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Ryan Bingham

Natif de Hobbs, un bled peu reluisant au Nouveau Mexique, Ryan Bingham grandit dans un univers fait de ranchs et de poussière avant d'être trimballé par ses instables géniteurs, deux gentils paumés noyés dans les dettes. Avec sa sœur, Ryan est ainsi charrié de Bakersfield à Spring en passant par Stephenville, Laredo, Odessa et Midland. A rendre jaloux un inspecteur du Guide Michelin texan… Sa vie se construit alors sur des cartons à peine déballés. Comme il le dira lui-même, « mes parents étaient des gens bien, mais ils ont perdu pied, décrochant totalement de la société. Soit je sombrais avec eux, soit je sortais la tête de l'eau seul pour faire mon propre chemin ». La musique n'entre pas vraiment à un moment précis de sa vie. Ryan Bingham ne s'est jamais séparé d'une acoustique offerte par sa mère dès son plus jeune âge mais sans savoir vraiment s'en servir… Il reste fasciné par un de ses voisins chicanos qui joue de la musique mariachi et lui enseigne alors qu'il a 17 ans quelques accords de base en partageant avec lui sa bouteille de Black Jack… C'est à cet âge que, las du chaos familial, il trace on the road. Les quelques trucs de rodéo enseignés par son oncle lui permettent de participer à de nombreuses réunions entre le Mexique et le Texas : jambes cassées, poigné cassé, gros orteil cassé, main droite cassée, dents du haut cassées, logique que sa voix le soit un jour elle aussi…


Logique aussi que son premier album, Mescalito, publié en 2007, sente la poussière d'arène. Mais pour de bon. Et lorsqu'il n'affronte pas des bestioles qui finissent à l'abattoir, Bingham sort sa guitare et chante la seule chose qu'il connaisse : sa vie. Le bonhomme s'est toujours contenté d'écouter de la musique de vieux. Celle qui sortait du jukebox du rade de son oncle. Que du 100% sixties et seventies, entre Dylan, Bob Wills et, sommet d'avant-gardisme, Marshall Tucker Band… Comprendre que dans les années 90, notre cowboy du Troisième Millénaire n'a jamais eu sa phase Nirvana comme tous kids ricains dignes de ce nom… Tout bascule lors d'une fiesta organisée par le chanteur songwriter texan Terry Allen. Bingham est là. Tout comme Joe Ely, Guy Clark, Butch Hancock, Jimmie Dale Gilmore, Robert Earl Keen et même David Byrne (qui collabora d'ailleurs avec Allen pour la B.O. du film True Stories que l'ancien leader des Talking Heads réalisa en 1986). Sur scène, le jeunot se sent vite à son aise au milieu de ses statuts du commandeur made in Lubbock. Ely est sur le cul ! Et Terry Allen le range direct aux côtés des Woody Guthrie et Hank Williams. Euh… Quelques mois plus tard, Marc Ford, ancien guitariste des Black Crowes, est au King King lorsque Bingham balance ses histoires poussiéreuses aux Californiens entassés ce soir-là. L'électrochoc ! Il ne lâchera plus le songwriter de Hobbs. Et s'installera même derrière la console de Mescalito qu'il produit pour le label Lost Highway, la Rolls de l'americana qui a vu défiler Johnny Cash, Lucinda Williams, RyanAdams, Mary Gauthier, les Jayhawks, Shelby Lynne, Tift Merritt et Willie Nelson.


Ryan Bingham ne révolutionne rien avec ce premier opus. Ni avec les suivants : Roadhouse Sun (2009), Junky Star (2010), Tomorrowland (2012), Fear and Staurday Night (2015) et American Love Song (2019). Il prolonge juste cette tradition de narration minimaliste, sculptée à l'anecdote des montagnes russes de sa courte vie, ponctuée par de la slide au papier de verre, mouchetée de guitares poilues et infusée à un certain rock classique louchant vers les Stones d'Exile On Main Street, Dylan, les Black Crowes, Ryan Adams ou le Springsteen de Nebraska. Avec sa vraie-fausse filiation Townes Van Zandt/Steve Earle, cet opus est parfaitement équilibré entre clichés et personnalité. Et même en utilisant comme mille autres avant lui, whiskey, route, poussière, rodéo, cœur brisé et errance, ses disques dégagent une franchise qui en fait sa raison d'être. Et puis il y a cet organe impressionnant de quadra qui a tout vécu et le narre avec son haleine de scout pas frais. Ce chant whiskey/clopes qu'aux Etats-Unis le magazine Rolling Stone décrit comme celui du père de Steve Earle…


Pour Bingham, faire de la musique, « c'est comme avoir une conversation avec quelqu'un. Je croise des types qui font le même genre de choses que moi, et je peux tout de suite dire s'ils ont vécu ce qu'ils racontent ou pas. Pas dure de voir quand un mec pipeaute. » Une chose est sûr, Ryan Bingham ne pipeaute pas. © Marc Zisman

Discographie

24 album(s) • Trié par Meilleures ventes

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