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Georges Brassens

Il a mis la poésie au quotidien, l'a fait entrer dans les foyers les plus modestes, est devenu, pour des générations de jeunes (et de moins jeunes), l'équivalent d'un François Villon ou d'un Victor Hugo. Parmi ses disciples, citons Georges Moustaki (qui a choisi de porter le même prénom que son idole), mais aussi Maxime Le Forestier, Yves Duteil, Renaud, Francis Cabrel.

Né à Sète le 22 octobre 1921, Georges Brassens nous quittera le 29 octobre 1981 ayant à son actif quatorze albums enregistrés entre 1952 et 1976, une centaine de chansons, le Grand Prix de l'Académie Française en 1967 et la mise en musique des poèmes de François Villon, Paul Verlaine, Paul Fort, Louis Aragon. Du Gorille au Copains d'abord, de la Chanson pour l'Auvergnat aux Amoureux des bancs publics, de la Mauvaise réputation à Je me suis fait tout petit, des Trompettes de la renommée à la Non demande en mariage, Georges Brassens aura enchanté le monde de la poésie. « Tout ce qu'il raconte est absurde ou immonde » écrit son ami et ancien professeur de français, Alphonse Bonnafé, «  Sa vogue est un défi au bon sens et au bon goût. Il démystifie, il désintoxique, il est l'ennemi d'une société ennemie de l'homme. Quiconque ne l'aime pas est jaugé et jugé.  ».

Sa mère est très catholique, son père libre penseur et anticlérical, mais tous deux ont un goût prononcé pour la musique. L'écoute de Mireille, Jean Nohain, Tino Rossi, Ray Ventura et ses Collégiens les réunit. Le petit Georges, lui, avoue un penchant pour les rythmes modernes venus d'outre-Atlantique comme le jazz, et pour Charles Trenet en particulier. L'enfant intègre l'institution catholique des sours de Saint-Vincent mais est mauvais élève. Pour le punir, sa mère le prive des cours de musique qu'il réclame. Son professeur de français, Alphonse Bonnafé, l'accompagnera dans ses goûts pour la musique et la poésie. L'enseignant lui conseille plus de rigueur et l'intéresse à la technique de la versification et de la rime. Mais ce goût pour la musique et la poésie ne le détache pas du «  sirop de la rue   ». Georges aime la bagarre, les «  quatre cents coups   » ; il se fera même prendre, à la veille de la déclaration de la guerre en 1939, dans une rixe qui mettra la ville en émoi. La réaction, pleine de bon sens de son père, l'impressionnera énormément et le fera progresser dans l'image qu'il se construit de la vie, «  J'ai alors essayé de conquérir ma propre estime (.) d'égaler mon père.  . À cette époque, il pense un moment devenir maçon comme son père le lui suggère.

Il persuade ses parents de le laisser tenter sa chance à Paris et quitter Sète où sa réputation n'est pas au mieux à la suite de sa mésaventure d'adolescent. Hébergé chez sa tante à Paris, Georges approfondit la connaissance de la musique en travaillant de manière autodidacte le piano qui trône dans la salle à manger. Il passe beaucoup de temps dans la bibliothèque municipale de son quartier, afin d'approfondir sa connaissance de la poésie et apprendre par coeur les poèmes de ses idoles : Villon, Baudelaire, Verlaine, Hugo.

En février 1943, il n'échappe pas au STO (Service du travail obligatoire) que l'Allemagne nazie a imposé au gouvernement de Vichy. Il restera à Basdorf, près de Berlin jusqu'en mars 1944, travaillant à la manufacture de moteurs d'avions BMW. Profitant d'une permission qui le ramène à Paris, il ne retournera jamais en Allemagne.

