Petit entretien avec le directeur artistique de l’Orchestre-atelier Ostinato, Jean-Luc Tingaud, à l’occasion de son concert Docteur Joseph & Mister Haydn au Théâtre de Suresnes le 21 décembre 2014.

Le directeur artistique Jean-Luc Tingaud accompagne l’Orchestre-atelier Ostinato depuis maintenant quatorze ans, avec qui il s’est produit dans les plus belles salles parisiennes : l’Opéra-Comique, le Théâtre du Châtelet, le Théâtre des Champs-Élysées, et le Théâtre de l’Athénée. Le chef d’orchestre, qui a toujours eu un faible pour l’opéra, a dirigé les plus grandes œuvres du répertoire : La Bohème, Manon, Le Barbier de Séville, La Tosca ou encore Pelléas et Mélisande. Parmi sa discographie, on retrouve notamment Sapho de Massenet, mais aussi l’intégrale du Siège de Corinthe de Rossini qui a reçu un Choc de Classica en septembre 2013.

Tingaud dirigera l’Orchestre Ostinato pour Beethoven and Blue Jeans, un concert dédié à Beethoven, le dimanche 14 décembre à 17h au Théâtre de Suresnes. Au programme, la Symphonie n°3 Eroïca et le Concerto pour violon interprété avec la soliste Véra Lopatina.

Mais il conduira surtout l’Orchestre Ostinato (toujours au Théâtre de Suresnes) le 21 décembre, à 17h, pour le concert mystérieusement nommé Docteur Joseph & Mister Haydn. La soirée s’ouvrira sur le Concerto pour violoncelle n°2 en Ré Majeur, puis se poursuivra avec des extraits des symphonies La Poule, L’Horloge, L’Ours, mais aussi de la Surprise et de la Symphonie des Adieux. L’Orchestre Ostinato sera accompagné par le violoncelliste Edgar Moreau.

Pourquoi avoir titré votre concert Haydn du 21 décembre Docteur Joseph & Mister Haydn ?

Jean-Luc Tingaud: L'idée de ce titre est de montrer que la musique de Haydn est à la fois sérieuse et comporte beaucoup d'humour : c'est un compositeur à double visage. Et puis par la consonance anglaise, ça rappelle le succès qu'il a eu à Londres ! L'idée de ce concert est de permettre au public de mieux connaître Mister Haydn ; je donnerai des clés d'écoute, des exemples musicaux, des anecdotes sur sa vie, ses relations avec le Prince Esterhazy, son employeur, mais aussi son rapport avec les publics français et anglais.

Comment avez-vous choisi les œuvres de ce programme ?

L'œuvre principale c'est la Symphonie les Adieux, qui est une de ses œuvres les plus populaires. L'émotion est toujours immense pour le spectateur de voir les musiciens se lever un à un tandis que la musique continue jusqu'aux mesures finales jouées par deux violons seulement. Et nous aurons le plaisir d'accompagner Edgar Moreau dans le Concerto de violoncelle en ré majeur : cette œuvre est comme un journal intime du compositeur, d'une grande sensibilité. Et le concert débutera par les meilleurs moments humoristiques ou surprenants des symphonies de Haydn, mises en situation : la Surprise par exemple, où Haydn s'amusait à faire sursauter le public londonien... parfois somnolent dans les mouvements lents.

Comment votre relation musicale personnelle avec ce compositeur a évolué tout au long de votre parcours de chef ?

J'ai toujours été passionné par ses symphonies, particulièrement celles de la période qu'on appelle Orage et passion - Sturm und Drang en allemand, car elles combinent la rigueur de la composition classique avec l'expression des sentiments. Les contrastes, les ruptures du discours annoncent le romantisme. J'aime également beaucoup ses symphonies parisiennes : l'humour y est très présent et Haydn a magnifié le style symphonique français au point de devenir l'un des compositeurs favoris à Paris. Il y a quelques mois, j'ai dirigé avec Ulster Orchestra son oratorio La Création. C'est un chef-d’œuvre que j'aimerais beaucoup diriger un jour en France.

Quelle mission vous fixez-vous quand vous travaillez avec les jeunes musiciens de l’Orchestre-Atelier Ostinato ?

Leur faire vivre une expérience concrète et professionnelle de musicien d'orchestre permanent. Ils sont encadrés par une équipe pédagogique constituée de musiciens très expérimentés titulaires dans les grands orchestres français et européens. Pour les jeunes musiciens d'Ostinato, l'objectif est de répéter et jouer comme un orchestre professionnel, tout en consacrant du temps à la pédagogie, mais une pédagogie spécifiquement adaptée au métier d'orchestre : apprendre à s'écouter, à jouer collectivement. Au bout de deux ans, les musiciens d'Ostinato sont diplômés et beaucoup d'entre eux entrent dans des orchestres. Ils sont alors armés pour leur premier poste. C'est un tremplin pour leur vie professionnelle.

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?

Un concert de gala à l'Opéra de Pékin, puis la promotion d'un CD des œuvres symphoniques de Paul Dukas, que j'ai enregistré pour Naxos et qui vient de sortir. On connait bien sûr l'Apprenti Sorcier mais il faut découvrir sa Symphonie en ut qui est vraiment extraordinaire. Je retrouverai dans quelques semaines l'Orchestre National d'Irlande, puis Scottish Opera en mars dans un programme Richard Strauss, Mozart, Ravel. Puis Le Pré aux Clercs de Hérold, un opéra-comique qui était extrêmement populaire en son temps et que l'on va redécouvrir grâce à cette coproduction entre l'Opéra Comique et Wexford Opera Festival.

Le site de Jean-Luc Tingaud

Le site du Théâtre de Suresnes