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Radu Lupu

Adoré des mélomanes du monde entier, Radu Lupu refuse d’enregistrer des disques depuis le début des années 1990, allant même jusqu’à vouloir rembourser sa maison de disques et à racheter les masters de 2 sonates de Schubert dont il n’est pas satisfait et dont il a interdit la publication. Le pianiste roumain refuse aussi que ses concerts soient diffusés et ne donne jamais d’interview. Son attitude n’est pas un caprice de star, mais bien celle d’un homme inquiet, tourmenté et extrêmement compliqué.


Impitoyablement exigeant envers lui-même, Radu Lupu vit chaque note comme si sa vie en dépendait en étant jamais satisfait du son qu’il produit. « Le musicien doit sans cesse écouter en lui-même si la lumière, l’ombre et la couleur sont juste à leur place, telles qu’il les entend intérieurement » lui avait dit son professeur à Bucarest. Radu Lupu n’a jamais oublié ce conseil fondamental, déjà donné à son ancien élève Dinu Lipatti, il en a même fait sa règle de vie ; simplement jouer ce qui est écrit, ce qui est la quadrature du cercle pour un interprète.


Radu Lupu a réduit son répertoire en proportion inverse de sa maturité grandissante, ne retenant qu’un très petit nombre de compositeurs inlassablement joués : Mozart, Beethoven, Schubert et Brahms. Avec son air austère aux allures d’un moine perdu sur la scène, calé dans sa chaise pour conjurer son mal de dos chronique, il semble entrer dans un état second dès qu’il effleure le clavier, ignorant même le public venu l’écouter. Avec une science infinie il délivre des basses profondes, des aigus biens timbrés, utilisant largement la pédale, en modelant le galbe de la musique comme un sculpteur les doigts dans la glaise. L’alchimie se fait ou ne se fait pas, quand, par le hasard d’un mauvais jour, l’inspiration ne le visite pas.


Pianiste du murmure et de la confidence, Radu Lupu se fait aussi de plus en rare au concert, mais il nous laisse tout de même une discographie de choix datant de l’époque où il acceptait encore le jeu médiatique et celui des studios d’enregistrement, avant que le « micro le rende idiot » comme il dit en forme de boutade.


En 2010, DECCA a publié la somme de ses disques dont des œuvres de Schubert et de Brahms qui nous plongent dans les rêves les plus lointains et les plus contemplatifs. On le retrouve aussi à 4 mains avec ses amis Murray Perahia et Daniel Barenboïm avec lequel il partage de nombreuses idées sur la vie, sur la musique et sur la politique. Parmi cette moisson, il y a quelques concertos : Mozart, Brahms, Grieg, Schumann. Il est aussi le partenaire occasionnel des violonistes Szymon Goldberg et Kyung Wha Chung.


A défaut de pouvoir s’embarquer sur une île déserte, on pourra toujours emporter avec soi son album consacré au dernier Brahms dans le jardin secret que l’on voudrait tous avoir. Mais qui joue ces opus crépusculaires (op. 79, 117, 118 & 119) comme Radu Lupu ? Son piano liquide, moelleux, murmuré et à la limite du silence nous vrille l’âme.


© François Hudry/QOBUZ/mars 2018

Discographie

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