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Danyél Waro

En quatre décennies d’une carrière sans concession, Danyèl Waro a prouvé au monde que le maloya est une musique aussi universelle que le blues. Fils d’un petit cultivateur de canne à sucre, adhérent du parti communiste, Danyèl Waro reçoit le maloya en plein cœur lors d’une prestation de Firmin Viry pour un meeting politique. Danyèl Waro est alors adolescent et sa vie va en être transformée. En 1971, un an après ce concert, il intègre la troupe de Viry et s’imprègne de cette musique d’essence métisse. Il apprend à la jouer et s’initie à la fabrique des percussions traditionnelles, kayamb, roulèr et piqueur.

Son amour de la musique des mots, transmis par l’écoute attentive des chansons de Georges Brassens, l’entraîne vers l’écriture et sa fidélité au créole le pousse à en prouver la beauté. En 1976, cet anticolonialiste et antimilitariste est incarcéré deux ans à la prison de Rennes pour insoumission. Il y écrit le livre Romans ékri dans la zol en Frans, dans lequel il développe le concept de « batarsité », la fierté du mélange des origines. Batarsité, c’est aussi le titre de son second album, qui sort dix-huit ans plus tard après une vie partagée entre militantisme, culture de la terre, façonnage d’instruments et sèrvis kabaré, adaptations réunionnaises de rituels malgaches, dans lesquelles le maloya est la bande-son.


Reconnu comme l’un des maîtres du maloya et de la poésie créole à La Réunion, l’exportation de sa musique en métropole arrive avec le disque Foutan Fonnkér qui reçoit le Grand Prix de l’Académie Charles Cros en 1999. Danyèl Waro commence alors à sillonner le monde pour faire briller le maloya et le confronter à d’autres cultures. En 2003, il s’associe le temps d’un album avec l’harmoniciste de jazz Olivier Ker Ourio. Avec ses musiciens, il rend hommage en compagnie de Loy Ehrlich et René Lacaille au chanteur poète Alain Peters. En 2005, il se produit au festival d’Essaouira au Maroc avec des maîtres gnawa marocains. En 2006, il crée le spectacle Michto Maloya avec le compositeur sans frontières Titi Robin. En 2010, son disque Aou Amwin, qui est aussi couronné par un Grand Prix de l’Académie Charles Cros, contient des traces de ses collaborations avec le groupe de polyphonies corses A Filetta et avec le rappeur sud-africain Tumi Molekane. La même année, le Womex, marché international des musiques du monde lui remet son prix annuel, qui le place au même niveau que des personnalités aussi prestigieuses que Nusrat Fateh Ali Khan, Toto la Momposina ou Hugh Masekela.

En 2014, Waro est surpris d’entendre sa voix en intro d’un remix de Kanye West pour une chanson de Beyoncé Drunk in Love et choqué lorsqu’il réalise que le sample sauvage de son hommage à Nelson Mandela est juxtaposé à des propos sexistes – il entamera une procédure judiciaire. Partout où Danyèl Waro se produit, son immense énergie et la profondeur de son chant touchent le public durablement, mais l’homme reste modeste et fidèle à son statut d’artisan du maloya, musique autrefois interdite mais aujourd’hui connue et appréciée sur toute la planète en grande partie grâce à lui. © Benjamin MiNiMuM/Qobuz

Discographie

11 album(s) • Trié par Meilleures ventes

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