À Versailles, l'un des plus beaux théâtres de cour d’Europe en travaux depuis deux ans rouvre ses portes avec une soirée de gala dirigée par Marc Minkowski.

Après deux ans de travaux, l’Opéra Royal du Château de Versailles, réputé dans toute l'Europe comme l'un des plus beaux théâtres de cour, rouvre lundi 21 septembre avec une soirée de gala confiée à Marc Minkowski. Pour ce concert de réouverture, trois chanteurs seront accompagnés par Les Musiciens du Louvre-Grenoble : la soprano Mireille Delunsch, le ténor Richard Croft et la star baryton-basse Bryn Terfel. Les œuvres sont ciblées sur les années 1770-1789, Mozart (airs d’opéra extraits d’Idomeneo, des Noces de Figaro et de Don Giovanni) s’ajoute à Gluck (suite d’orchestre du ballet Don Juan ou le festin de Pierre) et Haydn (Symphonie n°85 “La Reine de France”) : trois maîtres autrichiens rois de Paris sous Marie-Antoinette.

Cette salle de 660 places qui lui permettent d'accueillir désormais une programmation régulière de concerts et spectacles affichera une trentaine de levers de rideau cette saison, selon l’AFP : une petite révolution chez les rois de France car l'endroit, en presque 240 ans d'histoire, n'a que très peu servi comme lieu de représentation.

Construit par Gabriel et inauguré en 1770 pour le mariage du futur Louis XVI avec Marie-Antoinette, l'Opéra Royal a accueilli moins d'une vingtaine de soirées prestigieuses jusqu'en 1789, en raison de coûts d'exploitation exorbitants.

Le lieu a connu des vicissitudes au XIXe siècle. Lourdement transformée sous Louis Philippe, la salle a perdu sa vocation théâtrale en 1871 pour abriter le Sénat. La pose d'une verrière a provoqué l'effondrement progressif de la structure, et il a fallu étayer le bâtiment durant la Seconde guerre mondiale. « Le Sénat l'a rendu au bord de la ruine », explique à l'AFP Frédéric Didier, architecte en chef des monuments historiques.

Heureusement, le théâtre retrouve l'aspect Ancien Régime de son décor et ses faux marbres en 1957, à l'issue d'une remarquable campagne de travaux. Cinquante ans plus tard, ses installations techniques n'étaient plus aux normes : l'Opéra Royal a donc subi deux ans de travaux, principalement de mise en sécurité, pour un montant de 12,5 millions d'euros.

« Nous ne pouvions pas, dans un endroit patrimonial comme celui-là, faire les choses en appliquant « bêtement » les normes », souligne Frédéric Didier. Le maître d'œuvre s'est donc appliqué à remettre en valeur les machineries des dessous de scène, qui sont d'époque et avaient été « complètement négligées » lors de la restauration des années 50.

Grâce à l'externalisation des locaux techniques sous la cour de l'Opéra, au déplacement de loges et à la suppression d'un mur coupe-feu, les dessous pourront se visiter, laissant apparaître « une forêt de poteaux de chêne assez féerique », selon l'architecte. A terme, le circuit de visite pourrait inclure une salle d'explication de la machinerie théâtrale.

Un théâtre-musée donc, mais aussi un lieu de spectacles à dominante musicale et lyrique, qui trouveront une acoustique idéale dans cette salle toute de bois vêtue.

« La programmation va se dérouler sur l'ensemble de la saison, ce qui n'était jamais le cas auparavant », souligne le directeur de Château de Versailles Spectacles, Laurent Brunner.

Avec son modeste budget (1,5 million d'euros), l'Opéra Royal sera un lieu d'accueil de spectacles créés ailleurs plutôt que de production, si l'on excepte les projets amenés par le Centre de Musique Baroque de Versailles (CMBV), tel L'Amant jaloux de Grétry en novembre.

Mais les projets à l'affiche « ont du sens à Versailles », selon Laurent Brunner. Dès 2009-2010, Molière (Le Bourgeois gentilhomme éclairé aux bougies par Benjamin Lazar, Le Malade imaginaire avec Michel Bouquet) et Mozart (trilogie d'opéras sur des livrets de Da Ponte) seront les bienvenus. La musique des XVIIe et XVIIIe sera à la fête, dès la soirée de gala confiée à Marc Minkowski, puis avec de grandes voix comme celle de Barbara Hendricks.

Le site officiel de l’Opéra Royal