Rencontre avec le pianiste atypique Francesco Tristano à l’occasion de son concert Rameau, Reload, à la Fondation Royaumont, dimanche 5 octobre.

Pour souffler les 250 bougies de la mort de Jean-Philippe Rameau, la Fondation Royaumont renouvelle les lectures possibles de ses compositions, notamment avec l’introduction de l’électronique et des ordinateurs. Comment se réapproprier un répertoire aujourd’hui ? C'est une question que Francesco Tristano se pose depuis une dizaine d'années. La Fondation Royaumont lui a donc donné carte blanche pour se réapproprier Rameau... Une résidence de recherche de répertoire dans le fonds Rameau de la Bibliothèque musicale François-Lang ainsi qu’une résidence de création ont permis au jeune pianiste atypique, qui saute de Berio à Bach en passant par Cage ou la techno de Detroit, de jeter les bases de ses propres partitions. Une réflexion vivra sur scène, à la Fondation, dimanche 5 octobre à 15h, avec le concert baptisé Rameau, Reload. Francesco Tristano évoque ici cette nouvelle aventure.

Live Vidéo :

Comment est né ce projet Rameau, Reload ?

Francesco Tristano : C’est Sylvie Brely de la Fondation Royaumont qui m’a invité pour réaliser un travail sur Jean-Philippe Rameau. Elle connaissait mon travail sur Frescobaldi, Buxtehude et me demandait si je pouvais imaginer un projet de réappropriation des œuvres de Rameau. Je lui ai répondu que je connaissais peu ou pas Rameau, mais que bien évidemment, cela m’intéressait. La résidence a duré un an, j’y ai fait quelques séjours, j’ai passé du temps notamment dans sa magnifique bibliothèque à lire et jouer les partitions de Rameau…

Se réapproprier un répertoire est une de vos pratiques fétiches. Qu’est-ce que cette démarche à de particulier avec le répertoire de Rameau ?

Même si je pense que dans le fond n’importe quelle partition peut être réappropriée, les partitions baroques permettent encore plus de libertés, peut-être car elles sont plus vides, moins détaillées. Rameau ayant été le grand harmoniste qu’on sait, je me suis amusé à dénicher les marches harmoniques les plus surprenantes, les plus folles, qui ont souvent servi de base de mes versions. Le pas de danse, très présent dans la musique pour clavecin notamment, est aussi un élément clef pour mon travail car elle permet un développement rythmique presque percussif.

Les instruments électroniques s’invitent-ils aisément dans la musique de Rameau ?

Mais bien sûr ! Nous aurons, pour le concert du 5 octobre, trois claviers sur scène : un clavecin, un piano à queue, un synthétiseur – ce qui constitue la famille au quasi-complet. Aussi je serai assisté par mon ingé son Edoardo Pietrogrande en régie. C’est lui qui s’occupera notamment de la réalisation informatique musicale ainsi que le diffusion en salle.

Lorsque vous vous engagez dans une telle aventure atypique, vous fixez vous certaines limites ?

Non, pas forcément. Les limites m'ont d'ailleurs rarement inspiré.

Passe-t-on aisément du piano aux platines et du clavecin aux machines ?

Bien sûr. Tous sont des “instruments” qui servent à jouer des morceaux, même si les platines servent plutôt à jouer des morceaux déjà enregistrés, finis. Je n’aurai pas de platines pour le concert du 5 octobre. Ou alors nous en demandons pour une petite after-party…

Réservations au 01 34 68 05 50

Le site de la Fondation Royaumont

Le site de Francesco Tristano