Le troisième album du groupe de Jeffrey Lee Pierce est enfin réédité en Hi-Res 24Bit, l'occasion de (re)découvrir le Gun Club, formation phare du rock indé des années 80/90...

L’histoire du rock déborde de groupes cultes. Sous-entendus adulés par beaucoup, mais n’ayant jamais rencontré le succès public. Le Gun Club en est l’archétype. Vénérée par des gens aussi divers que Nick Cave, les White Stripes, les Red Hot Chili Peppers, Tom Waits, Mark Lanegan, les Cocteau Twins, Blondie, Henry Rollins, les Cramps sans oublier Noir Désir, la bande californienne du défunt Jeffrey Lee Pierce – active entre 1980 et 1994 – plongeait les Saintes Écritures (le country blues acoustique, le rock fifties, la tambouille vaudou de Dr John) dans l’essoreuse punk.

The Gun Club - 1984 Home Movie Trailer

Blixa Sounds

En deux albums renversants, Fire of Love en 1981 et Miami en 1982, Jeffrey Lee Pierce impose un univers électrique sombre aussi bien lettré (il est fan de Mizoguchi et Bresson) que vénéneux et chamanique. Un rock’n’roll qui ne ressemblait alors à aucun autre et dont il peaufine les contours sur ce troisième album paru en 1984, The Las Vegas Story, et qui ressort en version remasterisée en Hi-Res 24Bit. Tout l’ADN hybride du Gun Club est là porté par le chant aux frontières de la justesse de son charismatique leader alcoolique. Comme ces géniales reprises improbables de My Man’s Gone Now de Gershwin et The Creator Has A Master Plan du saxophoniste free Pharoah Sanders !

Gun Club - My Dreams - German TV, 1984

25million

Guitare aux poings, Kid Congo Powers slide à tout-va, feedback included. À la basse, la gothique Patricia Morrison (future Sisters of Mercy et Damned, alors compagne de Jeffrey Lee Pierce) soutient l’édifice, épaulée derrière ses fûts par Terry Graham. En guest, l’excellent guitariste des Blasters, Dave Alvin, sur deux titres. Grâce à la production nerveuse de Jeff Eyrich (qui surpasse celle de Chris Stein de Blondie pour Miami), The Las Vegas Story traverse plutôt bien les décennies, aidé par les sublimes chansons de Jeffrey Lee Pierce comme Bad America, Moonlight Hotel et Give Up The Sun.

The Gun Club - Moonlight Motel - live 1984

MercifulRelease

Son âme et son corps étaient torturés. Imbibés d’alcool. Et parfois d’héroïne. Mais lorsqu’il meurt de tous ces excès, le 31 mars 1996 à seulement 37 ans, Pierce aura eu le temps de laisser une œuvre immense qui ne demande qu’à être (re)découverte. À noter que cette réédition comprenant en bonus un honnête live de 1984.

The Gun Club - Bad America (Live at The Hacienda in Manchester, 1983)

Cherry Red Records