Jeunesse sonique éternelle

« Des chansons de lumière pour un monde en feu » : ainsi parlait Thurston Moore à propos de son album By The Fire sorti vendredi dernier. La phrase pourrait paraître un brin prétentieuse. Sauf qu’à la fin de l’écoute de ce disque, complètement sonné, on se dit qu’il était bien en-dessous de la vérité. « Des chansons qui vont sauver le monde, ou au moins la foi dans le rock », aurait-il pu déclarer.

On est en terrain connu : Thurston Moore est l’ancien guitariste-chanteur de Sonic Youth et By The Fire, son septième album, est celui qui s’approche le plus du dissonant génie de son ancien groupe. Et parfois le dépasse. Cet album est long, presque 90 minutes pour seulement neuf morceaux. Pourtant, il semble passer comme un éclair, ou un orage de fin du monde.

Alchimiste doublé d’un encyclopédiste de la musique, Thurston Moore connaît les secrets de la musique de transe, qui mène à une altération de la perception de l’espace-temps. Toutes ses connaissances se téléscopent dans ce disque : les guitares noise qui tournoient, le post-punk qui tabassent, les mélodies pop qui apaisent, le free-jazz qui rend fou. Et aussi l’inconnu, plus chérissable que tout le reste.

Ecoutée à fort volume – plus fort, encore plus fort –, la musique de By The Fire est fascinante, fourmille de détails et de perspectives et prend la forme de monuments sonores qui semblent construits par une intelligence extraterrestre à la fois primitive et supérieure. Elle transforme l’anxiété et la douleur (car oui, cette musique peut faire mal aux oreilles) en plaisir et en énergie. A 60 ans dépassés, Thurston Moore joue comme s’il en avait 20 et était en train d’ouvrir une nouvelle voie pour le rock. Jeunesse sonique éternelle.

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