The Heat Is On sera leur nouvel attentat funk le plus convaincant, la collaboration avec le tandem Margouleff/Cecil s’avérant cruciale. La chanson pourtant peu emprunte de militantisme est récupérée par les Black Panthers qui trouvent à cette affaire un goût salvateur d’anti-Earth, Wind & Fire. Ainsi, les Isley dérouleront tout au long des années 70 leur soul de plus en plus funky, voyageant de stade en stade, déballant guitares wah-wah, rythmique bodybuildée et harmonies vocales à fleur de peau.
A partir de 1976, Harvest Of The World prouve même qu’ils entendent déjà les sirènes du disco. Sapés comme des Elvis black (période Vegas), ils s’inspirent de plus en plus du positivisme bea de Maurice White, Earth, Wind & Fire étant alors le maître-étalon du genre. Mais même si le résultat est inégal, leur don pour la composition et la mélodie prend régulièrement le dessus. En 1984, 3 + 3 devient 3 - 3, Ernie, Marvin et Jasper décidant de quitter un navire perpétuellement piloté par des aînés andropausés. En mars 86, Kelly est terrassé par une crise cardiaque et Rudolph rentre dans les ordres… Doo-wop, twist, soul, rock’n’roll, folk, funk, disco, pas de dope, pas d’alcool, des vrais pro’, des bosseurs, les infernaux Isley Brothers auront traversé trois décennies en bons touches à tout…
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Proche du scénario de la série Dallas, la saga des frères Isley commence à Cincinnati au milieu des années 50. Dès 1955, O’Kelly, Rudolph, Ronald et Vernon se lancent dans l’aventure gospel avant d’opter pour le doo-wop à l’époque plus porteur. En 1959, ils décrochent enfin un tube avec Shout, leur musique passant du rhythm’n’blues au twist et à la soul avec une aisance déconcertante. Les hits se suivent jusqu’en 1962, année d’un certain Twist & Shout. La reprise qu’en font les Beatles inspirent les frères Isley qui décident d’incorporer à leur rhythm’n’blues de plus en plus de rock. Deux ans plus tard, avec Testify, la tendance s’accentue : à la guitare, un certain Jimi Hendrix, intérimaire de juin 1963 à octobre 64. La période est d’autant plus transitionnelle que les Isley Brothers ont utilisé les royalties de Twist And Shout pour monter leur propre label, T-Neck Records, du nom de leur ville natale dans le New Jersey.
Testify inaugure brillamment leur nouvelle écurie ainsi que la carrière du Gaucher. En août 1965, le single Move Over And Let Me Dance marque la fin de la collaboration entre Hendrix et les Isley. L’un s’envolera pour l’Angleterre pour embrasser la carrière éclair mais essentielle que l’on sait, les autres traceront à Detroit persuadés que la Motown peut enfin les transformer en stars intergalactiques. Le succès sera là mais d’une taille plus modeste. En 1968, le label de Berry Gordy n’est plus le maître du monde et les Isley Brothers dépassent tous la trentaine. L’année suivante, ils plaquent tout et rentrent dans le New Jersey pour relancer T-Neck. Surtout, ils accueillent du sang neuf avec leurs frères cadets Ernie (batterie puis guitare) et Marvin (basse), et le beau-frère de Rudolph, Chris Jasper (claviers).
Le mélange des générations sera plus que symbolique : avec It’s Your Thing, non seulement les Isley signent la plus grosse vente de leur histoire mais ils fusionnent leur propre héritage à l’ère du temps. Les anciens préservent le temple du rhythm’n’blues, de la soul et du gospel ; les jeunes apportent à l’édifice un groove d’essence funky et une énergie assez rock’n’roll. Pour nombre de trentenaires et de quadragénaires encore en phase avec le mouvement des droits civiques et la soul des 60’s, cette musique est la transition rêvée, le passeport pour un funk naissant. Mais les Isley veulent faire voler en éclat toutes les barrières. Et jusqu’en 1973, ils slaloment entre soul, funk, folk et rock, n’hésitant pas à reprendre sur l’album Givin’ It Back (1971) des compositions signées Bob Dylan (Lay Lady Lay), Neil Young (Ohio), James Taylor (Fire And Rain) ou Jimi Hendrix (Machine Gun).
Il faudra cependant attendre 1973 pour les voir atteindre un nouveau sommet. Ils signent chez CBS/Columbia et bénéficient du savoir-faire inégalable du label dans la distribution et le marketing de la musique noire en général et du funk en particulier. Grâce à Ernie, guitariste intenable jusqu’ici bridé par ses aînés, les Isley sautent pieds joints dans le funk explosif avec le fabuleux album 3 + 3 et son single That Lady. N°2 des charts R&B et n°6 des charts pop, c’est un feu d’artifices où les solos fou furieux d’Ernie enveloppent un groove digne des premiers Kool & The Gang. Aides de camp de Stevie Wonder, Robert Margouleff et Malcolm Cecil sont derrière la console pour donner à 3 + 3 un son en phase avec l’avènement du tout électronique.
Deux ans plus tard, Fight The Power extrait de The Heat Is On sera leur nouvel attentat funk le plus convaincant, la collaboration avec le tandem Margouleff/Cecil s’avérant cruciale. La chanson pourtant peu emprunte de militantisme est récupérée par les Black Panthers qui trouvent à cette affaire un goût salvateur d’anti-Earth, Wind & Fire. Ainsi, les Isley dérouleront tout au long des années 70 leur soul de plus en plus funky, voyageant de stade en stade, déballant guitares wah-wah, rythmique bodybuildée et harmonies vocales à fleur de peau.
A partir de 1976, Harvest Of The World prouve même qu’ils entendent déjà les sirènes du disco. Sapés comme des Elvis black (période Vegas), ils s’inspirent de plus en plus du positivisme bea de Maurice White, Earth, Wind & Fire étant alors le maître-étalon du genre. Mais même si le résultat est inégal, leur don pour la composition et la mélodie prend régulièrement le dessus. En 1984, 3 + 3 devient 3 - 3, Ernie, Marvin et Jasper décidant de quitter un navire perpétuellement piloté par des aînés andropausés. En mars 86, Kelly est terrassé par une crise cardiaque et Rudolph rentre dans les ordres… Doo-wop, twist, soul, rock’n’roll, folk, funk, disco, pas de dope, pas d’alcool, des vrais pro’, des bosseurs, les infernaux Isley Brothers auront traversé trois décennies en bons touches à tout…
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