Recherché par la Gestapo, il décide de se planquer chez sa tante Jeanne Planche, au 9 impasse Florimont. Le confort est des plus précaires, pas d'eau chaude, pas de gaz, pas d'électricité. Et dans la cour, une vraie ménagerie, chiens, chats, canaris, tortues, buse. et la fameuse cane qu'il célébrera dans l'une de ses chansons. Levé et couché avec le soleil, rythme qu'il conservera toute sa vie, il est loin de se douter qu'il restera vingt deux ans dans cette maison, cultivant un sens de l'inconfort dont il s'accommode fort bien !

À la Libération, le 25 août 1945, Georges reprend ses habitudes. Il retrouve sa carte de bibliothèque, ses amis de Basdorf avec lesquels il écrit un journal à tendance anarchiste Le Cri des gueux mais qui ne connaîtra qu'un seul numéro faute de financement. Sa tante Jeanne lui achète sa première guitare. Il s'implique dans des mouvements, tous à tendances anarchistes, et écrit dans quelques publications de cette veine avec une violence verbale qui ne fait pas l'unanimité de ses amis.

En 1946, il ressent ses premiers maux de reins accompagnés de crises de coliques néphrétiques. Il se consacre de plus en plus à l'écriture de ses chansons, relatant discrètement ses quelques rares aventures féminines et souvent, secrètes. En 1947, il rencontre celle qui sera enterrée à ses côtés. Pour elle, avec laquelle il ne cohabitera pas ni n'épousera, il écrira quelques-unes de ses plus belles chansons d'amour dont Je me suis fait tout petit (devant une poupée). Petite poupée, « Püppchen » en allemand, étant le surnom de Joha Heiman (1911-1999). Il lui dédiera entre autres : La non demande en mariage, Saturne, J'ai rendez vous avec vous.

La rencontre avec Jacques Grello du Caveau de la République sera déterminante. Ce dernier lui conseillera de s'inscrire à différentes auditions et de ne s'accompagner sur scène qu'avec sa guitare. Georges Brassens n'a pas l'intention de devenir chanteur ; paralysé par le trac, mal à l'aise sous les projecteurs, il préfèrerait vendre ses chansons à des vedettes. C'est Patachou qui, la première, s'intéressera à cet artiste, lui proposant même de se produire dans son propre restaurant-cabaret. Elle lui prêtera même son contrebassiste, Pierre Nicolas. Ce dernier lui restera fidèle jusqu'à la fin. Patachou communique son enthousiasme à Jacques Canetti, directeur des Trois Baudets et directeur artistique chez Philips. Dans la foulée, Canetti l'engage et lui fait enregistrer, le 19 mars 1952, dans le studio de la salle Pleyel Le gorille et le Mauvais sujet repenti. La chanson Le gorille choque et il sera décidé de la sortir sur le jeune label Polydor. Le réalisateur de cinéma Jacques Becker intégrera l'une de ses chansons (Le parapluie) dans la bande original de son film « Rue de l'Estrapade ». Il commence à tourner en première partie de Patachou et des Frères Jacques, en France, en Suisse, en Belgique, et la télévision le film à L'Alhambra. Il enchaîne ensuite avec Les Trois Baudets avant de débuter dans sa « salle fétiche », Bobino. Patachou enregistre un album constitué uniquement de ses chansons. Mais Brassens qui a longtemps hésité entre une carrière de poète ou de chanteur, s'est pris au jeu. Il cisèle ses textes, revient sur des tournures de phrases, change des mots, peaufine une image jusqu'à trouver pleine satisfaction. D'autre part, il aime la présence et les réactions du public.

En octobre 1953, c'est la consécration, il triomphe en tête d'affiche à Bobino. Brassens arbore sa dégaine d'ours mal léché, sa pipe et ses moustaches en guise d'effigie. Le verbe libre, imagé et frondeur est pourtant soumis au carcan d'une métrique et d'un classicisme scrupuleux, «   Il a le goût des tournures anciennes, le culte des copains et le besoin de solitude, une culture littéraire et chansonnière pointue, un vieux fond libertaire, hors de toute doctrine établie, mais étayé par un individualisme aigu, un antimilitarisme viscéral, un anticléricalisme profond et un mépris total du confort, de l'argent et de la considération  » peut-on lire à son sujet. En 1954, il est distingué par l'Académie Charles Cros et passe deux fois (trois semaines d'affilées) à l'Olympia puis (trois semaines encore) à Bobino.

