André Cluytens
Né à Anvers le 26 mars 1905, d’un père (Alphonse Cluytens) répétiteur, premier chef d’orchestre au Théâtre Royal d'Anvers et d’une mère cantatrice (Ludovica Philomena Van Cauter qui meurt en 1906), André Cluytens (en réalité Augustin Cluytens) est l'un des rares chefs français de sa génération à jouir d'une renommée internationale incontestée — de sa brillante carrière en Allemagne à ses engagements à Vienne en Autriche et jusqu'aux Etats-Unis, Canada, URSS et Japon. Il le doit au musicien et au chef accompli qu'il fut, aussi à l'aise dans le répertoire symphonique que lyrique, grâce à son art consommé pour harmoniser les contraires : sobriété, clarté et précision rigoureuse ne s'opposant jamais à la passion et au lyrisme. De sa gestuelle, d'une parfaite maîtrise qui jamais ne bridait la souplesse du mouvement, émanait une autorité souriante et une grâce naturelle qu'il portait aussi sur le visage.
Il commence, enfant, à faire du violon mais l’abandonnera pour le piano qu’il étudie au Conservatoire de sa ville, et dont il sort en 1922 diplômé « avec grande distinction ». Il s'illustre, dès le début de sa carrière de pianiste, dans le Concerto n° 2 de Liapounov. Après avoir été embauché par son père comme chef de chant au Théâtre Royal d’Anvers, il apprend la direction d’orchestre sous l’égide paternelle. À 21 ans, il impressionne déjà la critique locale. En 1927, il est amené à diriger au pied levé Les Pêcheurs de perles de Bizet en remplacement de son père. Dès lors, les jeux seront faits : il sera chef d’orchestre et pour que sa carrière prenne forme, il se tourne vers la France.
De premier chef en 1932 au Capitole de Toulouse à second au Grand Théâtre de Lyon, puis premier chef au Grand-Théâtre de Bordeaux, il devient dès 1942 chef régulièrement invité de l’Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire avec lequel il va enregistrer ses premiers disques quand il prendra la direction musicale de l’orchestre à la suite de Charles Munch parti à Boston. Entretemps, il a pris la nationalité française (en 1939) et à cette occasion adopte le prénom d’André. Un an plus tard, il est appelé à l’Orchestre national dont la collaboration sera fructueuse. Puis l’Opéra de Paris en juin 1944 avec Le Vaisseau fantôme, Le Roi d’Ys et La Flûte enchantée. Et de 1947 à 1953 la direction musicale de l'Opéra-Comique.
Son répertoire se concentrera sur Liszt, Wagner, Beethoven, la musique russe (Moussorgski, Rimski-Korsakov, Chostakovitch, Borodine, Stravinski) et la musique française (Berlioz, Saint-Saëns, Franck, Debussy, Ravel...). Il y remportera les plus grands succès. « On est joyeux de saluer un homme qui semble bien avoir été mis au monde pour diriger, un homme qui ne bat pas seulement la mesure, mais qui anime, qui projette, qui transforme, qui transmet et qui galvanise » écrit Jean Wiener en novembre 1944.
Mais la Guerre va le malmener. En 1944, le comité d’épuration du Grand-Théâtre de Bordeaux le met à l’index, lui reprochant son comportement (compromissions, propos "germanophiles") non seulement avec le personnel mais avec l’occupant nazi. Également exclu de l’Opéra de Paris, il sera condamné pour indignité nationale, avec confiscation de ses biens et de son droit d’exercer son métier de musicien. Mais en 1946, la cour de justice le relèvera de cette peine pour services rendus à la Résistance. C’est avec la Société des concerts du Conservatoire qu’il reprendra son activité de chef pour en devenir en 1949 vice-président chef d'orchestre, poste qu'il conservera jusqu'à la fin de sa vie.
Excellent chef lyrique, il se révèle être un grand wagnérien (première apparition à Bayreuth en 1955 avec Tannhaüser : il est le premier chef français à y être invité) à propos duquel la critique allemande écrira : « un idéal sonore sensuel qui garde une clarté et une transparence harmonieuse nonobstant l’intensité extrême du sentiment.» Il y reviendra jusqu'en 1958 pour y conduire Les Maîtres chanteurs, Parsifal et Lohengrin.
Pendant vingt ans, Cluytens a été très étroitement lié à la vie musicale française à laquelle il a consacré beaucoup de son temps dont une partie à la création d'œuvres (entre autres The Rake's Progress de Stravinski, Les Mirages et Les Forains de Sauguet, Cinq danses rituelles et Poèmes intimes de Jolivet, les Trois Talas de Messiaen, Bolivar et le Concerto n°2 pour violon de Milhaud, et aussi des œuvres de Büsser, Aubin, Tomasi...).
