Bonga
Adolescent, José Adelino Barceló de Carvalho choisit le pseudonyme de Bonga Kuendo (celui qui se lève et qui marche) en prenant conscience des injustices infligées aux Angolais par le colonisateur portugais. Sa rébellion passe par la pratique de formes musicales traditionnelles rebita et semba (possible ancêtre de la samba brésilienne) transmises par son père et méprisées par les colons. Son groupe se nomme Kissueia, ce qui signifie en kimbundu « la misère des quartiers pauvres ». Dans les années 60, il est devenu un athlète de haut niveau et s’installe au Portugal, où il obtient même un record national du 400 mètres. La couverture est parfaite pour celui qui, en parallèle, s’est engagé dans le clandestin Mouvement populaire pour la libération de l’Angola. Mais en 1966, sa double vie est mise au jour par les services secrets, mais il s’enfuit avant d’être arrêté.
A Rotterdam, où il trouve refuge, Bonga travaille avec des musiciens cap-verdiens. Fruit de leurs échanges, l’album Angola 72 devient l’emblème de la lutte pour l’indépendance de son pays et un succès qui touche bien au-delà de la communauté lusophone. La déchirante chanson Mona Ki n'gui xiça devient un hymne. Deux ans plus tard, c’est à Paris que le chanteur à la voix éraillée enregistre Angola 74. Cet album qui confirme son statut de gloire nationale en exil, contient la magnifique Sodade, qui évoque la déportation des Cap-Verdiens vers les plantations d’Angola, transformé en succès mondial en 1992 par Cesaria Evora.
A Paris, Bonga vit pleinement sa carrière d’artiste au milieu d’une communauté cosmopolite stimulante. A la fin des années 80, il rentre au Portugal, mais ne peut toujours pas retourner en Angola où, à la fin de la colonisation, s’est instaurée une guerre civile entre partisans d’une politique alignée sur celle de l’Afrique du Sud et tenants d’un rapprochement avec l’URSS. Sa carrière se poursuit depuis l’Europe et, s’il est populaire dans son pays, ses chansons continuent à y être jouées clandestinement. Il doit attendre 2003 pour donner son premier grand concert à Luanda. Symbole des difficultés traversées par son pays et de la résistance face à l’oppression, Bonga est célèbre pour ses chants nostalgiques, mais il reste fidèle au tonique et joyeux semba. Pour autant, il ne dédaigne pas les croisements et les rencontres, en attestent ses duos avec les Cap-Verdiennes Cesaria Evora et Lura ou le Français Bernard Lavilliers. © Benjamin Minimum/Qobuz
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