Cerrone fait partie de ces rares français qui peuvent se targuer d’avoir réellement fait une carrière internationale. Avec son alter-égo italien Giorgio Moroder, il est à l’origine de la vague "Euro-Disco" qui s’est abattue sur la planète en 1977. Contre toute attente, une maison de disque vient de rééditer ses 3 premiers LP en audio HD/ 24 bits. Redécouverte ou curiosité touristique ?

De l?autoproduction au succès international, il n?a fallut que deux années à Jean-Marc Cerrone pour ravager les pistes de danse dans les années 70 et 80, et ce, au gré de morceaux aussi mémorables que Supernature, Give me love ou encore le génialissime Love in C Minor, un anthem pandémique dépassant les 17 minutes.

Une maison de disques a eu l?excellente idée de retravailler les bandes Master afin de proposer les 3 premiers albums de Cerrone en audio HD/24 bits-96 kHz.

Pour être francs, nous étions dubitatifs, et ce, en raison notamment de la qualité audio intrinsèque des Cerrone 1 et 2, qui ne furent pas captés dans les meilleures conditions.

Love in C minor (Cerrone « 1 ») a toujours fait montre d?un son qui « bourre », qui permettait justement aux discothèques de l?époque d'offrir à ses danseurs un boum-boum exalté qui poussait bien.

Cerrone?s paradise (Cerrone « 2 ») est un peu plus finaud en soi, quant à Supernature (Cerrone « 3 »), on sent que Cerrone a eu les moyens de ses ambitions et s?est à la fois payé des synthés, une prise de son de belle facture et un mastering général qui sonne bien.

A notre connaissance, Cerrone, au travers de sa maison de disques baptisée Malligator, est propriétaire de sa musique, et n?a pas fait que des heureux lorsqu?il l?a mise à disposition de ses fans en version numérique. En effet, certains de ses albums apparurent pour la première fois en CD avec un mastering réalisé à partir?des vinyles ! Puis vinrent des rééditions réalisées à partir de bandes, mais bénéficiant d?un mastering d?une platitude déprimante. Cris, pleurs et désespoir des fans, dont l?homme qui écrit ces mots fait partie?

Il aura fallut l?édition de compilations italiennes ou allemandes pour s?approcher peu ou prou de la qualité espérée, suivies par des rééditions de certains albums bénéficiant d?une qualité audio convenable. Bref, tout cela pour vous dire que concernant Cerrone, et sa myriade d?albums, rien n?est gagné, loin de là.

De ce fait, vous saisissez à la fois l?excitation et la méfiance relatives à la réédition en Audio HD/24 bits des 3 premiers albums de Cerrone. Simple regonflage audio ou véritable travail ? Telle est la question.

1, 2 et 3 ?

Nous avons pris le temps d?écouter avec la plus grande attention les 3 premiers albums de Cerrone en « Studio Master », et comme nous nous y attendions, les 1 et 2 restent des ?uvres qui n?explosent pas de milles couleurs en audio HD (ou en qualité CD). On a affaire à une sonorité assez sèche, quoique précise, accompagnée, et c?est une bonne nouvelle, d?une texture audio de « bande analogique » des années 70. Ce qui prouve que le job n'est pas si mal fait sur ces 2 LP. Mais nous n?écrirons pas que vous allez redécouvrir pleinement ces deux albums grâce à remastering. Le cas de Supernature (Cerrone 3) est différent.

Cerrone - Supernature (Official Music Video)

Cerrone Official

Cerrone 3 en audio HD/24 bits : pas un "grand" Studio Master, mais au plus près de la vérité musicalo-technique !

L?écoute de cet album culte ? que nous connaissons en vinyle ainsi que dans ses éditions CD remasterisées ? nous permet d?écrire qu?il se passe quelque chose côté dynamique et texture audio. La première partie de Supernature est un opéra Euro-Disco à multiples facettes dont la rythmique appuyée est saupoudrée de synthés et de vocaux. La sonorité y est assez percutante, plus finaude dans l?aigu que nous l?espérions. La Stéréo est belle, et la dynamique est correcte.

Cette dynamique prend ses aises sur le cultissime morceau de batterie Sweet drums où les hurlements des synthés et la stéréo des fûts de la batterie prennent une belle dimension. Idem sur In the smoke, final très « Chill out » de Supernature en 3 actes.

Autre clou du spectacle : l?intro de l?inénarrable Give me love avec ses percussions et son départ batterie qui frappe fort, précis et direct. Là, nous sommes positivement conquis.

De plus, si le vinyle ne parvenait pas extraire un « son correct » du génial Love is the answer (trop d?aigu), ce master semble faire le tri de façon beaucoup plus efficace et agréable aux tympans, et ce n?est pas du luxe dans le cas présent.

Bref, nous ne sommes pas en immersion au c?ur d'un "grand" Studio Master 24 bits, mais Supernature n'a jamais sonné avec tant de vérité, et ça fait du bien de l'entendre ainsi, près de 40 ans après sa sortie mondiale.

Nous attendons donc de pied ferme les Cerrone IV, V, VI et VII !

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PP Garcia pour Qobuz

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