Il enregistrera pour EMI sous la houlette de Walter Legge avec le Philharmonia, les Philharmoniques de Berlin et de Vienne. Mais sa collaboration si bien commencée avec le fameux label anglais ne sera pas reconduite en 1964 à l’expiration de son contrat : on lui refuse d’enregistrer Satie, Schmitt, Pierné…
Malade depuis de longs mois, André Cluytens disparaîtra le 3 juin 1967 à l'Hôpital américain de Neuilly.
© Qobuz (GG)
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Il commence, enfant, à faire du violon mais l’abandonnera pour le piano qu’il étudie au Conservatoire de sa ville, et dont il sort en 1922 diplômé « avec grande distinction ». Il s'illustre, dès le début de sa carrière de pianiste, dans le Concerto n° 2 de Liapounov. Après avoir été embauché par son père comme chef de chant au Théâtre Royal d’Anvers, il apprend la direction d’orchestre sous l’égide paternelle. À 21 ans, il impressionne déjà la critique locale. En 1927, il est amené à diriger au pied levé Les Pêcheurs de perles de Bizet en remplacement de son père. Dès lors, les jeux seront faits : il sera chef d’orchestre et pour que sa carrière prenne forme, il se tourne vers la France.
De premier chef en 1932 au Capitole de Toulouse à second au Grand Théâtre de Lyon, puis premier chef au Grand-Théâtre de Bordeaux, il devient dès 1942 chef régulièrement invité de l’Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire avec lequel il va enregistrer ses premiers disques quand il prendra la direction musicale de l’orchestre à la suite de Charles Munch parti à Boston. Entretemps, il a pris la nationalité française (en 1939) et à cette occasion adopte le prénom d’André. Un an plus tard, il est appelé à l’Orchestre national dont la collaboration sera fructueuse. Puis l’Opéra de Paris en juin 1944 avec Le Vaisseau fantôme, Le Roi d’Ys et La Flûte enchantée. Et de 1947 à 1953 la direction musicale de l'Opéra-Comique.
Son répertoire se concentrera sur Liszt, Wagner, Beethoven, la musique russe (Moussorgski, Rimski-Korsakov, Chostakovitch, Borodine, Stravinski) et la musique française (Berlioz, Saint-Saëns, Franck, Debussy, Ravel...). Il y remportera les plus grands succès. « On est joyeux de saluer un homme qui semble bien avoir été mis au monde pour diriger, un homme qui ne bat pas seulement la mesure, mais qui anime, qui projette, qui transforme, qui transmet et qui galvanise » écrit Jean Wiener en novembre 1944.
Mais la Guerre va le malmener. En 1944, le comité d’épuration du Grand-Théâtre de Bordeaux le met à l’index, lui reprochant son comportement (compromissions, propos "germanophiles") non seulement avec le personnel mais avec l’occupant nazi. Également exclu de l’Opéra de Paris, il sera condamné pour indignité nationale, avec confiscation de ses biens et de son droit d’exercer son métier de musicien. Mais en 1946, la cour de justice le relèvera de cette peine pour services rendus à la Résistance. C’est avec la Société des concerts du Conservatoire qu’il reprendra son activité de chef pour en devenir en 1949 vice-président chef d'orchestre, poste qu'il conservera jusqu'à la fin de sa vie.
Excellent chef lyrique, il se révèle être un grand wagnérien (première apparition à Bayreuth en 1955 avec Tannhaüser : il est le premier chef français à y être invité) à propos duquel la critique allemande écrira : « un idéal sonore sensuel qui garde une clarté et une transparence harmonieuse nonobstant l’intensité extrême du sentiment.» Il y reviendra jusqu'en 1958 pour y conduire Les Maîtres chanteurs, Parsifal et Lohengrin.
Pendant vingt ans, Cluytens a été très étroitement lié à la vie musicale française à laquelle il a consacré beaucoup de son temps dont une partie à la création d'œuvres (entre autres The Rake's Progress de Stravinski, Les Mirages et Les Forains de Sauguet, Cinq danses rituelles et Poèmes intimes de Jolivet, les Trois Talas de Messiaen, Bolivar et le Concerto n°2 pour violon de Milhaud, et aussi des œuvres de Büsser, Aubin, Tomasi...).
Il enregistrera pour EMI sous la houlette de Walter Legge avec le Philharmonia, les Philharmoniques de Berlin et de Vienne. Mais sa collaboration si bien commencée avec le fameux label anglais ne sera pas reconduite en 1964 à l’expiration de son contrat : on lui refuse d’enregistrer Satie, Schmitt, Pierné…
Malade depuis de longs mois, André Cluytens disparaîtra le 3 juin 1967 à l'Hôpital américain de Neuilly.
© Qobuz (GG)
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