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Duke Ellington

En véritable alchimiste, Duke Ellington sut transformer la musique de jazz, alors musique de distraction, en art. Il est l’un des plus importants compositeurs-arrangeurs et chefs d’orchestres de l’histoire du jazz, conservant son big band en activité durant presque 50 ans. Ces deux aspect de sa carrière sont en étroites relations, utilisant son orchestre tel un laboratoire pour affiner son écriture tout en laissant libre court à ses solistes afin d’enrichir encore le discours ; ces derniers lui resteront pour la plupart fidèles. Duke Ellington écrira également pour le cinéma, le théâtre, des mélodies et des chansons (plus de 3000) qui deviendront des standards repris par tous.



Fils d'un maître d'hôtel de la Maison Blanche, James Edward Ellington est né à Washington en 1899. Il grandit dans un environnement confortable. Il prend des leçons de piano dès l’âge de sept ans et s’intéresse à l’écriture dès son adolescence. En 1917, il abandonne l'école pour devenir professionnel. Il est d’abord employé dans des orchestres locaux, et, dès septembre 1923, un quintet dont il est membre, les Washingtonians, part pour une résidence à New York, sur Time Square, le Hollywood Club, qui deviendra plus tard, le Kentucky Club. A partir de 1924, ils enregistrent pour différentes maisons de disques et sous différentes appellations. Ce qui permet aujourd’hui, aux major companies, d’exploiter largement ces trésors et de les rééditer périodiquement. Le groupe s’est alors rapidement étoffé sous l’impulsion puis le leadership d'Ellington. Leur identité sonore est marquée par cette manière africanisante de jouer de la trompette bouchée tout en growlant qu’avait « Bubber » Miley et qui donnera naissance au style « jungle ». Leur premier succès, dans ce style unique, fut East St. Louis Toodle-oo que l’orchestre enregistra en novembre 1926 pour Vocalion Records puis en juillet 1927 pour Columbia. Mais c’est leur résidence au Cotton Club de Harlem, à partir du 4 décembre 1927 et durant trois ans, qui assure leur réputation nationale. Les retransmissions radiophoniques y sont pour beaucoup. Les succès s’enchainent. Notons, rien que pour l’année 1928, Black and Tan Fantasy, Creole Love Call, sur Victor , Doin' the New Low Down, The Mooche et Diga Diga Doo sur OKeh (sous le nom des « Harlem Footwarmers »).



Tout en maintenant son orchestre au Cotton Club, on entend l’orchestre s’exprimer dans les comédies musicales de Broadway, jouant la musique de George Gershwin, l’été 1929. L’année suivante, ils sont en Californie pour tourner un premier film, Check and Double Check. Le 78 tours qui en sortira sera récompensé autant pour sa face A, Three Little Words, chanté par le groupe vocal, les Rhythm Boys (avec le tout jeune Bing Crosby), que la face B, Ring Dem Bells, deux titres qui culminent dans les charts des années 30. C’est en 1931 que Duke Ellington laisse tomber le Cotton Club pour partir en tournée, une aventure qui ne se terminera qu’avec la mort du leader, 43 ans plus tard.



Les années 30 seront riches de succès sur disques, à commencer par Mood Indigo pour Victor. Sous le nom du « Jungle Band », l’orchestre d'Ellington enregistre Rockin' in Rhythm en 1931 pour Brunswick, Creole Rhapsody dont l’enregistrement s’étend sur les deux face du 78 tours, une manière pour Ellington de doubler la longueur des fatidiques trois minutes qu’imposait ce format contraignant. Parmi les succès de ces années 30 : Limehouse Blues (pour Victor), l’emblématique It Don't Mean a Thing (If It Ain't Got That Swing), dont le vocal est assuré par Ivie Anderson, et ce, trois ans avant la date officiel de ce style justement intitulé : swing. Autres succès de la décennie à atteindre l’une des cinq premières places des charts : Sophisticated Lady, I Let a Song Go out of My Heart et Stormy Weather, entre autres, et des versions « étendues » de Diminuendo in Blue et Crescendo in Blue ainsi que de ce morceau, co-écrit avec le trombone à piston, Juan Tizol, Caravan, qui deviendra un standards parmi les standards.


En 1939, le jeune compositeur-arrangeur-pianiste, Billy Strayhorn entre dans l’orchestre, il devient l’alter-ego du leader, au point que beaucoup ne distingue plus qui joue ou qui arrange et qui compose. Deux changements interviennent dans l’orchestre, ils seront déterminant dans la personnalité de ces disques, au point de baptiser ces années, les années Webster – Blanton, du nom de ce saxophoniste ténor, Ben Webster et de ce contrebassiste Jimmy Blanton. L’année 40, qui voit leur triomphe, est considérée comme la plus belle année, l’année parfaite du team Ellington-Strayhorn. Take the 'A' Train, dû à la plume de Strayhorn, devient l’indicatif de l’orchestre et rentrera dans les éternels des Grammy Hall Of Fame.



