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Isaac Albéniz

Heureusement, si l'on ose dire, Isaac Albéniz commença très tôt la carrière de musicien car il ne mourut pas bien vieux, une semaine avant son quarante-neuvième anniversaire. On lui attribue son premier concert au piano à l'âge de quatre ans (bien qu'il ne soit pas issu de parents musiciens), on connaît la tentative d'entrée au Conservatoire de Paris où il arrive à l'âge sept ans, accompagné de sa mère (trop inattentif, il est renvoyé), et sa carrière de soliste itinérant qui ne dut pas attendre au-delà de sa neuvième année. Dès l'âge de douze ans, il parcourut une bonne partie de la planète dans les bagages de son père, inspecteur des Douanes, se produisant à Buenos Aires, New York, San Francisco ou Londres.



Enfin, à seize ans, Albéniz entre au Conservatoire de Bruxelles grâce à une bourse du roi d'Espagne - il était temps qu'il entreprît quelques études académiques ! Il essaye de poursuivre avec Liszt à Budapest, tout ça pour apprendre en y arrivant que le vieux maître était à Weimar... navrant acte manqué. Pendant ce temps, Albéniz compose des pièces pour piano, mais le style hispanisant n'entre pas encore dans son langage. Pour l'instant, ce sont des pièces « de salon » dans la lignée de Liszt ou Chopin. Ce n'est qu'en 1883 qu'il rencontre le pédagogue et musicien Felipe Pedrell qui lui ouvre les portes de la richissime musique folklorique, traditionnelle et populaire espagnoles - curieusement, maint compositeur français s'en était déjà saisi auparavant, à commencer par Bizet et Lalo, suivis par Debussy et Ravel avec le bonheur que l'on sait. Or, un musicien espagnol d'alors « qui se respecte » écrivait de la musique germanique, française, russe pourquoi pas, mais fi donc de la musique espagnole des gargotes et le flamenco des camps de gitans. Albéniz le premier comprit le parti qu'il pouvait tirer de cette malle aux trésors, et dès lors, bon nombre de ses oeuvres exploreront ce langage.



À partir de 1890, Albéniz était un compositeur et un pianiste respecté à travers l'Europe - élisant domicile en alternance entre Paris et Londres où il pouvait côtoyer toute ce que la planète comptait alors de grands musiciens, peintres et écrivains. La majeure partie de ses oeuvres célèbres sont d'ailleurs dédiées au piano, à commencer par la Suite espagnole dont est tirée la fameuse Asturias (que le grand public connaît d'ailleurs surtout dans son excellente transcription pour guitare), pour finir avec l'extraordinaire Iberia de 1905-1909, quatre cahiers de trois chefs-d'oeuvre chacun, qui inspirèrent Debussy autant que Messiaen et toute une génération de musiciens hispanophiles par la suite. Il est à noter pourtant qu'Albéniz ne reprend jamais directement des thèmes populaires, préférant développer son propre folklore imaginaire, comme le fera Bartók quelques décennies plus tard.



Ce que l'on connaît moins, c'est l'oeuvre lyrique d'Albéniz, lui qui a pourtant écrit plusieurs zarzuelas et trois opéras ! Deux zarzuelas Catalanes de Gracia et The Magic Opal (créé en anglais, d'où le titre anglais) sont plus ou moins perdues hormis quelques extraits, et trois opéras existent encore, quand bien même on ne les joue jamais : Henry Clifford, Pepita Jiménez et surtout Merlin, le premier d'une trilogie arthurienne qui aurait dû se poursuivre avec Lancelot (seuls subsistent des fragments et un acte terminé) et enfin Genevre, pas même esquissé. Seul Pepita Jiménez contient des éléments arabo-andalous, ainsi qu'on peut s'en douter d'après le titre, tandis que les autres empruntent bien plus à un Wagner light, un Chabrier, un d'Indy naturellement, un Debussy même, sans accent ibérique aucun. Henry Clifford prend parfois quelques tournures pseudo-moyen-âge tardif puisque l'action est sensée se dérouler lors de la Guerre des Deux-Roses à la fin du XVe siècle. Ces pages mériteraient largement les scènes internationales, tout autant - voire plus - que les incessants opéras de bel canto italien que l'on exhume à tour de bras : Albéniz en a bien plus à nous offrir.



Né en Espagne à Camprodon dans la province de Gérone le 29 mai 1860, le compositeur s'est éteint à Cambo-les-Bains au Pays Basque le 18 mai 1909 ; parmi ses arrière-petits-enfants, on compte un ancien maire de Madrid et une ancienne Première dame française qui ne le fut que quelques jours.



© Qobuz 01/2013

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