En 1955, le succès aidant, le chanteur achète la maison des Planche et celle d'à côté afin de l'agrandir, il y installe l'eau et l'électricité et la leur offre. La nouvelle radio Europe N°1 diffuse ses chansons interdites. En 1956, il devient même animateur sur cette antenne. En 1957, Brassens et son ami Pierre Onténiente, devenu son secrétaire-impressario, créent les éditions 57. Entretemps, il tourne aux côtés de Pierre Brasseur et Dany Carrel dans un film de René Clair La Grande ceinture d'après le roman de son ami René Fallet. En 1958, pour vivre comme il l'entend et recevoir ses amis, il achète le Moulin de la Bonde, au bord du Ru de Gally, à l'extérieur du village de Crespières dans les Yvelines. Fin des années cinquante, début soixante, il alterne les tours de chant entre Bobino et l'Olympia et poursuit ses tournées en Suisse, Italie, Belgique, Canada, Afrique du Nord, etc. En 1961, il sort un disque en hommage à Paul Fort, mort l'année précédente où sont réunis les sept poèmes qu'il a mis en musique.

En avril 1962, il fête à ses dix ans de carrière dans son théâtre fétiche : Bobino. Le 15 mai, il monte un spectacle en hommage à Paul Fort, au théâtre Hébertot. Le 5 décembre, un souvenir douloureux l'éloignera à jamais de l'Olympia où il doit chanter trois semaines d'affilées. Le soir de la première, il souffre de coliques néphrétiques. Il souhaite annuler mais se trouve contraint d'honorer toutes les dates, sur l'insistance de Bruno Coquatrix et ce jusqu'au 24 décembre inclus. Chaque soir, une ambulance l'attend. Le 31 décembre 1962, sa mère meurt.

En 1963, sa chanson Les trompettes de la renommée est gratifiée de meilleure chanson de l'année par la SACEM qui lui décerne le Prix Vincent Scotto. En octobre, le numéro 99 de la très sélective collection Poètes d'aujourd'hui, qui paraît chez les libraires, lui est entièrement consacré. C'est son ami, et ancien professeur de français, Alphonse Bonnafé, qui est l'auteur de ce livre. Brassens est ainsi, après Léo Ferré, le deuxième auteur de chansons à figurer dans cette collection. Dans son journal, René Fallet consigne : «  C'est le triomphe enfin avoué et officiel de ceux qui, voilà dix ans, criaient au poète pour les sourds  . »

En 1963, pour son coffret célébrant ses dix années d'enregistrement, soit un coffret de six 33 tours présentant quatre vingt chansons, le chanteur reçoit le Grand Prix international du disque de l'Académie Charles Cros des mains de Marcel Aymé. L'année suivante est marquée par opérations des reins, afin de le soulager de ses crises de coliques néphrétiques dont il souffre atrocement. Sa convalescence sera longue mais lui permettra quand même de remonter sur les planches, à Bobino, en septembre.

La chanson la plus célèbre de Georges Brassens est sans doute Les copains d'abord qu'il compose et écrit en 1965 pour le générique du film d'Yves Robert Les copains. Un succès populaire qui entraîne des ventes impressionnantes et une série de concerts triomphaux à Bobino. La même année, sa chanson Les deux oncles, où il évoque les deux camps qui s'affrontèrent durant la seconde guerre mondiale, ne fait pas du tout l'unanimité, dérangeant même quelques-uns parmi ses plus fidèles admirateurs.

