Trois grands chefs d’œuvre de Murnau – Faust, Nosferatu et L’Aurore – sont proposés en ciné-concert par Jean-François Zygel au Théâtre du Châtelet.

Les dimanche 21 et 28 septembre et 19 octobre, Jean-François Zygel fera son cinéma au Théâtre du Châtelet ! Derrière son piano, il mettra en musique trois films mythiques de l’histoire du 7e Art, trois merveilles signées Friedrich Wilhelm Murnau : Faust (1926), Nosferatu (1922) et L’Aurore (1927). Zygel conviera ensuite le public à un concert-rencontre improvisé au Grand foyer.

Pour ce musicien pas comme les autres qu’est Jean-François Zygel, ce projet Murnau qu’il propose pour sa neuvième saison au Châtelet est à part : « Je suis amoureux du cinéma muet, j’en suis un amoureux, un maniaque, un fanatique ! Chacune des images que Murnau invente est une véritable peinture, un moment inouï détaché de la narration. De mon piano, je mettrai en musique Faust, Nosferatu en duo avec le percussionniste Joël Grare, et L’Aurore, trois œuvres déterminantes dans mon cheminement artistique. Le ciné-concert est une drogue puissante, l’intensité du flot musical renforçant singulièrement la puissance de l’image. ».

Compositeur et pianiste improvisateur, Jean-François Zygel a déjà brillé dans ses divers corps-à-corps avec le cinéma muet. Il a composé une musique originale pour le Nana de Renoir et, à l'occasion du centenaire de la naissance de la musique de film, a signé l’accompagnement au piano du chef-d’œuvre de Marcel L'Herbier, L'Argent. C’est lui encore qui, en 2011, collabore avec l'Orchestre National d'Île-de-France pour La Femme sur la lune de Fritz Lang à la Cité de la Musique. En 2013 enfin, c'est la création par l'orchestre de l'Opéra de Rouen d'une nouvelle partition écrite pour La Belle Nivernaise de Jean Epstein, une commande de la Cité de la Musique et du Festival Normandie Impressionniste.

Son projet de rentrée tourne cette fois autour d’un même cinéaste : Faust dimanche 21 septembre à 17h, Nosferatu dimanche 28 septembre à 17h et L’Aurore dimanche 19 octobre à 17h.

Faust

« J'aime le mythe de Faust, déclare Zygel. Cet homme qui refuse les limites de l'être humain et le passage du temps. Mais le Faust de Murnau n'est ni celui de Goethe, ni celui de Gounod, ni même celui de Berlioz. C'est par amour, et pour soulager ses prochains frappés par la peste, qu'il cède à la tentation satanique. Ses remords, sa faiblesse, son tourment le rendent terriblement émouvant et proche. On aimerait le prendre dans nos bras, et sa rédemption finale nous apaise. Les musiciens sont tous hantés par ce mythe. Nous interprétons les œuvres du passé, redonnant vie à des œuvres écrites il y a plusieurs siècles. Et c'est pour défier le passage du temps que nous composons, espérant que nos œuvres soient encore jouées des années après notre mort... »

Nosferatu

Sur Nosferatu, Zygel va plus loin en disant qu’il s'identifie entièrement à Nosferatu ! « Ce personnage fascinant est une création d'artiste, une création de Murnau. Certes il doit beaucoup au Dracula de Bram Stoker. Mais le Dracula de Stoker est somme toute un vampire assez bourgeois. Il ne craint pas la lumière et déambule tranquillement en pleine journée dans les rues de Londres. Nosferatu est lui un être nocturne, mental, insaisissable. Il est à la fois réel et imaginaire, faible et puissant, féminin et masculin. Nous ne saurons jamais quelle blessure intérieure le rend étranger au monde qu'il nie tout en le révélant. Nous, les musiciens, craignons aussi la lumière, et ne traversons les villes que pour nous réfugier dans d'obscures salles de concert et de répétitions. Nous nous produisons le soir, travaillons la nuit et imaginons un monde de sons et d'harmonies à la fois immatériel et capiteux... »

L'Aurore

Ce triptyque se terminera avec L’Aurore qui était pour François Truffaut le plus beau film de l’histoire du cinéma passée, présente et à venir ! « C’est sans doute le film le plus « musical » de toute l’histoire du septième art, ose Jean-François Zygel. Et pourtant... c'est un film muet ! Tout n’y est en effet que rythmes, mélodies d’images, harmonies mouvantes, orchestration de visages, d'expressions, d'ombres et de lumières. Comme une vivante illustration du célèbre titre de Paul Claudel L’œil écoute. Il donne à voir la profondeur mystérieuse des sentiments, les destins humains, les personnages en prise avec des forces qui les dépassent. Deux mondes s’affrontent : la ville et la campagne. Mais aussi deux énergies : la tragédie (scène de la barque, tempête) et la comédie (scène du coiffeur, scène du cochon ivre). L’érotisme y est omniprésent, le religieux aussi (scène de l’église)… Mettre en musique L’Aurore n’est pas chose facile. Chaque fil doit être tenu, chaque image soutenue. Un contrepoint mobile, haletant et passionné de la caméra. »

Le site du Théâtre du Châtelet

Jean-François Zygel et le Faust de Murnau

Théâtre du Châtelet

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