C'est qu'on en a vu passer des DAC chez Qobuz, de toutes les formes et de toutes les tailles, des simples et des moins simples, et des compliqués, pour parler simplement, ou pour être plus précis, des DAC offrant des possibilités étendues et nécessitant pour ce une électronique en rapport.
Pioneer, avec le U-05, son premier modèle de convertisseur numérique analogique autonome USB (et S/PDIF), a choisi cette dernière catégorie et propose un appareil dont la façade, assez copieusement garnie de prises et de boutons, laisse à penser qu'il n'est pas vraiment du style "plug and play".
Ca se complique encore un peu quand on prend la télécommande en main car celle-ci donne accès à quelques possibilités supplémentaires non répertoriées sur la façade du DAC U-05.
Pour éclaircir un peu la situation, disons que le U-05 peut se livrer à quelques petites manipulations sur le signal numérique entrant, comme, par exemple le traitement "Hi-Bit 32" propre à Pioneer et dont l'algorithme recalcule les données, qu'elles soient sur 16 ou 24 bits, sur 32 bits, ou encore le choix du sur-échantillonnage (aucun, faible ou élevé) au niveau de la puce de conversion.
De plus, comme la tendance dans le monde des amplificateurs pour casque est l'alimentation de ceux-ci par des signaux symétriques (montage en pont de chaque transducteur entre deux amplificateurs travaillant en opposition de phase), le U-05 dispose, en plus d'une sortie standard Jack 6,35 mm, de prises Neutrik distribuant les signaux en mode ponté.
Au niveau des fichiers audio numérique pris en charge, c'est la totale puisque le Pioneer U-05 digère les fichiers PCM jusqu'à 24 bits à 384 kHz et qu'il s'accommode également des fichiers DSD à 2,8 MHz et à 5,6 MHz.
Après cette mise en bouche, passons à la dégustation avec tous les détails sur la bête.
Présentation
Très bel appareil, le DAC Pioneer U-05 est entièrement habillé d'aluminium et sa façade avec sa face supérieure forment un unique bloc que ferment deux panneaux latéraux s?affinant à l'approche des arrêtes verticales de la façade. Aucune vis disgracieuse ne vient ainsi altérer la pureté des lignes.
La façade assez fortement garnie de commande fait plus penser à celle d'un pré amplificateur qu'à celle d'un DAC. Pioneer y fait côtoyer diverses époques techniques en panachant des commandes gérées par micro contrôleur, comme l'encodeur optique de sélection de source et le bouton de mise en marche, et deux commutateurs mécaniques classiques, agissant cependant sur des relais, donc non télécommandables, et ceci dans un but sécuritaire.
En effet, sont commandés par ces commutateurs mécaniques, d'une part le gain de l'amplificateur pour le casque et la sélection de la sortie (l'une des quatre sorties casque ou la sortie ligne).
On comprend donc qu'il serait malencontreux que ces sélections soient changées par mégarde et que le verrouillage franc d'un commutateur mécanique évitera de s'envoyer une pluie de décibels dans les oreilles en activant par erreur le gain élevé ou de réveiller toute la maisonnée en pleine nuit en basculant d'une sortie casque vers la sortie ligne !
Immédiatement sous l'afficheur central prennent place quatre LED indiquant "Direct" (le signal numérique entrant est conservé sous sa forme native), "Hi-Bit 32" (tous les signaux numériques entrant sont re-quantifiés sur 32 bits), "Up-sampling" (les signaux sont sur-échantillonnés selon le tableau présenté ci-dessous), et enfin la mise en service du "Lock range adjust" (réglage pour affiner au plus juste le verrouillage sur la fréquence d'échantillonnage du signal audio numérique, probablement en réduisant la largeur d'action des boucles à verrouillage de phase, ou PPL, Phase Locked Loop en anglais).
La partie inférieure de la façade située sous l'afficheur accueille quatre prises destinées à brancher trois différents types de casque.
