Six quatuors de Chostakovitch au programme des deux concerts parisiens du Quatuor Borodine à la Cité de la Musique les 8 et 9 janvier.

Les 8 et 9 janvier, le Quatuor Borodine est à la Cité de la Musique pour deux concerts consacrés exclusivement aux quatuors de Dmitri Chostakovitch.

Samedi 8 à 20h, Ruben Aharonian (violon), Andrei Abramenkov (violon), Igor Naidin (alto) et Vladimir Balshin (violoncelle) interprèteront les Quatuor à cordes n°1, n°3 et n°7. Le lendemain, dimanche 9 janvier, à 16h30 cette fois, les Borodine offriront au public parisien les Quatuor à cordes n°4, n°11 et n°12.

Chostakovitch a trente-deux ans lorsqu’il entreprend, en 1938, d’écrire son premier quatuor à cordes. En pleine période des grandes purges, alors que le compositeur vient de faire amende honorable avec une Cinquième symphonie qu’il présenta lui-même comme « un effort en direction de l’intelligibilité et de la simplicité », son quatuor, sorte de divertissement à la Haydn, frappe par sa facture classique.

Le Quatuor n°3 date quant à lui de 1946, juste après la guerre, tandis que le n°7 fut écrit en 1960, l’année où le compositeur, déjà malade et affaibli, se laissa convaincre d’adhérer au Parti communiste, sous le règne pourtant plus clément de Khrouchtchev.

Le Quatuor Borodine fut formé en 1945 par quatre étudiants du Conservatoire de Moscou et d’abord baptisé Quatuor Philharmonique de Moscou jusqu'en 1955. En pleine guerre froide, sa renommée allait très vite franchir les frontières de l’URSS, avec d’innombrables tournées à la clef. En 1953, le quatuor joua pour les funérailles de Staline et de Prokofiev, qui étaient morts le même jour. La relation des Borodine avec Chostakovitch est l’histoire d’une longue et fidèle collaboration, depuis leur rencontre en 1946. La confiance du compositeur était telle qu’il les chargea d’interpréter en privé son Quatuor n°4, en 1949, afin qu’il puisse être évalué par le ministère de la culture avant d’être rendu public. Après les attaques et les menaces officielles dont Chostakovitch venait de faire l’objet, en plein jdanovisme, l’enjeu était plus que sérieux…

Andrey Abramenkov est devenu membre en 1975. Il a été rejoint, en 1996, par Ruben Aharonian et Igor Naidin. Valentin Berlinsky, l’un des membres fondateurs, a quant à lui pris sa retraite au printemps 2007. En marge de leurs interprétations du répertoire pour quatuor à cordes, les membres du Quatuor Borodine explorent le répertoire de musique de chambre au travers de collaborations avec d’autres musiciens renommés – parmi lesquels Yuri Bashmet, Elisabeth Leonskaja et Christoph Eschenbach. Ils donnent en outre régulièrement des masterclasses.

Pour sa soixantième saison, le Quatuor Borodine a joué l’intégrale des quatuors de Beethoven au Concertgebouw d’Amsterdam et au Musikverein de Vienne. Des concerts de gala ont également été organisés à Moscou, au Wigmore Hall de Londres et au Théâtre des Champs-Élysées pour rendre hommage au quatuor et saluer sa contribution à l’histoire de la musique. Il a par ailleurs donné des récitals à Madrid, Rotterdam, Bruxelles, Genève, Munich, Lisbonne, Barcelone, Athènes, Cologne, Istanbul, Zurich, Berlin, Moscou, New York et Londres (œuvres de Mozart, Schubert, Brahms, Tchaïkovski, Stravinski, Chostakovitch et, bien sûr, Borodine).

En plusieurs décennies, le Quatuor Borodine a enregistré de nombreux disques pour des labels comme EMI, RCA et Teldec. Pour son soixantième anniversaire, il a notamment sorti l’intégrale des quatuors de Beethoven chez Chandos. En 2005, son premier CD pour le label Onyx (œuvres de Borodine, Schubert, Webern et Rachmaninov) a quant à lui été nominé aux Grammy Awards dans la catégorie « meilleure interprétation de musique de chambre ». Ses enregistrements pour Teldec comprennent enfin les quatuors et Souvenir de Florence de Tchaïkovski (Gramophone Award en 1994), le Quintette à cordes de Schubert, les Sept Dernières Paroles du Christ de Haydn ainsi qu’un disque intitulé Russian Miniatures.

Le site du Quatuor Borodine

Le site de la Cité de la Musique

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