Le contrebassiste Charlie Haden et son Quartet West sont en concert parisien au Théâtre du Châtelet lundi 16 mai.

Pour souffler ses 25 bougies, le Quartet West de Charlie Haden est en concert, à Paris, au Théâtre du Châtelet, lundi 16 mai. Un événement se déroulant quelques semaines après la sortie du nouvel opus du contrebassiste et de ses complices, le sublime et classieux Sophisticated Ladies, sur lequel ils accueillent les voix divines de Melody Gardot, Diana Krall, Renée Fleming, Cassandra Wilson ou bien encore Ruth Cameron, Madame Haden à la ville.

Avec le saxophoniste Ernie Watts, le pianiste Alan Broadbent et le batteur Rodney Green, Charlie Haden a fait de ce Quartet West un véhicule d’un raffinement ultime, capable de s’adapter à tous les répertoires, surtout les plus soyeux sans pour autant les rendre mielleux. Mais ce groupe n’est en fait qu’une des multiples facettes du contrebassiste né au fin fond de l’Iowa en 1937. Car Haden a tout joué, croisé le fer avec la jazzosphère entière (Coltrane, Jarrett, Metheny, Chet…) et au final imposé une langue, la sienne, toute en retenue, ayant véritablement donné à cet instrument un rôle majeur. Toujours cette histoire d’être musicien avant d’être contrebassiste, en quelque sorte… Du premier trio de Keith Jarrett au Liberation Music Orchestra en passant par Old And New Dreams, les duos avec Pat Metheny ou bien encore ce Quartet West, Charlie Haden n’a manqué aucun train.

Une éducation musicale dans l’Amérique profonde, blanche et souvent raciste, où le petit Charlie joue et chante du bluegrass en famille (on peut entendre une pépite de ses talents sur l’un des titres de son opus Rambling Boy, superbe hommage à la country music). S’ensuit un apprentissage à Los Angeles aux côtés des princes du jazz West Coast. Puis la révolution free le… révolutionne ! Avec Ornette Coleman et Don Cherry, Charlie Haden devient lui aussi un soldat essentiel de cette soif de liberté que les jeunes jazzmen d’alors revendiquent plus que jamais. Une soif mêlée de militantisme qui le mènera à la création du fameux Liberation Music Orchestra en 1969 avec Carla Bley. De la musique pour combattre Nixon !

L’Europe l’appelle ensuite. Plus particulièrement le label ECM de Manfred Eicher – contrebassiste, lui aussi – dont Haden devient l’un des poulains les plus actifs. Des musiciens comme Jan Garbarek et Egberto Gismonti deviennent également d’impeccables complices. Depuis les années 1990, ses problèmes de santé auditives (acouphènes) n’ont guère stoppé son activité, que ce soit en compagnie du guitariste Pat Metheny, avec le Quartet West ou même pour les superbes retrouvailles avec Keith Jarrett, en duo, le temps de l’album Jasmine.

Le site du Théâtre du Châtelet