La plus à droite est une classique prise Jack 6,35 mm qui sera utilisée par une majorité d'amateurs, tandis que les deux prises situées immédiatement à sa gauche sont des prises Neutrik à trois contacts permettant de brancher chaque écouteur d'un casque en mode ponté via son propre cordon, la prise la plus à gauche étant une prise Neutrik à quatre contacts où seront branché un casque avec un cordon véhiculant les deux canaux en mode ponté.
Le gros bouton de volume motorisé agit sur la sortie casque et, moyennant le basculement d'un switch en face arrière, sur les sorties ligne, et il est secondé, sur sortie casque uniquement, par un second potentiomètre marqué "Fine adjust" permettant de régler le niveau sonore sur ses tympans au quart de décibel près. Le grand luxe, quoi !
Connectique
Dotation assez riche pour la connectique du DAC U-05 avec six entrées numériques, une USB B pour relier à un ordinateur, deux S/PDIF coaxiales et deux optiques et une entrée au standard professionnel symétrique AES/EBU sur connecteur XLR.
Les sorties audio sont disponibles en mode asymétrique sur prises Cinch ou en mode symétrique sur prises XLR, le signal direct et le signal en opposition de phase pouvant être inter-changés pour s'adapter au câblage de l'amplificateur auquel sera raccordé ce DAC.
De même, un petit interrupteur à glissière permet de choisir un niveau fixe ou un niveau variable (fonction pré ampli) pour ces sorties.
Fabrication
L'intérieur du Pioneer U-05 est assez impressionnant et rompt avec la plupart des DAC qui nous passent entre les mains et Pioneer annonce la couleur !
Pas de bloc secteur pour l'alimentation ici, mais un gros transformateur capoté qui doit faire son pesant de volt-ampères (puissance).
Pleine à craquer, la carte principale reçoit plusieurs autres cartes montées perpendiculairement via des connecteurs multipoints, ainsi que la carte regroupant les entrées S/PDIF et l'entrée AES/EBU.
C'est un émetteur récepteur (transceiver) Asahi Kasei AK4118 (24 bits à 192 kHz) qui set à la réception et la commutation des signaux S/PDIF et AES/EBU. On peut d'ailleurs voir le transformateur d'adaptation d'impédance et d'isolement de l'entrée AES/EBU, associé à un émetteur récepteur différentiel Texas Instruments SN65HVD78, alors que les entrées S/PDIF coaxiales n'utilisent pas de transformateurs.
Alimentation
Sur la vue ci-dessous on peut apercevoir le sérieux pont de diodes de redressement ainsi que les deux gros condensateurs de 4700 ?F/35V servant au filtrage des alimentations.
Juste à gauche de ces condensateurs se trouve le micro contrôleur de gestion, un R5F100MLA fabriqué par Renasas.
On trouve également, montés sur des refroidisseurs, deux régulateurs intégrés NJM7809 et NJM7909, délivrant respectivement du +9V et -9V pour l'alimentation des amplificateurs opérationnels, ainsi que des transistors 2SC4883 et 2SA1859 servant à l'alimentation symétrique de la partie amplification casque qui peut être "grosse" consommatrice de courant (visuel ci-dessous) sachant qu'elle peut fonctionner en mode ponté.
Les amplificateurs pour casque, au nombre de quatre (mode ponté oblige) utilisent des amplificateurs opérationnels Burr-Brown OPA2134, appréciés en audio et fréquemment utilisés pour cet usage, et des montages push-pull de transistors complémentaires 2SC3076 et 2SA1241, chacun de ceux-ci supportant un courant maximum de 2A et une puissance de 1W.
Le réglage de volume est confié à un circuit intégré NJW1195 de JRC (New Japan Radio Company), à droite sur la photo, suivi d'un amplificateur opérationnel OPA2134 monté en étage tampon (buffer).
Carte USB
L'interface USB, occupant une carte piquée sur le circuit principale, est assurée par un processeur C-Media CM6632A supportant les signaux jusqu'à 192 kHz sur 32 bits et les signaux DSD.
