La Boîte Concept c'est une histoire de famille puisque Marie Cagniard Yeramian, la grand-mère des deux frères à l'initiative de la création de cette marque, Guillaume et Timothée Cagniard, n'est autre que la fondatrice en 1938 (!) de la marque de haut-parleurs Siare, rejointe en 1970 par son fils Thierry (le père de Guillaume et Timothée) qui développa des enceintes acoustiques portant aussi le nom de Siare qui firent le bonheur de toute une génération d'amateurs de Hi-Fi.
La première réalisation de La Boîte Concept fut en 2008 un système tout en un à la silhouette de borne de jeu d’arcade baptisé (tout naturellement) La Première.
Puis ce fut en 2010 le Laptop, la première station de haute-fidélité pour ordinateur portable, à la fois enceinte et bureau qui remporte un succès immédiat. En 2013 la marque, qui est sise au Pays Basque, fait appel à un designer au nom très local, Samuel Accoceberry, et c'est ainsi que la série Cube voit le jour (un petit système tout en un qui était présent sur le stand Qobuz lors du dernier Salon Son et Image).
Le présent banc d'essai sera consacré au modèle tout en un le plus évolué de La Boîte Concept, en l'occurrence le LP160, une très belle réalisation disponible en deux finitions embarquant une électronique et des haut-parleurs de grande qualité, doté du dispositif de diffusion immersive Wide Sound 2.0® déposé par la marque et utilisant deux haut-parleurs supplémentaires montés à l'arrière et diffusant par réflexion.
Présentation
Avec le système tout en un LP160 on est en présence d'un meuble à la présentation raffiné et disponible en deux finitions jouant d'une agréable harmonie de deux tons, un classique chêne massif / noir satiné pour l'une des deux versions et plus moderne pour l'autre arborant une finition laque piano noir brillant / noir satiné.
Le système n'intègre pas de source et dispose d'un emplacement muni d'un couvercle garni de cuir noir où pourra prendre place l'élément de son choix, une platine vinyle (l'électronique dispose d'une entrée phono), le constructeur proposant un modèle esthétiquement en harmonie avec le LP160, La Platine LS, développé conjointement avec Elipson et dérivé de son modèle Omega, mais des platines d'autres marques peuvent convenir, ou encore un lecteur réseau (comme le ST200se d'Atoll).
Aux deux extrémités de la façade du meuble prennent place de façon symétrique les haut-parleurs de médium et d'aigu. Ils sont montés en retrait sur une structure métallique et garni par une pièce en bois (chêne) dont les découpes sont arrondies afin de former une amorce de pavillon améliorant la dispersion sonore tout en affinant l’esthétique.
On notera aussi un certain nombre de détails qui sont le témoignage d'un travail bien fait et d'une recherche de la praticité, comme les caches permettant de masquer les câbles au fond de la niche centrale ou dans le pied arrière gauche, ou encore les deux prises de courant se trouvant dans cette même niche pour alimenter le ou les éléments qui y prendront place.
Réalisation
Saluons l'équipe de La Boîte Concept qui nous a fourni un dossier plus que complet sur les diverses réalisations ainsi que de très nombreux visuels tant in situ que techniques en très haute définition parfaitement exploitables et que nous avons donc utilisés dans ce banc d'essai (en réduisant un peu leur taille !).
Nous n'avons donc pas pu résister à l’intégration de cette vue en 3D du système tout en un LP160 permettant de découvrir sa structure et évitant un long et fastidieux descriptif.
Ci-dessous et en gros plan, les quatre haut-parleurs utilisés, des modèles très sérieux conçus par le constructeur, hormis le tweeter provenant d'un constructeur nord-européen.
Le haut-parleur de grave est un modèle de 16 cm de diamètre dont la membrane utilise un mélange de fibre de cellulose et de fibre de verre. Son châssis en aluminium permet une longue excursion de la bobine et utilise une double chambre de charge.
La membrane du haut-parleur de médium de 10 cm de diamètre est elle aussi constituée d'un mélange de fibre de cellulose et de fibre de verre et comporte en son centre une ogive améliorant la dispersion des fréquences les plus aiguës qu'elle est chargée de reproduire. Le châssis en aluminium de ce haut-parleur autorise également une longue excursion de la bobine.
Pour le tweeter, celui-ci est défini par le constructeur comme suit tweeter à ruban doubles cellules montant dans les extrêmes aigus jusqu’à 35 kHz. Ce tweeter est en fait de type isodynamique, que l'on reconnaît à la couleur typique jaune de sa membrane de très faible masse sur laquelle est imprimée la bobine. Celle-ci offre une surface d'émission plus grande qu'un tweeter classique et baigne dans un puissant champ magnétique, la combinaison de ces deux facteurs lui procurant une grande accélération, donc de la vivacité.
Et enfin, le haut-parleur arrière Wide sound 2.0 est un modèle large bande à membrane en fibre de cellulose de 7 cm de diamètre et est orienté à 45° pour diffuser par réflexion selon le brevet Wide Sound 2.0® de La Boite Concept.
Ci-dessous, l'électronique, développée en collaboration avec Atoll, dont les différentes cartes ont été rassemblées, mais dont l'agencement est autre au sein du système LP160 et dont nous reviendrons sur chacune d'elles (excepté le clavier !). On peut aussi y voir le transformateur toroïdal de 170VA réalisé sur mesure pour La Boîte Concept.
