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Elsa Dreisig

A l’heure de la mondialisation de la musique, on pouvait craindre que les particularismes linguistiques de l’opéra ou de la mélodie passent au second plan. Crainte totalement balayée à l’écoute du premier disque d’Elsa Dreisig que vient de publier Erato, car, avant même d’écouter sa voix et ses qualités vocales évidentes, c’est cette diction française exceptionnelle, dans toutes les tessitures, dans toutes les notes et dans toutes les voyelles qui vient agréablement nous sauter aux oreilles.

Née en 1991 des amours d’une soprano danoise et d’un baryton français, Elsa Dreisig commence à chanter au sein de la maîtrise de l’Opéra royal de Wallonie puis de celle de l’Opéra de Lyon, genre d’établissements qui représentent souvent des pépinières de chanteurs en herbe et dont l’enseignement rigoureux débouche souvent sur de belles carrières. Suivent alors la classe de chant du CNSM de Paris, puis de son équivalent allemand, la Hochschule für Musik, à Leipzig. Elsa Dreisig a 22 ans lors de ses débuts scéniques dans cette ville pour le Wildschütz de Lortzing puis dans la Semiramide de Hasse, passant facilement du romantisme allemand au baroque sous influence italienne.

On la retrouve peu après à Paris dans la production opératique des Parapluies de Cherbourg de Michel Legrand, aux côtés de Natalie Dessay et Laurent Naouri. Elle intègre dans la foulée l’Opéra Studio de l’Opéra de Berlin sous la direction de Daniel Barenboïm où elle est successivement Papagena puis Pamina dans la Flûte enchantée de Mozart.

Révélée par les Victoires de la musique classique en 2016, Elsa Dreisig, véritable étoile montante du chant, a fait littéralement un tabac lors de son récital avec l’Orchestre National Montpellier Occitanie le 9 octobre 2018, rappelée sans fin par un public électrisé qui ne voulait pas la lâcher. C’est avec cette phalange, sous la direction de son compatriote Michael Schønwandt, que la jeune chanteuse vient de réaliser un premier enregistrement aussi réussi qu’intelligemment conçu avec des extraits d’opéras choisis comme autant de figures féminines en miroirs subtils.

Volontiers frondeuse, la jeune femme a des certitudes, comme celle, dès l’âge de 4ans, qu’elle serait cantatrice. Elle veut aussi « casser l’idée reçue qui veut que certains rôles ne puissent être abordés avant un certain âge » avoue-t-elle à la journaliste Marie-Aude Roux. Un pari largement tenu dans ce premier album où la chanteuse franco-danoise aborde la scène finale de Salomé (dans sa version originale en français) avec une insolente maîtrise et un fort potentiel érotique habituellement dévolu à une soprano dans la maturité de sa carrière.

Premier récital en forme de manifeste, véritable coup d’éclat dans le monde feutré de la musique classique grâce au total engagement d’Elsa Dreisig, à sa technique éblouissante et à la beauté lumineuse de sa voix. Une mise sur orbite désormais à suivre avec la plus grande attention. © François Hudry/QOBUZ

Discographie

15 album(s) • Trié par Meilleures ventes

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