C'est un processeur Texas Instruments D808K013 qui va recalculer sur 32 bits les signaux numériques entrants selon le processus AL-32, tandis que le sur-échantillonnage sera effectué, ou non, par les convertisseurs numérique analogique.
Conversion numérique analogique et filtrage
Pioneer utilise une puce de conversion ES9016 Sabre Ultra DAC par canal sur le DAC U-05. Chacune de ces puces, qui travaille sur 32 bits, contient huit convertisseurs numérique analogique qui sont utilisés en parallèle sur le U-05 afin de diminuer le bruit de fond d'un facteur ?8 (principe de la sommation géométrique des bruits des composants en parallèle, soit environ 2,8).
Le filtrage des signaux analogiques en sortie des convertisseurs est assuré par des filtres actifs construits autour d'amplificateurs opérationnels OPA2134, ce même type de composant étant également utilisé pour la symétrisation des signaux.
Le potentiomètre motorisé d'origine Alps prend place directement en façade, à côté du circuit regroupant l'afficheur et les commandes.
Ecoute
Nos gènes nous incitant à une restitution sonore où l?électronique intervient le moins possible sur le signal original, nous avons donc commencé nos écoutes en activant le mode direct.
Commençons avec Le Mariage de Figaro dans la belle interprétation de Pier Giorgio Morandi conduisant le Hungarian State Opera Orchestra.
La restitution sonore délivrée par le Pioneer U-05 respire bien, l'orchestre et les voix des solistes sont reproduits avec finesse et les divers plans sonores sont bien distincts et on apprécie la beauté et l'équilibre de la restitution.
Quand on active le mode Hi-Bit32, la restitution est plus lumineuse, mais les voix féminines perdent un peu de leur naturel et prennent, particulièrement lorsque l'on choisit de sur-échantillonner au maximum, un aspect un peu éthéré qui n'est cependant pas déplaisant.
L'effet peut également être intéressant, par exemple avec la 4ème Symphonie de Beethoven dans la version de Jos van Immerseel et de son ensemble Anima Eterna Bruges jouant sur instruments anciens.
On pourra ainsi préférer l'éclaircissement apporté aux couleurs de l'orchestre par le procédé Hi-Bit32, associé éventuellement à un sur-échantillonnage faible ou élevé selon ses goûts, à la version en mode direct au chatoiement moindre.
Avec Moules fites de l'album Racine Carrée de Stromae, en mode direct on savoure une reproduction de grande tenue, ample, pleine, avec un chanteur à la présence envoutante soutenue par des graves puissants et fermes. Le traitement Hi-Bit32 tire là encore un peu la restitution vers plus de luminosité et nous donne un Stromae dont la voix n'a pas toute la densité qu'on lui connaît, une version "light" si l'on veut.
A l'écoute du Souvenir de Florence de Tchaikovky en version 24 bits à 352,8 kHz (fichier DXD de test téléchargé sur 2L.no), en mode direct, la finesse de la restitution des cordes comme les attaques sont exceptionnelles, et il ne sert à rien d'activer le mode Hi-Bit32 et le sur-échantillonnage puisque ceux-ci n'agissent pas sur les fichiers DXD.
Pour conclure, en choisissant de concevoir un DAC aux possibilités beaucoup plus nombreuses que la moyenne, Pioneer permet aux amateurs d'avoir à disposition un appareil qui leur permettra de modeler, dans une certain mesure, le son à leur goût, et aussi de garder les fichiers dans leur forme native, et dont les résultats sonores sont de très bon niveau. Un convertisseur dont les possibilités sortent des sentiers battus à écouter si vous chercher un appareil dans cette gamme de prix, d'autant que la partie casque offre une connectique très tendance.
Mode d'emploi (en francais)
Quick Start Guide (multi language)
Support (téléchargement et autres)
Support (Download Manuals & others)
Capacités de lecture
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