L'amplificateur délivrant une puissance de 2 x 80 Watts RMS sous 6,2 ohms ne renie pas ses origines Atoll puisqu'on peut y découvrir un étage de puissance utilisant un push-pull de transistors Mosfet d'origine International Rectifier (une référence dans le domaine), un IRFP150 pour le transistor de type N amplifiant la demi onde positive et un IRFP9140 pour le transistor de type P amplifiant la demi onde négative (des modèles très costauds dont chacun supporte un courant de 29 A, et une puissance de 230W pour le premier, 180 W pour le second). A noter que cet amplificateur fait usage d'un très faible taux de contre-réaction (
Ces transistors sont refroidis par des dissipateurs d'une taille qui peut sembler modeste, et nous croyons nous souvenir pour expliquer ce fait qu'Atoll utilise un dispositif de surveillance du courant confié au micro contrôleur (un modèle Microchip visible à droite au premier plan et qui gère aussi le clavier et les LED) prévenant tout échauffement anormal de ces transistors.
Les condensateurs de filtrage des alimentations sont des modèles Jamicon de 6800 µF/63V, ce qui est une valeur très correcte par rapport à la puissance délivrée. On peut aussi remarquer les deux condensateurs MKP au polypropylène assurant la liaison avec la carte où se trouve les entrées. Sur cette carte on trouve les trois entrées numériques S/PDIF, deux optiques et une coaxiales, prises en charge et commutées par un circuit récepteur Wolfson WM8805 (24 bits à 192 kHz), ainsi que deux entrées auxiliaires et une entrée phono pour cellule à aimant mobile (MM : Moving Magnet).
La sérigraphie permet de voir que l'entrée phono, selon une habitude chère à Atoll, n'utilise pas d'amplificateur opérationnel comme c'est le plus souvent le cas, mais des composants discrets (à montage en surface ici). On peut voir les références de ces transistors, BC846 et BC856, c'est-à-dire les équivalents des transistors classiques traversants BC546 et BC556 fort prisés par Atoll.
Ces transistors sont visibles sur la vue ci-dessous, ainsi que le récepteur S/PDIF WM8805, et aussi la puce de conversion numérique analogique, un PCM5102 de Burr-Brown (32 bits à 384 kHz), dont les sorties sont exemptes de tout filtrage additionnel, comme le préconise désormais le fabricant, ce qui ne peut, ici encore, qu'être bon pour la musicalité.
Ecoute
Le système tout en un LP160 ne s'utilise pas et ne s'écoute pas comme une chaîne Hi-Fi traditionnelle, même si globalement son fonctionnement électro acoustique se résume aussi à un amplificateur stéréo pilotant deux enceintes et cela demande une petite adaptation tant nous sommes habitués aux écoutes classiques assis face à deux enceintes que l'on fait converger vers la place d'écoute privilégiée.
Ce système possédant par son principe même une largeur et une hauteur limitées et figées, les résultats en termes d'image sonore ne peuvent pas non plus être comparés à ceux d'une installation traditionnelle.
En mettant à contribution deux haut-parleurs large bande supplémentaires fonctionnant par réflexion, afin justement de procurer un espace sonore plus vaste, les sons réfléchis venant se combiner avec les sons directs, le système LP160 élude en quelque sorte ce handicap par rapport à un système traditionnel et s'écoute sans les contraintes habituellement liées à la manière d'écouter imposée par le positionnement des enceintes.
C'est ainsi qu'en se tenant tout simplement debout sans être forcément à proximité du LP160, on profite d'une restitution sonore emplissant plutôt bien l'espace mais qui nous a paru un peu marquée dans le haut du spectre du fait de l'apport des haut-parleurs arrière, mais riche en couleurs et empreinte d'une vivacité qui permet de bien profiter de la musique qu'on écoute.
On s'est ainsi fait plaisir avec quelques titres de l'album The Platinum Collection de Queen, dont les célèbres Bohemian Rhapsody et Radio Ga Ga dans une restitution avec des voix précises, bien détourées, présentes avec parfois une pointe d'insistance, restitution par ailleurs surprenante par les effets stéréo bien marqués malgré le faible éloignement des enceintes gauche et droite.
Nous avons aussi ressenti, comme cela arrive généralement avec les systèmes utilisant peu ou pas de contre réaction, une authenticité lors des phases d’extinction sonore dans un morceau, la musique ou les paroles s'arrêtant de manière très nette, comme dans la réalité, sans la moindre sensation d'évanouissement, ne serait-ce qu'une fraction de seconde.
A l'écoute de nombreux extraits de l'album Carmina Burana de Carl Orff par le London Philharmonic Chor et le London Philharmonic Orchestra, sous la direction de Hans Graf, nous avons pu constater la vivacité de ce système, en particulier dans l'aigu grâce aux tweeters performants ainsi qu'une bonne couverture du spectre sonore, les haut-parleurs de grave se montrant capables de suivre aussi bien les contrebasses que les timbales ou la grosse caisse.
Pour conclure, le système tout en un LP160 de La Boîte Concept est une fort belle réalisation, pensé intelligemment et réalisé avec grand soin, tant des points de vue ébénisterie qu'électronique et électro acoustique et offrant une restitution sonore rompant avec les habitudes mais de qualité. Un système à vivre ouvert et moderne.
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