Quand on a connu les premiers baladeurs à mini cassette et que l'on écoute de la musique avec un appareil comme le Astell&Kern AK100, on se dit qu'Akio Morita, pour lequel fut inventé le Walkman (afin, fut-il dit à l'époque, qu'il pût écouter de la musique en jouant au golf) a raté quelque chose et on mesure les progrès considérables effectués tant dans le domaine de la miniaturisation, de l'ergonomie, et plus encore dans celui de la qualité sonore puisque ce modèle AK100 sait lire les fichiers jusqu'à 24 bits à 192 kHz ! Décidément, les Coréens n'ont pas fini de nous étonner.

Mais plus encore qu'un magnifique petit baladeur numérique acceptant de lire les fichiers audio en haute définition en bit perfect jusqu'à 24 bits à 192 kHz (appelé MQS ou Qualité de son Mastering par Astell&Kern), le AK100 peut également fonctionner comme un DAC traditionnel avec une source externe disposant d'une sortie numérique otique, ce qui est unique sur le marché, la sortie casque pouvant également être raccordée sur l'entrée auxiliaire d'un amplificateur Hi-Fi.

En effet, le Astell&Kern AK100, fabriqué par iriver, déjà connu dans le monde des amateurs de baladeurs numériques de qualité et fondée en 1999 par d'anciens employés de chez Samsung, dispose d'une entrée S/PDIF optique au format Jack 3,5 mm et il est alors possible d'écouter son ancienne collection de disques argentés depuis un lecteur de CD ou de DVD ou ses fichiers audio (Qobuz !) stockés sur un ordinateur, directement depuis une sortie optique si elle existe ou via un convertisseur USB-S/PDIF disposant d'une sortie optique (comme le NuForce U192S).

Bref, de quoi rendre tout le monde heureux (même si son prix élevé pourra freiner certains amateurs enthousiastes), sachant que de plus le AK100 dispose d'une mémoire interne de 32 Go qui peut être triplée par adjonction de deux cartes micro SD de même capacité, bien que si l'on stocke des fichiers audio en haute définition l'ensemble de ces mémoires peut être vite saturé !

Présentation

Livré dans une sorte d'écrin, le Astel& Kern AK100 est un véritable petit bijou qui tient dans la paume d'une (grosse) main et qui allie sobriété et élégance. Il a d'ailleurs été élu "reddot design award winner" 2013 (gagnant du reddot design award 2013).

On ne peut guère faire formes plus simples et pures que celles du boîtier en aluminium anodisé brossé du AK100 et la seule proéminence se concrétise par la molette de réglage du volume, choisie sciemment par le constructeur de préférence à des touches afin de procurer une "sensation analogique" lors du réglage du volume.

L'écran tactile de 2,4 pouces (6 cm) de diagonale offre une belle finesse et un très bon contraste permettant une lecture confortable même dans une ambiance lumineuse.

Le réglage de volume offre une très grande finesse puisqu'il comporte pas moins de 150 pas de réglage dont l'augmentation ou la diminution est visualisée un bref instant sur une courbe "logarithmique" (correspondant à la variation réelle comme avec un potentiomètre) lors de l'action sur la molette. Dans le même temps s'affiche une valeur numérique comprise entre 00.0 et 75.0 avec un pas d'incrémentation de 0.5.

Sur le côté gauche sont disposées trois petites touches, saut avant et saut arrière et au milieu la touche play-pause, alors que sur le dessus prennent place le bouton de mise en marche à "double effet" (pression longue : mise en marche/arrêt du AK100, pression brève : extinction ou réactivation de l'affichage pour économiser la batterie) , la prise casque, permettant également le branchement d'un cordon stéréo Jack 3,5 mm stéréo vers Cinch stéréo pour branchement à un amplificateur, et une entrée S/PDIF optique, elle aussi au standard Jack 3,5 mm.

Le dessous accueille un connecteur micro USB sur lequel se branchera le bloc secteur pour la recharge ou le cordon pour relier à un ordinateur pour le transfert de fichiers (le AK100 apparaît comme un disque dur aussi bien sur PC que sur Mac), ainsi que deux slots pour carte micro SD de 32 Go, pouvant porter la mémoire totale de l'appareil à 96 Go, et protégés par un petit volet coulissant.

Notons que le AK100 dispose d'une liaison Bluetooth, qui peut être activée ou désactivée selon l'humeur ou le besoin, et que celle-ci permet d'indiquer la réception d'un appel téléphonique depuis la sélection d'appareils Bluetooth reconnus par le AK100.

Le convertisseur numérique analogique utilisé est le modèle Wolfson Microelectronics WM8740, une puce très performante prenant en charge les signaux en Haute Définition jusqu'à 24 bits à 192 kHz et utilisée dans certains appareils Hi-Fi de haut de gamme.

