Le 24 septembre, la saison 2011-2012 de l’Opéra National du Rhin débutera par la création de La Nuit de Gutenberg, nouvel opéra de Philippe Manoury

Fidèle à la tradition, la saison 2011-2012 de l’OnR (l’Opéra National du Rhin) s’ouvre avec une création mondiale, La Nuit de Gutenberg, commandée par l’OnR au célèbre compositeur français Philippe Manoury, sous la direction de Daniel Klajner. Une fresque flamboyante sur la transmission des savoirs et des cultures qui sera donnée à Strasbourg les 24, 27 et 29 septembre et à Mulhouse le 8 octobre.

Avec son quatrième opéra, Manoury poursuit son exploration entre musique et nouvelles technologies avec un personnage qui a bouleversé le monde depuis Strasbourg, Gutenberg. Avec son librettiste Jean-Pierre Milovanoff, il raconte une sorte d’épopée de l’écriture, depuis les plus anciennes traces préhistoriques jusqu’aux ouvertures liées à Internet. Ils inventent un personnage qui prétend être Gutenberg et placent l’action dans un cybercafé d’une grande ville. Peut-être Strasbourg…

Sur scène, le public de l’Opéra de Strasbourg pourra entendre les voix de Nicolas Cavallier, Eve-Maud Hubeaux, Mélanie Boisvert, Young-Min Suk et Christophe de Ray-Lassaigne.

A noter enfin que Philippe Manoury et Jean-Pierre Milovanoff rencontreront le public, vendredi 23 septembre à 18h30 à l’Opéra de Starsbourg (entrée libre).

Manoury revient sur la genèse de son nouvel opéra : « L’idée de prendre le personnage de Gutenberg comme rôle principal de cet opéra m’a été suggérée par Marc Clémeur, le directeur de l’Opéra National du Rhin à Strasbourg, parce que ses premiers travaux menant à l’invention de l’imprimerie en Occident (les Chinois connaissaient déjà le système des caractères mobiles dès le XIe siècle) ont eu lieu dans cette ville en 1434. On sait les bouleversements que cette invention a provoqué dans la culture humaine, la plus grande probablement après l’invention de l’écriture elle-même. Il m’a semblé alors judicieux de la mettre en rapport avec un autre bouleversement auquel nous sommes tous confrontés aujourd’hui : l’Internet. La puissance de cet outil est étudiée, commentée, vantée et redoutée tous azimuts, et ce n’est pas le rôle d’une œuvre d’art que de faire de la sociologie ou de l’analyse comportementale. L’art, quand il le peut, doit susciter des émotions, provoquer une réflexion, une pensée et, surtout, utiliser ses seuls moyens pour y parvenir. »

Né en 1952 à Tulle, Philippe Manoury commence la musique vers l’âge de neuf ans. Au moment de ses études de piano avec Pierre Sancan, il présente ses premières compositions à Gérard Condé qui le présente à Max Deutsch, qui fût l’élève de Schönberg à Vienne au début du XXe siècle. Il suit ses cours à l’École Normale de Musique de Paris où il travaille également l’harmonie et le contrepoint. Il étudie parallèlement l’écriture avec Philippe Drogoz, ainsi que l’analyse musicale avec Yves-Marie Pasquet.

Manoury continue ses études au CNSM de Paris où il emporte le premier prix de composition dans la classe d’Ivo Malec et de Michel Philippot et un premier prix d’analyse chez Claude Ballif. Depuis l’âge de dix-neuf ans, il participe régulièrement aux principaux festivals et concerts de musique contemporaine (Royan, La Rochelle, Donaueschingen, Londres…), mais c’est la création de Cryptophonos par le pianiste Claude Helffer au Festival de Metz qui le fera connaître au public. En 1978, il s’installe au Brésil et y donne des cours et des conférences sur la musique contemporaine dans différentes universités (Sao Paulo, Brasilia, Rio de Janeiro, Salvador). En 1981, de retour en France, il est invité à l’Ircam en qualité de chercheur.

Depuis cette époque, Philippe Manoury ne cessera de participer, en tant que compositeur ou professeur, aux activités de cet Institut. Il y développe, en collaboration avec le mathématicien Miller Puckette, des recherches dans le domaine de l’interaction en temps-réel entre les instruments acoustiques et les nouvelles technologies liées à l’informatique musicale. De ces travaux naîtra un cycle de pièces interactives pour différents instruments : Sonvs ex machina comprenant Jupiter, Pluton, La Partition du Ciel et de l’Enfer et Neptune.

De 1983 à 1987, il est responsable de la pédagogie au sein de l’Ensemble InterContemporain. Il est professeur de composition et de musique électronique au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon, de 1987 à 1997. De 1995 à 2001, il est compositeur en résidence à l’Orchestre de Paris.

De 1998 à 2000, Manoury est responsable de l’Académie Européenne de Musique du festival d’Aix-en-Provence. Il a également animé de nombreux séminaires de composition en France et à l’étranger (États-Unis, Japon, Finlande, Suède, République Tchèque, Canada). Entre 2001 et 2003, il est compositeur en résidence à la Scène nationale d’Orléans. Il vient d’achever une résidence de trois mois à Kyoto où il s’est initié aux musiques traditionnelles japonaises.

Il a obtenu le Grand Prix de composition de la Ville de Paris 1998. La Sacem lui a décerné le prix de la musique de chambre en 1976, le prix de la meilleure réalisation musicale pour Jupiter en 1988 et le Grand Prix de la musique symphonique en 1999.

Son opéra, K…, s’est vu décerner en 2001 le Grand Prix de la Sacd, le Prix de la critique musicale et, en 2002, le Prix Pierre Ier de Monaco. Parmi ses récentes créations, on peut citer : Terra Ignota (pour piano et orchestre, 2008), Partita I (pour alto et électronique, 2007), Synapse (concerto pour violon et orchestre, 2009), ainsi que deux quatuors à cordes Stringendo (2010) et Tensio (quatuor avec électronique, 2010).

Philippe Manoury prépare actuellement Echodaimónon, un concerto pour piano, électronique et orchestre commandé par l’Orchestre de Paris et qui sera créé en juin 2012 à Paris ainsi qu’une nouvelle œuvre scénique et musicale, sans chanteurs, pour l’Opéra Comique avec Jérôme Deschamps. Depuis l’automne 2004, il partage son temps entre l’Europe et les États-Unis, où il enseigne la composition à l’Université de Californie de San Diego.

Le site de l’OnR

Le site de Philippe Manoury