Unity

Chronique

Porté par un élan biblique, le 14e album solo de Nina Hagen (après une pause de douze ans) célèbre l’amour, la solidarité et la charité chrétienne… à sa manière ! A 67 ans, la légende punk allemande n’a pas l’intention de s’assagir et se sert de sa folie créatrice (à commencer par sa célèbre voix à cinq octaves) comme d’une prière pour que l’humanité retrouve son unité. Produit par son fidèle arrangeur et guitariste Warner Poland, Unity passe en revue tous les maux de notre époque, à commencer par la violence policière envers les Noirs dans la chanson qui donne son titre à l’album : avec une voix venue d’outre-tombe, Nina Hagen va même jusqu’à citer le fameux « Freedom is never really won, you earn it and win it – in every generation! » de Coretta Scott King. Elle prône également le désarmement dans Atomwaffensperrvertrag, critique les dérives du capitalisme dans Geld, Geld, Geld, et accouche d’un hymne féministe avec United Women of the World. Bref, la Nina Hagen de 2022 est plus engagée que jamais.  

L’album comprend également quelques reprises du même acabit politique, comme Redemption Day, un titre dylanesque chanté à l’origine par Sheryl Crow puis Johnny Cash qui dénonce l’attentisme américain au début du conflit bosniaque en 1996. Quant à 16 Tons, c’est un classique country-folk américain de 1947 qui évoque la violence de la vie quotidienne des mineurs du Kentucky. En modernisant drastiquement ces chants de révolte, Nina Hagen veut prouver leur actualité encore brûlante. Et en alliant combats militants et audace musicale avec une telle puissance, elle prouve également qu’elle ne démérite pas son titre de diva de la scène punk. © Nicolas Magenham/Qobuz