1966 est l'année de la rencontre, par deux reprises, avec son idole, Charles Trenet. C'est aussi l'année de son déménagement de l'impasse Florimont vers un duplex près de la place Denfert Rochereau, près de son ami Jacques Brel. À l'occasion des adieux de ce dernier au Music Hall, Brassens lui écrit le texte de son programme à l'Olympia. De mi-septembre à mi-octobre, c'est Juliette Gréco qui assure la première partie de Brassens au TNP (Théâtre National Populaire). Avec humour, il chante sa Supplique pour être enterré sur la plage de Sète et, chaque soir, donne des nouvelles de sa santé afin de répliquer aux rumeurs. En mai 1967, une nouvelle crise le contraint à interrompre une tournée pour subir une deuxième opération des reins. Un mois plus tard, l'Académie Française lui décerne le Grand Prix de poésie pour l'ensemble de son oeuvre. À cette occasion, Brassens dit «  Je ne pense pas être un poète. Un poète, ça vole quand même un peu plus haut que moi. Je ne suis pas poète. J'aurais aimé l'être comme Verlaine ou Tristan Corbière   ». Nouveau déménagement pour le chanteur, cette fois-ci dans une maison du quartier Saint-Lambert et nouvelle série de concerts à Bobino, en octobre. 1969 est aussi l'année de Heureux qui comme Ulysse, une chanson écrite par Brassens, dont la musique est signée Georges Delerue, pour les images du film d'Henri Colpi avec Fernandel en vedette.

Dans les années 70, la nouvelle génération célèbre l'homme de 50 ans aux vingt années de carrière. Philippe Chatel, Maxime Le Forestier, Pierre Louki chantent en alternance avec lui à Bobino fin 1972 et début 1973. En réponse aux polémiques qui suivirent sa chanson Les deux oncles, Brassens écrit Mourir pour des idées. En 1973, il participe à une soirée spéciale contre la peine de mort au Palais des Sports. Cette année-là, où il effectue ses dernières tournées françaises, il entre dans Le Petit Larousse.

En 1976, Georges Brassens s'installe pour cinq mois à Bobino et chante Fernande et Trompe-la-mort dans laquelle il dit C'est pas demain la veille, bon Dieu, de mes adieux. Le 20 mars 1977, jour de la dernière, sera aussi le dernier récital qu'il donne, personne ne s'en doute, même pas lui. Un cancer de l'intestin est diagnostiqué et se généralise. Brassens n'enregistre plus qu'en de très rares occasions et pour des amis ; avec de célèbres jazzmen réunis par son ami Moustache en 1979 ; pour son ami Lino Ventura en faveur de l'association Perce-Neige ; pour Philippe Chatel, il joue le rôle du hérisson dans Emilie Jolie. Il continue d'écrire des chansons mais n'a plus la force de les enregistrer. Son ami Jean Bertola le fera après sa mort, un disque qui sera salué par l'Académie Charles Cros.

Brassens aura le temps de fêter son soixantième anniversaire. Il meurt le 29 octobre 1981 et est inhumé au cimetière de Sète. Sa compagne, Joha Heiman mourra le 19 décembre 1999 et sera enterrée à ses côtés.

Georges Brassens est chanté et traduit dans plus d'une vingtaine de langue, son oeuvre est toujours célébrée et plus d'une cinquantaine de thèses lui sont consacrées. Quand on flâne dans ses couplets, on s'aperçoit que trois sujets n'ont, au cours de sa vie d'auteur-compositeur-interprète, cessé d'être évoqués par lui. L'amour bien sûr, heureux, tragique, gai ou mélancolique. Le temps qui passe, ensuite, thème sur lequel Georges Brassens se laisse parfois aller à la gravité, contrairement à ses habitudes.
Il est morne, il est taciturne
Il préside aux choses du temps
Il porte un joli nom Satyrne
Mais c'est un dieu fort inquiétant

La mort, enfin, à laquelle non seulement nombre de ses chansons sont consacrées, mais qui, comme par inadvertance, apparaît souvent dans des strophes plus légères où, en principe, elle n'a nulle place.
Tant pis si les croque-morts me grondent
Tant pis s'ils me croient fou à lier
Je veux partir pour l'autre monde
Par le chemin des écoliers.


Discographie

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