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Leon Fleisher

Lorsqu’un golfeur, un joueur de cricket, un tennisman, un champion de billard est affecté de dystonie focale – qui l’empêche d’effectuer certains mouvements spécifiques de son jeu en provoquant des petits spasmes ou des contractions localisées -, on appelle ça « le yips »,
sans doute une onomatopée anglophone pour évoquer les « oups » de désagrément. Mais cela n’arrive pas qu’aux sportifs : les pianistes aussi sont parfois affligés de ce syndrome, et le cas le plus retentissant est sans doute celui de Leon Fleisher (* 1928). Après ses débuts retentissants à l’âge de seize ans avec rien moins que le Philharmonique de New York et Monteux à la baguette (qui le nomma « la découverte pianistique du siècle »), il se lança dans une fulgurante carrière planétaire : enregistrements à tour de bras, concerts avec les plus grands orchestres et chefs… Mais après une quinzaine d’années de ce régime, Fleisher est victime de ladite dystonie focale qui lui interdit l’usage de la main droite. Certes, il se lancera à corps perdu dans l’exploration du répertoire pour la main gauche, tentera aussi sa chance comme modeste chef d’orchestre, mais sans jamais perdre de vue un possible rétablissement.



Et après quelque quarante ans de main gauche, le miracle (médical et personnel, pas de Loures à l’horizon) se produisit : Fleisher retrouva un usage tout à fait remarquable de sa main droite, de sorte qu’en 2004 parut un enregistrement tout simplement appelé « Deux mains ». Certes, la grande virtuosité n’est pas au rendez-vous, mais qu’importe, il y a une vie après Liszt, et ce que Fleisher n’a pas retrouvé en capacité mécanique, il l’a sublimé en profondeur d’émotion et en tendresse de discours. Peu de pianistes, toutes époques confondues, ont atteint un tel niveau de transcendance, de phrasé, de continuité mélodique, de chant instrumental. De là à conclure que seule la douleur et une longue introspection permettent de tels développements… le raccourci est hardi, voire grossier, car d’autres
pianistes « valides » savent parfois développer un tel langage. Disons que la relative fragilité mécanique s’est sublimée en absolue tendresse dans la plus profonde et sincère maturité, sans affect, sans effets de manche, sans superflu. Ne manquez pas Leon Fleisher, le plus stupéfiant retour à la vie musicale en ce début de XXIe siècle.
On distingue trois grandes périodes dans la vie discographique de Fleisher. L’avant-dystonie, où il a beaucoup enregistré avec l’Orchestre de Cleveland et Georg Szell : les concertos de
Beethoven, Brahms, Schumann, Grieg, , ainsi que de très grandes œuvres pour piano solo, y compris quelques incursions dans le monde contemporain d’alors avec Rorem, Copland ou Roger Sessions. Ensuite, la traversée du désert – des années 60 au début du XXIe siècle
– pendant laquelle il s’est limité au répertoire pour la main gauche, en particulier celui qui fut composé sur l’instigation du pianiste Paul Wittgenstein : concertos de Ravel, Prokofiev, Britten, Hindemith, ainsi que quelques rares œuvres de musique de chambre avec piano-maingauche, et aussi les pièces à caractère didactique transcrites pour la main gauche solo. Puis le retour à la vie avec le célèbre album Two Hands et des enregistrements d’œuvres ne faisant pas appel à une trop grande virtuosité : concertos de Mozart, quelques sonates de Schubert, ou encore le Quintette avec piano de Brahms en guise d’arche avec sa première carrière, car il l’enregistra en 1963 avec le Quatuor Juilliard puis à nouveau quarante-trois ans plus tard avec le Quatyuor Emerson !

Discographie

68 album(s) • Trié par Meilleures ventes

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