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Ernest Ansermet

Chef d’orchestre, mathématicien, philosophe,  Ernest Ansermet reste dans la mémoire du XXe siècle comme l’interprète idéal des compositeurs de son temps, Debussy, Ravel, Roussel, Bartók, Prokofiev, Martinu, Berg, Honegger, Frank Martin et Benjamin Britten qui furent tous ses amis plus ou moins proches. Engagé par Serge de Diaghilev, sur le conseil de Stravinsky, comme chef d’orchestre des Ballets Russes pour une grande tournée américaine en 1916, puis pour des spectacles à Paris, Londres et Rome, on lui doit une impressionnante série de créations mondiales, parmi lesquelles Parade d’Erik Satie, Le Tricorne de Manuel de Falla, Le Plumet du Colonel d’Henri Sauguet, Le Viol de Lucrèce de Britten,  Chout de Prokofiev, la Symphonie N° 1, d’Aaron Copland, de très nombreuses œuvres de compositeurs suisses comme Arthur Honegger et Frank Martin. Mais le nom d’Ansermet est indissociable de celui de son cher ami Stravinsky dont il créée les œuvres qu’il voyait souvent naître au jour le jour : Le Chant du Rossignol, Capriccio pour piano et orchestre (avec l’auteur au piano), Pulcinella, L’Histoire du Soldat, Les Noces, Renard, la Symphonie de Psaumes et la Messe pour chœur mixte et double quintette à vents.


De par sa position historique et son intérêt pour l’enregistrement sonore, Ernest Ansermet a gravé toute une série de premières mondiales au disque qui ont aujourd’hui une indiscutable valeur de référence, car le chef entretenait des rapports étroits avec les compositeurs et a souvent discuté avec eux du rythme, du tempo et de l’allure générale de leurs œuvres, avec un savoir faire et une précision absolument sans pareils. L’art de ce chef d’orchestre suisse, né en 1883 et mort en 1969, était un savant mélange d’analyse, de clarté latine et de poésie, sans que jamais son ego ne vienne interférer sur les musiques qu’il dirigeait. Il estimait qu’il était inutile d’ajouter à la musique des sentiments qu’elle contenait déjà dans son essence, cherchant sans cesse « le sentiment juste ». « Je pars de l’idée que l’auditeur est apte à comprendre et qu’en conséquence il suffit, pour autant que j’y réussisse, de laisser parler la musique sans recourir à des effets que l’on peut toujours produire, mais aux dépens de la vérité. » Ce postulat, ajouté à sa réflexion philosophique consignée dans son important ouvrage « Les Fondements de la musique dans la conscience humaine » qui s’inspire de la phénoménologie de Husserl ont durablement contribué à construire une fausse image de ce chef que l’on a un peu vite taxé de théoricien froid et exclusivement intellectuel.


Il suffit, 50 ans après sa mort, d’écouter ses très nombreux enregistrements excellemment enregistrés par DECCA de 1947 à 1969, pour constater que la précision n’est pas une tare et qu’elle sert au contraire à rendre intelligible et sensible toute musique. En outre, si Ansermet est certes l’interprète idéal des compositeurs de la première moitié du XXe siècle, il est aussi passionnant de le découvrir dans le répertoire classique et romantique, comme ces Symphonies Parisiennes de Haydn dont il réalise le premier enregistrement intégral, les Symphonies de Beethoven gravées pour la première fois en stéréophonie dès la fin des années cinquante et auxquelles il insuffle une objectivité nouvelle qui est très proche des préoccupations d’aujourd’hui ou encore de l’intégrale des Symphonies de Brahms qui conjugue à merveille une vision germanique et une latinité leur donnant clarté et fluidité.


Ernest Ansermet était, selon le mot du critique Claude Rostand, un « abonné » aux prix du disque dans le monde entier, il a reçu en outre le Grand Prix du Disque pour l’ensemble de ses enregistrements, fait absolument rarissime. Il fut, avec Bruno Walter, le premier chef « historique » dont on a réédité les enregistrements sur le nouveau support du disque compact au début des années quatre-vingts. Certains de ses enregistrements n’ont jamais quitté les catalogues, comme ses disques consacrés à Stravinsky, les trois ballets de Tchaikovski, Le Tricorne de Manuel de Falla avec Teresa Berganza, Shéhérazade de Ravel et Pelléas et Mélisande de Debussy avec Suzanne Danco ou Les Nuits d’été avec Régine Crespin, sans parler de Debussy et Ravel dont il fut un des ardents propagateurs. Passionné par la restitution sonore, Ernest Ansermet a été également un auxiliaire précieux pour DECCA, toujours prêt à expérimenter de nouvelles techniques, comme par exemple la stéréophonie dont l’invention l’enchante et pour laquelle il écrit immédiatement des articles enthousiastes. Le tout premier essai stéréophonique de DECCA, Antar de Rimsky-Korsakov, a d’ailleurs été réalisé en 1954 sous la baguette d’Ansermet et est disponible aujourd’hui avec un son splendide. Suivant de près l’évolution de la technique, il a réenregistré à plusieurs reprises son répertoire au fur et à mesure des progrès techniques. De nombreux ouvrages ont été écrits sur ce chef d’orchestre exceptionnel et sa volumineuse correspondance avec des compositeurs du monde entier, publiée en plusieurs volumes, est une mine de renseignements et une source à laquelle on n’en finit pas de s’abreuver.


© FH – décembre 2017 /Qobuz

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