Secret encore trop bien gardé, le piano de Mûza Rubackyté est la salle Gaveau le 11 mars.

Mûza Rubackyté est en récital parisien, à la salle Gaveau, vendredi 11 mars. En prélude à ce concert, elle jouera Schubert, Liszt et Čiurlionis, samedi 12 février, à 15h00, au studio 106 de Radio France, dans le cadre de l’enregistrement de l’émission Lettres intimes de Stéphane Goldet, diffusée dimanche 27 février à 18h00. A noter que ce 11 mars est le jour anniversaire de l’indépendance de la Lituanie. C’était en 1990.

Ses Années de pèlerinage de Liszt ont marqué les esprits. Comme ses 24 préludes et fugues de Chostakovitch. Ou bien encore ses Œuvres pour piano de César Franck. Côté partenaires, la grande pianiste de Vilnius a croisé le fer avec des solistes de la classe des Repin et Bashmet, jouant aussi avec des baguettes de la trempe des Gergiev, Slatkin et autres Davis. La pianiste d'origine lituanienne, française de cœur, mérite bien plus que l’estime des initiés.

Le 11 mars, en proposant ce programme Franz Liszt (1811-1886) et Mikalojus Konstantinas Čiurlionis (1875-1911) intitulé Au-delà des notes, elle souligne l’enrichissement réciproque de la musique avec les autres arts, à l’image de Franz Liszt lui-même qui les chérissait…

Mûza Rubackyté choisit huit leader de Schubert, parmi la soixantaine transcrits par Liszt, inspirés par la poésie de Goethe, Heine, Müller ou Scott. Poèmes et musique sont des sommets du Romantisme. Dans Le Voyage d’hiver, le piano est la voix de l’homme solitaire qui achève son voyage au bout de la nuit glacée, la mort. Au cœur de la forêt du Roi des aulnes, les doigts courent sur le clavier au rythme du galop du cheval du père conduisant son enfant vers l’au-delà. Les notes descriptives de l’orage ou de la cloche de l’église, symbolisent le déchirement de La Jeune nonne entre désir terrestre et amour divin. Pour traduire la tristesse de Marguerite au rouet, séduite et abandonnée, le piano chante sa plainte. Certaines mélodies schubertiennes, telles l’Ave Maria de la Dame du Lac ou Tu es la paix de la Belle Meunière, révèlent un Liszt mystique et métaphysique mettant sa virtuosité au service d’un espoir rédempteur…

Faust, le drame de Goethe, a inspiré à Liszt sa grande Sonate en si mineur (parallèlement à la Faust Symphonie), dédiée à Schumann. Le compositeur-pianiste engage toute son énergie créatrice en un large mouvement lyrique où se disputent le bien et le mal, repoussant Méphistophélès pour sublimer l’amour des hommes mais aussi celui de Dieu. Le piano de Mûza Rubackyté, lui aussi, se fait ange ou démon. Voire, paradis !

Après les lettres, c’est la peinture que Mûza Rubackyté souhaite honorer au cours de ce concert, en interprétant Mikalojus Konstantinas Čiurlionis, son compatriote, chantre de l’identité lituanienne dont elle est l’ambassadrice. Cet «extraordinaire compositeur de musique et de peinture» (dit Olivier Messiaen) superpose le langage musical et le pictural. La mer, La Forêt, Le Soleil sont des poèmes symphoniques et des peintures, certains tableaux se déclinent en suites, ses toiles portent des titres de tempo (allegro, andante ou scherzo...). A la fin de sa courte vie (il meurt à 35 ans) Čiurlionis est un des pionniers de l’abstractionnisme naissant. Son œuvre pianistique ne pouvait trouver interprète plus engagée et fidèle que Mûza Rubackyté

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