Fender Rhodes, orgue Hammond et violons, le Carioca Eumir Deodato déstabilise le jazz et la bossa depuis quarante ans : ce maître du jazz funky brésilien est au Duc des Lombards les 1er et 2 juin.

Mardi 1er et mercredi 2 juin, Eumir Deodato se produira sur la scène parisienne du Duc des Lombards. Sans doute sans le savoir, tout le monde possède un album de Eumir Deodato. Du moins un album auquel a participé le plus funky des claviers, producteurs et arrangeurs brésiliens. Avec près de 500 disques à son actif, celui qu'on réduit trop souvent à la version funky de 1972 du Also Sprach Zarathustra de Strauss fut un personnage majeur de la scène bossa de Rio au milieu des années 60 et surtout un stakhanoviste des studios groovant au rythme du jazz fusion durant la décennie 70.

Quand le Carioca décolle pour New York en 1967 à seulement 25 ans, le précoce Eumir Deodato est déjà un nom qui circule dans le milieu de la bossa nova. En solo ou avec son groupe Os Catedraticos, il compose, interprète, arrange, produit, maîtrise tous les aspects de son art. Derrière son orgue Hammond ou un simple piano acoustique, Deodato est déjà à la croisée des genres et son phrasé bossa intègre jazz et prémices d'un funk light.

En débarquant à New York, il s'active derrière ses compatriotes installés dans la Grosse Pomme comme Astrud Gilberto, Antonio Carlos Jobim ou bien encore Marcos Valle. Le label CTI de Creed Taylor est alors au cœur de cette révolution fusion qui donna tant la nausée aux puristes jazz. En 1972, Deodato intègre le All-Stars du label et publiera, l'année suivante, l'album Prelude renfermant la fameuse reprise de Strauss avec Stanley Clarke, Billy Cobham, Ray Barretto et Airto.

Une bonne dizaine d'albums suivra dans un registre tout aussi funky. Les contrats s’accumulent et Eumir Deodato travaille pour Frank Sinatra, Aretha Franklin, Earth Wind & Fire, et se retrouve même derrière la console des années tiroir-caisse de Kool & The Gang, celles de Ladies Night et autres Celebration.

Au milieu des années 80 et durant près d'une décennie, le nom de Deodato ne fait plus trop recette jusqu'à ce qu'une certaine Björk fasse appel à ses cordes sur son album Post. Les pontes de l'acid jazz louent à nouveau son cocktail de latin-funk, jazz et musiques brésiliennes, ce crossover qui en ferait une version sud-américaine de Bob james et Ramsey Lewis. Un piano, un Hammond ou un Fender Rhodes et Deodato plante un décor rythmique en deux accords. La preuve sur la scène du Duc des Lombards ces 1er et 2 juin.

Le site de Eumir Deodato

Le site du Duc des Lombards