Durant les années de guerre en Europe, le marché du disque américain connu deux années de grève de l’enregistrement. Duke Ellington trouva néanmoins l’occasion d’étendre la durée de ses morceaux en enregistrant, pour la radio, sa première suite donnée au Carnegie Hall, Black, Brown and Beige. En ces années 40, Duke est toujours aussi créatif et ne cesse de composer. Les chanteurs s’emparent de ses morceaux, transformant parfois les titres d’origines pour les faire correspondre aux paroles. Ainsi Never No Lament devient Don't Get Around Much Anymore et Concerto For Cootie, Do Nothin' Till You Hear from Me.


A la fin de la guerre, la vogue des grands orchestres passe de mode et beaucoup de chefs d’orchestres doivent démanteler leurs orchestres, ce sera le cas de Count Basie. Duke Ellington maintient le sien envers et contre tous en sacrifiant ses droits d’auteurs. Avec l’avènement du bebop, le jazz n’est plus une musique de divertissement mais une musique de concert, joué en clubs ou porté, à la radio, par les chanteurs. Dans ce climat, Duke Ellington s’adapte tant qu’il peut. Il continue d’enregistrer des œuvres longues, s’entoure du parolier John Latouche, continue d’écrire pour le cinéma : écrit : The Asphalt Jungle.


La première moitié des années 50 est une période malgré tout difficile pour Duke Ellington qui voit beaucoup de ses solistes partir de son orchestre, ils reviendront plus tard, Cootie Williams, Johnny Hodges, etc. L’orchestre fera un retour en force dans le cœur des amateurs de jazz lors d’un concert exceptionnel au Newport Jazz Festival le 7 juillet 1956. L’enregistrement de ce concert, Ellington At Newport, avec un solo de 27 chorus d’affilé du saxophoniste Paul Gonsalves sur Dimuendo and Crescendo in Blue, va lui permettre de réaliser sa meilleure vente de disque, de signer un nouveau et formidable contrat pour Columbia et d’apparaître en première de couverture de la revue Time Magazine. A partir de ce moment-là, Duke Ellington ne cessera d’incarner le génie du jazz, tournant dans le monde entier, continuant d’enregistrer des suites orchestrales. Il compose, en 1959, la musique du film Anatomy of a Murder d’Otto Preminger qui lui rapporte trois Grammy Awards comme, meilleure performance pour un orchestre de danse, meilleure composition de l’année, meilleure musique de film. Il sera nommé pour un Academy Award l’année suivante pour la musique du film Paris Blues (1961). Deux ans plus tard, il présente sur scène (et sur disque) My People, une vaste fresque musicale racontant l’histoire du peuple afro-américain. C’est l’époque où il switche de Columbia au label de Frank Sinatra, Reprise Records, (qui sera racheté par Warner) et enregistre des albums plus commerciaux que ses fans vont lui reprocher mais qui montrent son activité débordante et créative. Il présente le premier de ses concerts sacrés à la Grace Cathedral de San Francisco le 16 septembre 1965 et continue d’écrire avec succès pour le cinéma : Assault on a Queen.


Duke Ellington est l’un des musiciens régulièrement primés par les Grammy Award, il remporte, en 1966, le Grammy de la meilleure composition originale pour In the Beginning, God extraite d’un de ses concerts sacrés. Son album Far East Suite, composé au retour d’une tournée en Orient remporte la meilleure performance jazz de l’année en 1967, devançant un sixième Grammy pour And His Mother Called Him Bill, hommage à Billy Strayhorn, qui venait de disparaître en 1967. New Orleans Suite aura un Grammy dans la même catégorie en 1971, tout comme la Togo Brava Suite, en 1972, et la posthume Ellington Suites en 1976. Duke Ellington n’a jamais cessé de tourner jusqu’à sa mort, il succombe d’un cancer du poumon doublé d’une pneumonie au printemps 1974.


Duke Ellington est un génie du jazz. Il est regardé et admiré en tant que tel. Formidablement créatif et prolifique, le compositeur passe les modes, sa musique est toujours jouée et étudiée. Très écrite, elle est faite d’improvisations où l’interprète et le soliste amène à la communauté, sa propre personnalité, enrichissant l’ensemble de sa différence et de sa vision. En ce sens, la musique de Duke Ellington définit l’identité propre du jazz, courant majeur du XXe siècle, lui assurant par la même sa pérennité, lui indiquant les voix à suivre. © JMP/Qobuz

Discographie

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