Le AK100 dispose également d'un égaliseur déconnectable que nous avons préféré laissé hors service lors de nos écoutes, celui-ci affectant légèrement la restitution, même en laissant les réglages en position neutre, et dont il appartiendra à chacun d'apprécier ou non l'apport en termes de qualité sonore.

Utilisation et écoute

Commençons par féliciter Astell&Kern pour le manuel d'utilisation en français, clair, simple, efficace et qui mériterait d'être pris en exemple par nombre de distributeurs ou fabricants.

Ceci étant, l'ergonomie du AK100 est si bien pensée et son utilisation si intuitive que le recours au manuel s'est révélé très occasionnel.

Déjà, quand la prise en main d'un appareil se fait sans prise de tête, on se sent tout de suite de bonne humeur pour la suite des événements.

Et au bout de quelques minutes d'écoute, non seulement la bonne humeur était toujours là mais en plus elle commençait à se doubler d'un sentiment de bonheur musical plus qu'intense...

C'est que les premières impressions lors de l'écoute de cette petite boîte à musique moderne faite d'aluminium et de silicium étaient plutôt du genre à caresser avec grand art les neurones dans le sens du synapse !

C'est ainsi que votre serviteur, qui passe plus d'une heure en train Corail pour retourner à son domicile le soir (et autant le matin dans l'autre sens), n'arriva plus à quitter son casque Focal Spirit One Qobuz Edition raccordé au AK100 qui diffusait son sublime message sonore et ne se décida à redescendre sur terre que peu de temps avant de devoir descendre du train...

Passèrent ainsi par les pavillons de ses oreilles Billie Jean de l'album Thriller de Michaël Jackson dans la version Studio Masters en 24 bits à 176 kHz où l'on peut apprécier pleinement la qualité de la prise de son et l'impact de la batterie de ce tube interplanétaire, ou encore le très riche Unfinished Sympathy de la version 24 bits à 96 kHz de Blue Lines (2012 Mix/Master) du groupe Massive Attack restituée avec une plénitude sonore assez bluffante pour une écoute au casque !

Bien sûr, le classique, si cher au testeur de Qobuz, ne fut pas oublié. Dans le genre masse orchestrale et chorale impressionnante, le final de la Symphonie N°8 de Mahler, dite "Symphonie des mille", dans sa version Studio Masters (24 bits à 44 kHz) par Kent Nagano à la tête du Rundfunkchor Berlin et du Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, fut restitué avec maestria tant par la délicatesse du tuti d'orchestre et du choeur entonnant pianissimo les paroles "Alles Vergängliche ist nur ein Gleichnis" débutant ce final que par la sensation de puissance sonore délivrée avec une magnifique aisance lors du fortissimo concluant l'oeuvre de Mahler.

Nous n'avons pas oublié non plus notre album référence test, La Fantasia on British sea song de Henry Wood, dont les divers morceaux bénéficient d'une belle authenticité de restitution et d'un grand respect de leurs nuances et variétés rythmiques.

Ce petit bijou pouvant également fonctionner comme convertisseur numérique analogique à partir de son entrée S/PDIF optique, l'auteur a procédé à son domicile à une écoute du DVD Audio (24 bits à 96 kHz) de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak par Nikolaus Harnoncourt dirigeant le Royal Concertgebouw Orchestra en raccordant le AK100 à son système personnel (préamplificateur à transistors FET et enceintes actives trois voies multi amplifiées à filtrage actif).

Là encore la restitution se montra d'une excellence à faire pleurer, surtout dans le sublime "largo" où les passages les plus faibles semblaient comme suspendus dans les airs et dans le temps avec un sentiment d'authenticité se faisant, même si cela peut sembler contradictoire, jusque dans les extinctions de notes et les silences (constatations que nous faisons généralement avec les DAC ne faisant pas usage de contre réaction dans le filtrage). L'image sonore était également remarquable avec une mise en place des instruments dans l'espace laissant à croire que l'orchestre se trouvait dans la pièce.

Notons pour terminer que la mémoire interne de l'appareil contient le logiciel "iriver plus4", téléchargeable également, à installer sur ordinateur PC (disponible prochainement pour Mac) et capable de gérer plusieurs fichiers multimédia et permettant aussi les mises à jour du micrologiciel (plus souvent appelé "firmware").

Nous vous livrons deux captures d'écran de ce player (sur lequel nous reviendrons probablement prochainement dans un article), en particulier "l'affichage spécial" consistant en une mosaïque animée interactive plein écran des pochettes des albums.

Pour conclure, est-il vraiment utile de rappeler combien nous avons été emballés par cette petite merveille aussi bien par ses qualités sonores que sa facilité d'utilisation à rendre un Apple jaloux. Un appareil d'un certain prix, certes, mais quel bonheur de pouvoir emmener partout avec soi et écouter près de 100 Go de fichiers audio en haute définition (téléchargés sur Qobuz) avec une qualité sonore de très haute volée ! Notre premier mobi-Qobuzissime plus que mérité.

Spécifications

Manuel d'utilisation (en français)

Site Astell&Kern France

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